Les médias n'ont guère insisté, ils n'ont même pratiquement pas repris l'information diffusée seulement par le "Quotidien du Médecin" confirmant que l'Avantage Sociale Vieillesse, qui représente 45 % des retraites versées aux médecins français sera en faillite en mars 1992. Les chiffres sont pourtant accablants : un trou de 620 millions de Francs sur un montant annuel de 690 millions dans les caisses de la CARMF, Caisse Autonome des Retraites des Médecins Français
Cette faillite est pourtant bien significative : ne s'agit-il pas d'une des professions considérées comme les plus prospères par les technocrates, qui oublient volontiers la durée des études nécessaires à un médecin pour s'établir à son compte, les difficultés que rencontrent de plus en plus de jeunes médecins, etc. pour ne retenir que des chiffres approximatifs d'honoraires. Lancer de telles réalités dans le public jette évidemment le trouble quant à l'image que l'on cherche à construire des revenus professionnels.
Reste un autre argument dont tous ceux qui suivent l'action des partisans de la Liberté sociale mesureront l'importance. Souvent, en effet, sommes nous désignés du doigt, en tant que bénéficiaires d'un Régime particulier, ce qui est synonyme de privilège dans l'esprit des rédacteurs du Livre Blanc présenté par M. Rocard par exemple. En tant que régime particulier nous serions condamnés en vertu de notre démographie professionnelle.
Mais précisément s'il est une profession dont la démographie devrait actuellement être favorable, puisque l'on dit qu'il y a à la fois de plus en plus, et trop de médecins, c'est bien celle-là !
Il faut donc bien qu'il existe une autre cause à l'échec, à la faillite, ou à la pauvreté des caisses : et l'on est obligé de considérer qu'il s'agit tout simplement de la nullité des dirigeants de "nos" caisses, plus précisément des caisses que trop de nos confrères subissent encore, des caisses que les partisans de la Liberté sociale combattent sans répit.
Le fait cependant est bel et bien là. Ceux des membres des professions de santé qui hésiteraient encore devant les revendications des partisans de la Liberté sociale ne peuvent plus se laisser abuser par le ronron conservateur de ceux pour qui notre système de protection sociale serait excellent et qu'il faudrait en conserver à tout prix le mode de fonctionnement. La manifestation qu'ont organisée pour le 17 novembre, en liaison avec l'Union nationale des professions de santé, les membres du collectif Action Santé devrait, à cet égard représenter un tournant comme sera un tournant la manifestation de la FNSEA de Dimanche prochain à Paris. Ou bien les médecins, les pharmaciens, les chirurgiens dentistes, etc., de même que les professions agricoles et les organisations qui se veulent représentatives du monde rural se tournent vers le Rassemblement interprofessionne que nous préconisons, ou bien ils laboureront la mer encore pendant des mois.
La question de la retraite est actuellement une urgence que l'on cherche à esquiver alors qu'elle représente la plus grande part des dépenses sociales, et le plus fort déficit de la Sécurité sociale actuelle dans son ensemble. Il urgent de poser le problème et de chercher à le résoudre. Les défenseurs des Libertés sociales s'y efforcent avec votre appui.
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