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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MARDI 16 JANVIER 1996

PARMI LES MENSONGES DU "MONDE"

"La fraude fiscale égale au déficit de l'État" L'Humanité 15.1.1996

"Le coût de la fraude fiscale n'a cessé d'augmenter en France" Le Monde 14-15.1.1996

C'est peu dire que de remarquer à quel point les élites dirigeantes et parlantes françaises sont coupées des réalités, sociales, économiques, nationales ou mondiales.

Le rôle d'un quotidien comme "Le Monde" qui sert à bourrer le crâne de ces catégories dirigeantes, dès les bancs de l'École, n'est plus à démontrer.

Tout est faux dans "Le Monde", à commencer par la date. Le Monde qui paraît le mercredi est daté du jeudi, etc.... Petite humiliation quotidienne, supplice chinois infligé administrativement au lecteur, comme si un journal du soir était un journal du lendemain. Comme si la journée finissait à midi...

Sous les apparences de la vérité... nous sommes en présence du journal le plus faussement objectif et le plus objectivement faux.... La seule bonne nouvelle figure en dernière page : c'est la baisse tendancielle de sa diffusion, vaguement enrayée dit-on depuis quelques temps.

Samedi 13 janvier, on pouvait donc lire, en date du dimanche 14 et du lundi 15, en première page, sur 3 colonnes sur 6, ce titre extraordinaire : "Le coût de la fraude fiscale n'a cessé d'augmenter en France". O Décadence ! Au temps de Beuve-Méry, fondateur de la vénérable institution, on eût écrit cette information fausse au conditionnel. Pour la rendre "plus vraie"... Car le sous-titre, lui aussi à l'indicatif, contient le venin véritable de l'ensemble : "En 1991, avec 138 milliards de francs, il était équivalent au déficit budgétaire". De là à conclure que "La fraude fiscale égale au déficit de l'État" il n'y a qu'un pas et "L'Humanité" datée du lundi 15, et publiée, en toute franchise ce jour-là, le franchit avec ses gros pieds dans ses gros sabots en première page.

La démarche est claire.

Il s'agit de rassurer tous ceux qui pourraient s'inquiéter de la dérive des finances publiques, de la ponction extraordinaire que fait peser sur l'épargne l'émission d'obligations d'État et de bons du Trésor, entre 520 et 550 milliards prévus pour 1996, sans parler de l'endettement des collectivités locales, tout cela au détriment de l'investissement productif, donc de l'emploi. Y-Gnakka, en effet faire payer les fraudeurs.

De même pour la protection sociale. Y-Gnakka faire payer les entreprises dont MM.Viannet et Blondel n'hésitent jamais à "rappeler" qu'elles "doivent" beaucoup d'argent aux URSSAF. On entendra dire que le "reste à recouvrer" des URSSAF est, ou serait, "égal au prétendu déficit de la Sécu".

Ceux qui se demanderaient comment on sait que la fraude fiscale a "coûté" 138 milliards, pas 135 ou 140 : 138, en 1991, analyseront avec intérêt la page 8 du Monde toujours daté du 14-15 janvier. 138 milliards est en effet un chiffre approximatif, arrondi pour les besoins de l'exposé. On sait, en effet, après avoir lu Le Monde, que le vrai chiffre est encore plus précis : 137 664 millions. Et Le Monde s'en sert à démontrer que tout cela est infiniment plus grave que les vols, par exemple, de voitures, qui n'ont "coûté", eux, que 6 325 millions. Ne parlons même pas des autres "vols", tous confondus, broutilles dont l'addition ne représente que 3 570 millions. Il est vrai qu'il existe aussi une rubrique dite vol dans le grand commerce qui représente(rait) 11 781 millions. Les misérables petits commerçants, eux, n'intéressent pas les statisticiens... L'idée très clairement affichée est que la délinquance grave est la délinquance dite en col blanc, la délinquance des bourgeois en quelque sorte. "Pas d'innocents chez les bourgeois" disaient les anarchistes d'autrefois.

Voila où en est revenue l'idéologie française.

Voila où en revient la pensée unique française.

Malheur aux grands coupables que sont les petits entrepreneurs, artisans ou commerçants, ou les Français moyens qui en ont assez des vols d'autoradio, de l'insécurité dans les quartiers et qui trouvent que tous les impôts et taxes payés de leurs poches, de plus en plus vides, leur donnent un droit d'exiger des hommes de l'État qu'ils fassent d'abord leur boulot fondamental en matière de sécurité. Peut-être en effet ces grands coupables sont-ils, va donc savoir, des fraudeurs.

Vous avez dit : "peut-être" ? Allons donc ! Ils le sont sûrement.

JG Malliarakis
©L'Insolent
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