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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MERCREDI 8 JUILLET 1998

CONTRADICTION FLAGRANTE AU SEIN DU GOUVERNEMENT

Face à la crise des caisses sociales, il est impossible d'éluder la contradiction flagrante entre les annonces (lundi 6 juillet) du ministère de l'Emploi d'un 21ème plan de sauvetage de la sécurité sociale, et l'entretien publié par Libération (mardi 7 juillet) avec le ministre français de l'Économie et des Finances M. Dominique Strauss-Kahn.

Celui-ci commente le rapport du Conseil de la Concurrence et se propose de concilier le fonctionnement des marchés et l'intérêt collectif. Cela est très exactement la doctrine de l'économie mixte, à laquelle il nous est impossible d'adhérer, mais dont les conséquences pratiques sautent aux yeux en cette circonstance. Sous le titre "Gouverner la Concurrence", le ministre socialiste affirme la théorie selon laquelle la Gauche à la différence de la Droite libérale n'estime pas que ""l'équilibre des forces du marché débouche spontanément sur l'optimum social", mais il regrette que la gauche ait "plus d'une fois cédé à la tentation d'interventions brouillonnes dans le fonctionnement des marchés".

Plus d'une fois, c'est... une fois de plus avec le programme annoncé par Mme Aubry, dont nous apprenons avec plaisir qu'il sera bien meilleur que le plan Juppé... Nous en saurons plus lorsque la Loi de financement de la sécurité sociale, conformément à réforme constitutionnelle du 22 février 1996, aura été votée par le parlement à l'automne.

En attendant nous apprenons

- d'une part, qu'après les dentistes dont la Convention dentaire de 1997 a été transformée en chiffon de papier par la CNAM-TS d'ordre du ministère, ce seront les radiologues et les pharmaciens qui supporteront, en ordre dispersé la charge du plan

- d'autre part que Mme Aubry et M. Kouchner ont reculé devant la menace d'une mobilisation générale des professions médicales et ont décidé d'annuler la disposition la plus spectaculaire du plan Juppé, les reversements d'honoraires imposés aux médecins en cas de dépassements de prescriptions.

On se demandera simplement ce que l'annonce de cette décision va entraîner, en elle-même dans la pratique, compte tenu du fait que le dérapage des dépenses maladie pose un problème aux services de M. Strauss-Kahn dans le cadre des critères de Maastricht,

Pour une fois nous serons doublement en accord avec M. Blondel secrétaire confédéral de FO qui remarque, dans son communiqué que les mesures annoncées par la ministre de la Solidarité, Martine Aubry, pour juguler la dérive des dépenses d'assurance maladie constituent, pour Force Ouvrière, "un replâtrage élaboré dans l'urgence à cause de l'échec du plan Juppé". et nous trouvons singulièrement inconvenant que MM. Juppé, Barrot et Gaymard aient cru bon de se rappeler à notre mauvais souvenir dans Le Figaro du 3 juillet comme s'ils avaient lieu de se vanter de leur étatisation massive de 95-96.

On ne s'étonnera pas de voir que le seul véritable soutien affirmé vienne de la Fédération nationale de la mutualité française présidée par M. Davant et la CFDT de Mme Notat. On notera en revanche que la CGC-CFE, doute de la réussite du programme annoncé.

On s'interrogera cependant sur la portée et l'opportunité des déclarations de Mme Aubry annonçant "qu'il n'est pas question de voir les assurances privées se substituer au régime de base d'assurance maladie" et que le gouvernement "s'opposera à toute remise en cause du principe de solidarité qui caractérise notre sécurité sociale".

JG Malliarakis

Communiqué du CDCA européen
Prenant acte des déclarations de Mme Aubry diffusée par l'A.F.P. lundi 6 à 18H32 et de l'entretien de M. Strauss-Kahn dans Libération du mardi 7, le CDCA européen
- demande solennellement au gouvernement français de se mettre en accord avec la construction européenne dont il se réclame et, par conséquent,
- d'ouvrir à la concurrence les régimes personnels d'assurance maladie et d'assurance vieillesse des professions indépendantes, commerciales, artisanales, agricoles et libérales dont le CDCA réclame, depuis 10 ans, l'abolition du caractère monopolistique.

Montpellier, le 7 juillet 1998, pour le Bureau collégial
©L'Insolent
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