Le projet dune abrogation par la France de sa Loi pétrolière de 1928, est une nouvelle assez extraordinaire pour quévidemment la grande presse se garde bien den parler.
Cette loi fut en effet à lorigine de la constitution dun formidable pouvoir peu connu du public et au cur duquel sexerça cet homme Protée nommé Pierre Guillaumat, qui occupa sans doute la plus extraordinaire collection de fonctions très importantes dans lÉtat français, depuis la Direction des Carburants, jusquà la restructuration des services spéciaux Français, au lendemain de la Libération et sur le modèle (approximatif ) de lIntelligence Service britannique, en passant par les Pétroles dAquitaine doù il créera Elf-Erap.
Pierre Guillaumat fut également ministre des Armées pendant le virage de 1960 et "patron" de lÉcole Polytechnique dont son père, avant lui, le Général Guillaumat, avait été le gouverneur.
Nous serions bien incapables, pauvres travailleurs indépendants, cochons de payants que nous sommes de discerner si cet homme avait agi pour le bien, ou pour le malheur de la France.
Nous mesurons seulement, avec objectivité, le pouvoir attaché à cette Direction des Carburants, pouvoir juridiquement articulé sur la Loi de 1928.
Nous allions oublier un détail : cest le même Pierre Guillaumat auquel, en toute objectivité, le gouvernement de M. Raymond Barre avait demandé un Rapport sur les Transports Terrestres, chargé darbitrer entre le Rail et la Route. (Et en faveur de qui ce rapport, très objectif, avait-il conclu ? Voyons mais cest bien sûr )
Est-ce sans importance ? Est-ce sans relation avec la crise routière, et la révolte de camionneurs au mois de juillet dernier et les problèmes de tous les professionnels de la Route contraints de circuler sur des voies de plus en plus encombrées, de plus en plus dangereuses ?
Il est vrai que loption fondamentale en défaveur du Rail avait été prise par les Ve et VIe Plan, eux aussi très objectifs : la Commission de lÉnergie avait été présidée par le patron de la Société " Française " des Pétroles BP (1). Aujourdhui, il est vrai, on narrête pas le Progrès cest le Patronat français tout entier, du fait de la présidence actuelle du CNPF, qui est représenté par un porte parole, pour ne pas dire un porte serviette des Compagnies Multinationales (2)
Bref labrogation heureuse de la Loi pétrolière de 1928 est un énorme pavé de libération dans la mare de létatisme et des monopoles. Or, remarquons-le, il existe une (très relative) concurrence entre les titulaires du " Monopole délégué " que sont les grandes compagnies de raffinage et de distribution du carburant. Leur entente de fait, dénoncée de temps en temps par quelques indépendants du Pétrole, et par quelques revendeurs est niée. Dautre part reconnaissons que les raisons nationales et les impératifs techniques imposés aux grandes compagnies en matière de sécurité de lapprovisionnement, pour générateurs dabus quils aient été, ne peuvent pas être considérés comme négligeables.
Eh bien, cependant, cest dun cur léger, ou quasiment, que leur monopole sera supprimé.
Et il le sera tout simplement en application de lACTE UNIQUE EUROPÉEN qui entre en vigueur le 1er janvier, et en conformité avec lequel lon veut tenter de mettre la loi française dans ce domaine
Et, à propos de monopole, que penser de la Sécurité Sociale en tant que monopole, beaucoup moins justifié en comparaison ?
Ne pensez-vous pas, comme nous le pensons nous-même, que si lon supprime le monopole pétrolier, on devrait être inéluctablement conduit à supprimer ceux de lassurance maladie et de lassurance vieillesse ?