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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

LUNDI 31 OCTOBRE 1994

MAÎTRISE DES DÉPENSES ES-TU LÀ ?…

Si l’on en croit Mme Veil, non seulement la politique de maîtrise des dépenses de Santé serait une réussite mais il faut la continuer. Elle aurait eu pour effet de diminuer de 30 milliards ce que l’on appelle les dépenses de Santé, c’est-à-dire les remboursements opérés par le système monopoliste de l’assurance maladie du régime général.

Rappelons que le plan Veil de juillet 1993 reposait sur trois idées essentielles

Baisse des remboursements ;

Effort de restrictions des prescriptions imposé au corps médical ;

Assorti d’un encadrement du nombre des actes.

En juin 1993, lors de l’annonce et de la préparation de ce programme, qui allait faire de la France, à partir du mois d’août, le pays le moins bien couvert en assurance maladie d’Europe, avec cependant le système de prélèvements obligatoires les plus chers de tout le monde occidental, Mme Veil expliquait gravement que le déficit 1994 serait de 20 milliards.

La réunion de la Commission des comptes de la Sécurité sociale du 27 octobre 1994 a permis de présenter une prévision de comptes du régime général en déficit de 54,4 milliards soit un écart de 172 %. Difficile de parler de succès.

Difficile de parler de succès également lorsqu’on compare le déficit prévisionnel de 1994-1995, qui serait de 105 milliards, sur 2 ans, avec le déficit cumulé sur 4 ans (1990 à 1993) qu’il a fallu éponger en décembre dernier, soit un montant de 110 milliards. Et ceci dans le même contexte, celui d’une crise économique qui a précisément commencé en 1990.

Autrement dit 2 ans de "réussite" balladurienne équivalent à 4 ans de désastre socialiste, puisque ce gouvernement nous ramène toujours à la dialectique, éminemment politicienne du prétendu héritage, dialectique dont les socialistes avaient fait leur leitmotiv en 1981.

Cet argument de l’héritage n’a de sens qu’en termes comparatifs (fait-on mieux ou moins bien que le gouvernement précédent ?)…

Si l’on cherche à comprendre pourquoi le système aggrave ses déficits (en gros il les a doublés…) il ne faut pas d’ailleurs incriminer l’action des politiciens actuellement au pouvoir, mais leur inaction. Le plan Veil était de la poudre aux yeux, destiné à faire croire à l’opinion que l’on faisait quelque chose. On n’a touché à rien de sérieux et rien de profond.

Les déficits s’aggravent d’année en année parce que le plus gros poste de dépenses, c’est-à-dire l’hôpital public connaît une croissance systématique de ses dépenses, en hausse de 5,5 %, dernière prévision disponible selon la Commission des comptes.

Toutes les voix qui s’élèvent à propos de l’hôpital public sont actuellement celles de la démagogie. Au lieu d’observer la dégradation de cette administration au fur et à mesure de l’emballement de ses dépenses, toutes les voix s’élèvent pour qu’il y ait encore plus de dépenses, comme si l’hôpital public, avec plus généralement la médecine à sa remorque, était là pour guérir les maux de la société, et non les pathologies des patients. Que la "santé" soit confondue avec le "social", en est le signe quasi linguistique.

Dans de telles conditions le comble du cynisme est atteint quand on dit, comme Mme Veil qu’on devra prendre des mesures impopulaires "après l’élection présidentielle". On pourrait d’ailleurs se demander, si l’on "faisait de la politique" à qui profitent de telles déclarations. Le gouvernement actuel ne profitera pas de sa propre inaction puisqu’il révèle ses intentions pour l’après 95. La droite apparaît ici comme essentiellement fourbe, et si la gauche gagne la présidentielle elle pourra toujours dire que les mesures "impopulaires" qu’elle prendra découlent tout simplement de l’impulsion et de l’héritage de Mme Veil.

Comme dirait Mary Poppins "bien réussi patron"…

Mais apparemment Mme Veil, plus que de Mary Poppins, s’inspire d’Alice au pays des Merveilles.

Elle est passée de l’autre côté du miroir…

Sa maîtrise des Dépenses de Santé est une pure illusion qui ne maîtrise rien de sérieux.

JG Malliarakis

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