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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

LUNDI 23 JUIN 1997

QU'ANNONCE VRAIMENT LE DISCOURS DE POLITIQUE GÉNÉRALE DE LIONEL JOSPIN DU 19 JUIN ?

Les défenseurs de la Liberté sociale doivent se préparer à une lutte très concrète

Avec un petit délai, les premières orientations du nouveau gouvernement commencent de percer. La pochette surprise des élections inattendues dévoile ses trésors…

Certaines ne concernent en aucun cas l'action des défenseurs de la Liberté sociale. Il est important de le rappeler : elles ont vocation, en effet, à passionner l'opinion publique dans ce que celle-ci conserve de fibre "politique". De ce point de vue, les symboles comptent beaucoup. Individuellement, nous pouvons d'ailleurs, leur attacher une importance considérable. On agite les emblèmes de la laïcité, de la république une et indivisible, les drapeaux de la patrie, etc.. On meurt éventuellement pour cela. On meurt par cela.

Notre action syndicale se situe sur un autre terrain. Moins passionnel, peut-être. Plus concret. C'est le terrain de la vie des entreprises…

Faut-il prendre au sérieux les couplets de M. Jospin sur les PME ?

Non, bien sûr. Pas plus que ceux de M. Juppé. Ce sont des ritournelles relativement vides de sens. Rien dans sa carrière ne semble indiquer la moindre conscience de ce que peut être une entreprise, a fortiori : une petite entreprise.

Nous avions été, fort aimablement, reçus, entre les deux tours de la présidentielle de 1995, par le responsable du secteur PME à l'État Major de Jospin… cet excellent interlocuteur était, dans le civil, un dirigeant d'EDF-GDF responsable des affaires internationales. on imagine ce que pouvait penser le personnage de notre ligne anti-monopoliste, encore que, pour développer ses exportations, EDF a bien besoin de se situer dans une culture de concurrence…

L'important était ce qu'il proposait pour les entreprises. C'était très précisément la politique dont M. Raffarin, ministre du Commerce et de l'Artisanat allait se faire le chantre, de mai 1995 à avril 1997 sous la houlette de M. Juppé… Une politique de prêts bonifiés au profit de quelques petits ou gros malins… promesses de principe dont les petites entreprises artisanales ne tirent pas la moindre miette… Une politique "d'aides" à l'export des industries moyennes, etc.

Aujourd'hui à la lecture du texte de M. Jospin on demeure exactement dans le même registre. On déplorera symboliquement le fait que Mme Lebranchu soit seulement "secrétaire d'État". L'agriculture conserve son important "ministère". Mais doit-elle s'en féliciter ? Elle ne compte plus pourtant que 750 000 exploitants soit 3 ou 4 fois moins, selon la manière dont on les comptabilise, que les autres entrepreneurs individuels et travailleurs indépendants. Notons au passage qu'au moment où Jospin rédigeait son discours on apprenait que le revenu "moyen" des agriculteurs français avait augmenté en 1996 de 0,9 %… parce que le nombre des exploitants avait diminué de 3,7 %. Soit une baisse du revenu agricole global de 2,8 %. Pendant le même temps, depuis 1991, les salariés du secteur privé n'ont vu progresser leur revenu que de 0,2 % chaque année, alors que celui des fonctionnaires et agents de l'État voyaient le leur augmenter de 1,4 % par an.

Inutile de chercher dans le discours de M. Jospin une quelconque analyse de cette inégalité.

Inutile non plus de s'attarder à chercher l'expression travailleur indépendant, ni celle d'entreprise individuelle. La racine du mot individu ne se retrouve, tout au long du discours que pour désigner des mesures individuelles (des nominations administratives), des adhésions individuelles (à la politique de l'État) ou bien elle apparaît pour flétrir "l'individualisme", assimilé, bien évidemment au "règne de l'argent"… Entre l'individualisme et le collectivisme, M. Jospin "ne choisit pas", il est en quelque sorte déterminé.

On aimerait presque à le croire vraiment calviniste et le dire : prédestiné…

Voilà pour la partie, philosophique et sémantique.

Pour d'autres questions on pourra estimer que le vent gouvernemental souffle dans la direction de la CFDT. Même le taux d'augmentation du SMIC, à hauteur de 4 % correspond aux suggestions de Mme Notat. Le transfert des cotisations salariales d'assurance maladie vers un "financement plus large" est la seule indication concrète. On reste dans la logique du plan Juppé qui continuait le plan Bianco, Teulade sous Bérégovoy… Mais on reste vague.

Les défenseurs de la Liberté sociale doivent donc se préparer à une lutte très concrète pour empêcher l'étau de se refermer et, au contraire, pour l'ouvrir sur l'Europe.

JG Malliarakis
©L'Insolent

 

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