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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
VENDREDI 16 SEPTEMBRE 1994
TROIS CRITIQUES POUR UNE BONNE LOI
Nous lavons toujours dit : lesprit de la Loi Madelin dite "Initiative et Entreprise individuelle" nous paraît bon. Elle apporte une avancée importante sur le chemin qui mènera, demain, ou après-demain, à la Liberté dassurance pour tous les travailleurs indépendants de ce pays, et, nous lespérons, plus généralement, au Salaire direct.
Le principe en est donc en rupture avec un système, alors que la lettre a dû, bel et bien, composer, et même se plier aux fourches caudines de ce système. Les contradictions, qui en résulteront, seront absolument insoutenables, et elles amèneront, inéluctablement à la liquidation des derniers verrous.
La grande question qui nous préoccupe le plus, au regard de cette Loi, est la déductibilité des assurances volontaires souscrites personnellement par les indépendants. Cette déductibilité, qui a la prétention dorienter, par un avantage fiscal, lexercice dune Liberté octroyée par lÉtat sous conditions comme dhabitude.
Car le problème est là :
-- ou bien on reconnaît le principe de la Libre assurance pour des gens qui sont, a priori, suffisamment responsables puisquils sont entrepreneurs
-- ou bien on les considère comme irresponsables, et lÉtat, si mauvais gestionnaire de son propre budget par ailleurs, prétend les encadrer.
Cest ainsi que la Loi, qui est parvenue, dans des conditions dailleurs assez délicates, à reconnaître la Liberté dassurance cet hiver, a attendu tout lété pour voir paraître le Décret dapplication, après de rudes négociations avec les plus hautes instances, ce qui a abouti au texte chèvre chou du 5 septembre.
Quelles sont les choses que nous critiquons dans ce décret :
1° Lobligation de sortie en Rente de lAssurance Vieillesse
On est là en présence du choix dirigiste par excellence. Les hommes de lÉtat pensent à nous, et pour nous. Nous sommes, cest bien connu, des cigales. Lidée que nous puissions, après une vie de travail et dépargne toucher un capital, et aller le dépenser aux Bahamas scandalise, choque la morale. Pour nous protéger on va nous permettre dépargner, mais seulement en vue dun viager. Quon se le dise : les fonds de pensions ont dabord en vue dassurer les fonds propres des (grandes) entreprises françaises.
2° La clause relatives aux assurances réputées obligatoires
Cette clause nest pas seulement répressive, et faussement légaliste peut-on appeler "loi" ? le texte fourre-tout imposé par M. Bianco dans une fausse loi dite "diverses mesures" en date du 31 décembre 1991, et que, soit dit en passant, un nombre important de représentants de lactuelle majorité trouvaient scandaleux .
Cette clause est, de plus, ridicule. Peut-être sera-t-elle cassée juridiquement. Que veut dire "être à jour" avec des monopoles décrépits comme ceux de la Maladie et de la Vieillesse ? Elle se heurtera, surtout, à lusage, à un obstacle majeur : la commercialisation des produits dassurance vie à capital variable qui ou bien se fera en occultant "illégalement" la clause, ou bien ne pourra pas se faire dans un nombre de cas suffisant pour que les assurances ou les banques sen alarment .
3° Lexclusion de toute gestion individuelle
Enfin, autre disposition, spécifiquement liée à la mafia des gestionnaires de Caisses, de Mutuelles, etc. linterdiction de toute gestion patrimoniale individuelle, lobligation de "se grouper" y compris dans le cadre dune Association Loi de 1901 à au moins 1 000 sociétaires. Là aussi ou bien on se moque du monde -- ou bien cette clause ouvrira la porte à des abus surprenants. Tant quà faire de permettre à des Associations Loi de 1901 de piloter des fonds de pension, autant reconnaître aux particuliers le droit de se conduire en grandes personnes.
Puissent ces quelques lignes ne pas être interprétées comme une critique systématique, mais au contraire comme des réflexions de bon sens venant de gens qui précisément approuvent le principe général qui a conduit à lélaboration de cette loi, quelles quaient été les tractations sombres autour de ses décrets dapplication.
JG Malliarakis
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