Souvent entendons-nous dire quen défendant les agriculteurs étranglés par le contentieux des Caisses, et dorganismes du genre des "coopératives", et par les échéances du Crédit Agricole, nous prendrions la défense dune profession subventionnée, ruineuse pour la collectivité, chroniquement assistée.
Cette argumentation se fonde sur des principes que nous ne récusons pas : dans le principe nous sommes pour en finir avec lassistanat, cest bien évident, et les agriculteurs sont les premiers à revendiquer leur refus de dépendre du versement de PRIMES Mais avec des principes justes on peut aussi bâtir de parfaites idées fausses.
1. Au plan des principes, rappelons ce que peut être la doctrine agricole des militants de la Liberté sociale
Notre point de vue est quaujourdhui on doit défendre, sans concession, toutes les exploitations agricoles, en comptant aussi les pluriactifs, de manière à en conserver le plus grand nombre possible à la Terre. Ceci représente au total environ 1 000 000 (le chiffre de 850 000 concerne ceux qui ne sont quagriculteurs à lexclusion dautres activités) car de toutes manières la démographie opérera bientôt des coupes sombres, en dehors de toute conséquence résultant de la Politique agricole commune, et même si lon parvient à maintenir tous ceux qui sont en difficultés on risque fort davoir bientôt un nombre dagriculteurs inférieur à 650 000, dans un avenir très proche. Si on laisse faire les mécanismes du Système (expropriation par les charges + hypothèques du Crédit Agricole) il est à redouter que lon parvienne à moins de 350 000 exploitations tenues, selon la formule du Crédit Agricole, par les " agrimanagers " Cest un danger considérable, pour lidentité et lavenir de la France, pour la prospérité de régions entières, etc.
Nous affirmons donc quun autre modèle est impérativement souhaitable.
La première urgence est de se mobiliser contre les charges imposées à lAgriculture française dans son ensemble : nous en avons fait maintes fois lénumération :
- Charges sociales résultant des monopoles de la MSA,
- Impôt sur le foncier non bâti,
- Échéances du Crédit Agricole dont il convient de demander non pas le report mais lannulation,
- Blocages des aides et primes par des organismes " créanciers " monopolistes,
- Blocage du marché foncier par les SAFER,
- Droits de successions etc.
Il est bien évident que des problèmes plus vastes, dordre politique, au sens où lon juge nécessaire des "politiques agricoles", se posent aux professions agricoles et au monde rural, dans son ensemble.
Il est bien évident aussi que le rétablissement du principe de la préférence communautaire, qui était lun des principes du Traité de Rome (le tarif extérieur commun) sera réaffirmé.
Nous ne pensons pas toutefois quil soit sérieux de prétendre ne se mobiliser que "contre" la Politique agricole commune de 1992, comme si elle était responsable, à elle seule, de faits constatés par exemple en 1990 ou 1991 ou de mélanger limpopularité unanime, un peu facile, des "technocrates de Bruxelle" avec lanalyse des responsabilités qui pèsent sur les technocrates et les bureaucrates de Paris ou des mauvais bergers du monde agricole, la FNSEA pour appeler les nuisances par leur nom.
Enfin, et cest le problème particulier que nous voulons, à travers un exemple précis aborder aujourdhui, on doit prendre compte de la diversité des métiers et des situations agricoles.
2. Se Mobiliser partout contre lExpropriation.
On peut singénier à " diviser " le monde agricole, comme on sest évertué à " lunifier ". Ces deux excès sont lun comme lautre nuisibles.
Un de nos bureaux est actuellement en cours de mobilisation autour dune affaire très précise opposant un de nos adhérents au " contentieux " de la MSA et autres organismes expropriateurs.
Cest le cas dun viticulteur de Bourgogne cest-à-dire dune des professions agricoles :
- Réputées " riches "
- Jamais " aidée " par les pouvoirs publics, qui ne lont jamais soutenu, et encore moins par lEurope
- Intégrée à des règles fiscales qui sapparentent plus au Commerce quà lagriculture (les vignerons ont un problème financier et fiscal lié à leurs stocks souvent de longue durée)
On réalise ainsi quil ne suffit de faire, en France, des distinctions technocratiques entre Nord et Midi, entre agriculture aidée et productions non aidées, entre "riches" et "pauvres", qui plaisent tant aux journalistes.
Après quelques années positives la viticulture de Bourgogne est aujourdhui dans une situation de trésorerie très difficile. Les services fiscaux de la région ont évalué ainsi que, sur un échantillon examiné dans le cadre dun Centre de Gestion Agréé on estime à la fois à quelque 280 000 F les bénéfices avant impôts, en moyenne pour les exploitations de Bourgogne, ces bénéfices fiscaux incluant les stocks en valeur de vente, et en même temps à 60 000 F en moyenne le trou de trésorerie ce qui reflète des situations très disparates dont certaines sont évidemment très critiques.
Le cas précis qui va nous amener à nous mobiliser est celui dun viticulteur que lAvocat des Caisses entend vendre, en dépit dun accord amiable, pour obtenir ses "honoraires" à lui avocat, estimés à 30 000F... Nous avons connu ce genre de situation à Narbonne, qui a conduit à des débordements très regrettables et dans lesquels nous avons à la fois été contraints de nous mobiliser pour obtenir la libération de militants de la Liberté sociale injustement incarcérés et à préciser que nous condamnions les violences contre des personnes. Et pourtant Me Bregon à Narbonne, si antipathique quil ait pu apparaître à certains navait pas poursuivi pour ses honoraires mais il avait entrepris de faire vendre la maison de notre adhérent, artisan, pour une dette ramenée au bout du compte à un montant minime par la caisse AVA
On entend souvent les responsables des Caisses, tout particulièrement dans lAgriculture, prétendre que les agriculteurs ne "sen prendront jamais à LEUR caisse" de même les dirigeants du Crédit Agricole posent-ils volontiers aux bienfaiteurs de lagriculture Il est paraît-il toujours possible de sentendre sur des règlements amiables. En fait il nen est rien : dès lors quon laisse les contentieux aboutir à des ventes et des avocats prétendre mettre en vente les biens dhabitations, les moyens de travail et dexistence ou les terres des agriculteurs.
Nous défendrons donc les agriculteurs menacés dexpropriation quels que soient les organismes expropriateurs : MSA ou Crédit Agricole ou simple réseaux mafieux des ventes sur autorité de justice : car cette question aussi mérite dêtre posée (dans quelles conditions vend-on les biens hypothéqués, saisis, etc.).
À vrai dire la meilleure façon de poser la question cest dy répondre en empêchant ces scandales, quil sagisse dun producteur de tomates ou dun viticulteur, dun paysan de Provence ou dun Bourguignon.
UN POUR TOUS ! TOUS POUR UN !
Nous devons également nous mobiliser pour empêcher toutes les formes de saisies mobilières ou de saisies arrêts ou de prétendus avis à tiers détenteurs, autorisés par une loi inique déposée par M. Bianco au moment même où était signé laccord de Maastricht.
JG Malliarakis
© L'Insolent
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