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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

VENDREDI 4 SEPTEMBRE 1998

VIVE LA CONCURRENCE HOSPITALIÈRE...

Les médiats audiovisuels ont largement fait écho ces jours-ci (1) à une livraison de la revue Sciences et Avenir (2). En 40 pages on peut recenser, évidemment, plusieurs idées. Nous soulignons par exemple l'entretien avec le professeur Guy Vallancien : Pour être bien soigné, il faut accepter de se déplacer. Le Pr. Vallancien est responsable du Département d'Urologie et de Néphrologie de l'Institut Mutualiste Montsouris à Paris. Cet établissement est référencé par la revue comme une des bonnes adresses de la Santé publique. L'excellent praticien fait ainsi remarquer que "personne n'hésite à faire 30 kilomètres pour choisir une moquette".

Nous retenons ce propos parce qu'il situe le classement des 512 hôpitaux publics analysés par Sciences et Avenir dans son véritable registre : celui de la consommatique.

La médecine est peut-être, a peut-être été, un sacerdoce, on parlait même autrefois de vocation médicale — mais en milieu médical. Et autrefois. Hippocrate est mort il y a quelques années. Aujourd'hui, du point de vue des patients et de leurs assureurs, il s'agit d'un service inégalement assuré par des prestataires concurrentiels.

C'est précisément cette réalité dont les gens en place refusent la logique. Ils en trouvent même le principe scandaleux. Et on voit à nouveau monter au créneau des gens comme M. Évin qui donne aux Échos (1er septembre) un long entretien proposant ni plus ni moins de généraliser le tiers payant, de pénaliser un peu plus les médecins et ceci afin de sauver l'assurance-maladie monopoliste menacée de disparaître, dit-il, dans les 3 mois qui viennent. On entend M. Davant (France Info, le 2 septembre) proposant de réprimer le droit de grève des radiologues au nom de l'idéal médical. MM. Davant et Évin ont échoué sur toute la ligne depuis 10 ans, mais ils ont encore les moyens de réprimer...

Pas question à leurs yeux de comparer les prestations hospitalières, — pas question pour des raisons strictement idéologiques et utopiques. Admettre que, sur 512 hôpitaux publics français, 86 soient recommandables et qu'au contraire certains soient "moins performants" ou "plus attractifs" voilà qui insulte bien évidemment à l'idée qu'on se fait de l'Égalité dans certains milieux.

Si l'on prend la peine de lire sérieusement l'étude considérée, on reconnaît bien sûr que la méthode du classement n'est pas infaillible. Elle se trouve clairement exposée en pages 36 et 37 et on pourra toujours la considérer comme arbitraire. Elle aussi relève de la concurrence. Encore faudrait-il accepter l'arrivée de ce 1er "produit" sur le marché si l'on entend développer le débat, par exemple quant à "l'indice de mortalité pour un hôpital donné et un type d'opération".

Remarquons certains commentaires médiatiques, entièrement à contresens. "Les établissements parisiens s'en tirent plutôt bien" (TF1, le 1er septembre à 20H). Double contrevérité ! On lira, au contraire, en page 34 de l'étude, l'encadré intitulé : "Les mensonges de l'Assistance publique Hôpitaux de Paris". Non la région parisienne, globalement, ne s'en tire pas bien....

Certes, dans le débat figure l'affrontement entre deux lobbies : celui des Centres Hospitalo-universitaires et celui des hôpitaux de proximité. Le choix binaire, passionnant pour les politiciens, mérite une réponse plurielle, plus affinée en tout cas que le "tout C.H.U." auquel voudrait sans doute parvenir l'entourage du Dr Kouchner.

Pour en arriver à des solutions, il serait désirable en tous cas qu'on accepte le débat, qu'on accepte la concurrence. C'est sans doute la grande question, paralysée en France par la logique monopoliste des responsables du secteur public, et des petites souris mutualistes qui se nourrissent lovées dans les trous du gruyère.

• JGM •

Pour accéder à nos archives

(1) 1er septembre sur France Inter et TF1 notamment, et bien entendu, au départ, l'A.F.P....

(2) Pour échapper au schéma habituel des soubresauts de l'opinion, manipulée par des commentaires de commentaires, rappelons-en les références. Il s'agit de "Sciences et Avenir" n°619, de septembre 1998 / adresse de la revue : 62 rue de Richelieu 75002 - Tél. 01 55 35 56 00 - E-mail ScAv@ao.com. L'enquête s'appelle : Le Palmarès des Hôpitaux, pages 32 à 71.