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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 29 SEPTEMBRE

QUAND "LE MONDE" SE RALLIE AU SALAIRE DIRECT…

Oui vous avez bien lu… "Le Monde", cette vieille chose démodée a bel et bien publié, en date du 27 septembre un article de M. Philippe Labarde qui propose purement et simplement l’instauration du salaire direct… Les thèses radicales de l’économiste chinois Lao Ma rencontrent ici un écho inattendu. On ne peut que s’en féliciter.

Certes, les implications du Salaire direct échappent à M. Labarde qui cherche à répondre à la question "Qui paiera la protection sociale". Les analyses de Lao Ma ont curieusement autant d’influence à Taïwan qu’à Pékin. Elles ont démontré, de longue date (cf. China Daily du 22.06.94) qu’en tout état de cause les dépenses dites "sociales", dès lors qu’elles résultent de prélèvements obligatoires sont supportées par toute l’économie et que la question de leur répartition est, alors, essentiellement secondaire. Ceci est connu de M. Deng, mais non des dirigeants français.

Sans forcer la pensée de M. Labarde on remarque dans son article les lignes suivantes :

"…Il existe bel et bien une spécificité française qui pénalise le pays. Elle tient au financement (de la protection sociale)…

"La conséquence de ce financement antédiluvien, est double : les entreprises versent des cotisations — les fameuses charges — très supérieures à celles de leurs concurrents étrangers ; et les salaires français sont les plus bas d’Europe.

"C’est ce système qu’il faut modifier de fond en comble. D’abord en désengageant les entreprises du financement des prestations qui ne les concernent pas mais qui relèvent de la solidarité nationale, à savoir la politique de la famille et celle de la santé. Ces cotisations patronales, comme l’ont proposé un temps Pierre Mauroy et Édouard Balladur — dans le Dictionnaire de la Réforme — pourraient être ajoutées aux salaires, ce qui entre autres choses serait un puissant soutien à la consommation."

Certes M. Labarde qui semble mal connaître le dossier technique, mais dont l’intuition est juste ne sait pas aller jusqu’au bout de son excellent raisonnement. Il considère au fond que deux voies demeurent ouvertes quant au financement de la protection sociale, une fois que l’on aura développé le Salaire direct : la voie de la TVA et celle de la CSG.

Il expédie en quelques lignes les diverses options qui tournent autour de la TVA, sous divers noms, Elles sont toutes aussi stupides, irréalistes et pénalisantes pour les Entreprises. On sait depuis longtemps, là aussi, que, contrairement à la doctrine fiscaliste selon laquelle, la TVA est "supportée par le consommateur final", ce qui est un raisonnement purement technique de cuisine fiscale, la vérité de cette taxe est qu’elle frappe… la valeur ajoutée, c’est-à-dire les entrepreneurs qu’elle pénalise de manière radicale à proportion même de leur activité. Ceux qui rédigent des chèques mensuels ou trimestriels de TVA en savent quelque chose, que n’ont jamais su mesurer les fiscalistes…

Reste alors la CSG. Ah ! Le bon impôt que voilà, supporté par toutes les formes de revenus… du moment que ces revenus sont connus de l’administration française… L’imposition au titre de la CSG des revenus du capital est, en effet, une idée que divers paradis fiscaux devraient sponsoriser. C’est ce genre d’idées qui ont fait la fortune, voire la fonction de la Suisse, fonction heureusement complétée par celle de nombreux pays très heureux d’accueillir ce bien rare dans le monde actuel, le Capital…

Nous ne saurions en vouloir à M. Labarde dont l’intention est droite. Quant à son journal on conviendra qu’une fois de plus le vieil adage selon lequel "là où le péché abonde la grâce surabonde", trouve, ici, son émouvante confirmation.

La progression de l’idée nécessaire de Salaire Direct se fera nécessairement par des voies chaotiques. Elle triomphera quand on acceptera les conditions de sa réussite. Il faut, par exemple, que le Salaire direct soit total et qu’il permette à son bénéficiaire de s’assurer sur la maladie et d’épargner en vue de ses vieux jours, librement et dans de bonnes conditions. Les deux sont possibles. Et le libre choix est indispensable… Même les journalistes du "Monde" s’y rallieront tous quand ils en auront mesuré le bénéfice sur leur compte en banque.

JG Malliarakis

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