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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 6 OCTOBRE 1994

LE TAUX DIRECTEUR ENTRE L'ABSURDE ET L'ARBITRAIRE

Lorsqu'en 1991-1992, nous eûmes le plaisir d'étudier la mise en place de la doctrine ministérielle de la Maîtrise des Dépenses de Santé, nous ne nous rendions pas compte à quel point tout ce beau monde parlait sérieusement. Une proposition du député socialiste Belorgey - à l'époque le PS était au pouvoir et les ministres s'appelaient Bianco, Teulade ou Evin - nous avait ainsi paru singulièrement farfelue. Il s'agissait ni plus ni moins de faire voter par le Parlement le taux directeur, c'est à dire le taux d'évolution annuelle des dépenses de Santé. Proposition grotesque, utopique, dérisoire... pensions-nous.

En réalité, les socialistes ont quitté le pouvoir, mais les gens qui leur ont succédé semblent, dans le domaine de la sécurité sociale plus ridicules encore, plus cyniques, plus irresponsables. Car le Taux directeur, et la prétendue Maîtrise des Dépenses de Santé sont bel et bien entrés en vigueur — et le taux directeur est fixé par des bureaucrates anonymes, des gens encore plus néfastes que des politiciens élus.

Nous livrons en effet à nos lecteurs la dépêche AFP à propos des "Réactions syndicales au taux directeur hospitalier 1995"

AFP }}}}}}}} Dépêche du 4 octobre 94 }}}}}}}}

L'annonce du Taux directeur d'évolution des dépenses hospitalières, fixé à 3,8% pour 1995, contre 3,35% en 1994, a suscité mardi des réactions mitigées parmi les syndicats.

Le Taux ne "répond pas aux défis du secteur hospitalier", selon la CFDT

La Fédération CFDT Santé-sociaux "regrette", dans un communiqué, que le taux directeur "ne réponde pas aux défis du secteur hospitalier", tout en "notant" une "augmentation" de son niveau par rapport à 1994.

"Rien n'est prévu pour financer les restructurations", souligne la CFDT, qui s'interroge par ailleurs sur l'utilité d'un taux directeur "inférieur à la progression des dépenses hospitalières", obligeant les établissements à recourir à des modifications budgétaires en cours d'année.

La CFTC "émet des réserves", mais salue "certaines mesures"

La Fédération CFTC Santé-sociaux "émet des réserves" sur le taux directeur 1995, "même si certaines mesures, que nous avons souhaitées, semblent positives", indique-t-elle dans un communiqué.

Si la CFTC se félicite notamment de l'enveloppe de 0,10% pour la mise en œuvre continue de la réduction du temps de travail et la reconduction des "contrats d'amélioration", elle redoute que "la poursuite des efforts de rationalisation se traduise par de nouvelles pertes d'emploi".

Le nouveau taux "peut permettre aux hôpitaux de vivre", selon le SNCH

Le nouveau taux directeur des hôpitaux "peut leur permettre de vivre" si le gouvernement "entreprend immédiatement les réformes demandées par le Syndicat national des cadres hospitaliers (SNCH)", a souligné cette organisation, qui revendique plus de 60% des directeurs d'hôpitaux.

"En effet, ce qui est important est que ce taux puisse être négocié et révisé tout au long de l'année, en fonction de l'évolution des prix et de l'activité médicale", estime le SNCH, qui réclame notamment une "harmonisation" des régimes de Sécurité sociale pour "mettre fin à la multiplicité des caisses". }}}}}}}} Fin de la Dépêche }}}}}}}}

On remarquera que ces réactions syndicales ne font pas mention de la Santé des Français. On ne perd pas non plus son temps, dans un tel milieu, à parler de "Solidarité". Les professionnels de l'Hôpital sont entre eux. Il s'agit exclusivement d'intérêts corporatifs.

On pense à cette réplique célèbre du Dr Knock "au-dessus de l'intérêt du Malade, au dessus de l'intérêt du Médecin, il faut considérer l'intérêt de la Médecine".

Qui fixe le Taux directeur ? Sur quel critères ? Quel est le choix public ? Sont-ce là des questions incongrues ?

On n'omettra pas de remarquer enfin la sobriété du discours des cadres hospitaliers qui optent joyeusement pour l'unicité de la sécurité sociale. Tellement plus pratique...

JG Malliarakis

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