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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MARDI 8 SEPTEMBRE 1998

RETRAITES AMÉRICAINES ET RETRAITES FRANÇAISES

Trois économistes américains (1) viennent de publier une étude de la plus haute importance pour nos travaux. Cette étude confirme, renforce et enrichit nos propres conclusions du Livre Noir des Retraites, centrée sur les régimes professionnels français. En l'occurrence, il s'agissait de passer au crible "État par État, les taux de rendement des systèmes de retraites publiques".

L'importance de cette étude mérite d'être soulignée. Il est temps en effet de rappeler ou de révéler aux Français que la Sécurité sociale, au sens contemporain du mot, n'a pas été instituée dans le monde industriel par des ordonnances signées en 1945 par le Général De Gaulle, mais par le Social security act signé en 1935 par Roosevelt (2).

Or, les chiffres des systèmes de retraites publiques aux États-Unis nous permettent de mieux comprendre ce qui attend les nôtres avec un décalage de 10 ans.

Dans notre Livre Noir, nous avons publié l'intervention d'Alan Greenspan (3)au Congrès des États-Unis se préoccupant de la solvabilité des systèmes de retraites. Les 3 économistes de la Heritage Foundation vont plus loin que Greenspan. Ou plus exactement, ils s'aventurent sur un autre terrain que celui développé centralement dans le texte de référence. Ils entrent dans le questionnement essentiel de notre Livre Noir : quel est le taux de rentabilité (rate of return) des systèmes de retraites publiques. Le taux doit être, en effet, systématiquement distingué du prétendu "taux de rendement" abusivement affiché par les gestionnaires des Caisses.

En Europe occidentale, il est synthétiquement affirmé par les défenseurs mêmes des régimes de répartition, grosso modo, que les taux de rentabilité du placement dans un régime de retraites public, après avoir été de 4 à 4,5 % (4) passe à 2-2,5 % pour la génération du baby-boom (5). Curieusement, ces chiffres de synthèse recoupent ceux publiés par les économistes suédois. Nous disons : curieusement, parce qu'on pourrait penser que le taux de rentabilité de la répartition résulte essentiellement de la démographie. Or, la pyramide des âges de la France n'a strictement rien à voir avec celle de la Suède. C'est qu'en réalité, ces rentabilités s'appuient sur des facteurs totalement étrangers à la démographie. D'autre part, on peut s'interroger, aussi, sur les modes de calculs de ces taux qui sont toujours définis "hors ceci" ou "hors cela".

Le calcul de l'étude citée en référence, portant sur les retraites publiques américaines, indiqué en annexe, nous paraît beaucoup plus convaincant. Le résultat en est assez effrayant. Certains États avoisinent les rentabilités de 2 % affichées en Europe, mais ils sont loin d'être la majorité, de nombreux placements négatifs apparaissent au contraire. De plus 3 colonnes de résultats ont été dégagées :

• colonne 1 : placement dans les régimes de retraites ;

• colonne 2 : placement en bons du Trésor US à 30 ans ; 

• colonne 3 : placement mixte 50 % bons, 50 % actions.

La colonne 3 est, bien entendu, hors concours. La différence colonne 2 — colonne 1 est calculée État par État, et indique le niveau de spoliation des travailleurs résultant du régime de la répartition.

On ne s'étonnera guère de voir en tête de cette spoliation les 4 États les plus "européens" : New-York, New-Jersey, Connecticut, Massachusetts aient une perte moyenne, variant entre 639 000 et 737 000 $ par cotisant. Le District fédéral de Columbia (ville de Washington) bat tous les records avec 1 091 000 $… Ceci touche plus particulièrement les travailleurs célibataires, les pauvres, les jeunes.

Les cotisations ont commencé en 1937 à un taux de 2 %. Ce taux était de 8,7 % en 1972. Il est aujourd'hui supérieur à 10 % depuis 1991 pour les revenus salariaux les moins élevés.

La véritable différence entre la France et les États-Unis, c'est :

1°. Une spoliation probablement moindre ;

2° L'existence d'un fond de garantie aux États-Unis dont on s'inquiète qu'il devienne insolvable... en 2037.

3° L'existence d'un débat public américain, un débat démocratique donnant la parole aux différents points de vue, et où on ne trouve pas l'équivalent de la phrase française rituelle "il n'est pas question de".

JG Malliarakis

(1) William Beack, Gareth Davis et Sarah Youssef dans le cadre de la Heritage Foundation,

(2) On pourrait bien sûr remonter à Bismarck et au XIX° siècle, mais aussi au duc de la Rochefoucauld-Liancourt, mais aussi, pourquoi pas, au "Marchand de Prato" Francesco Datini au XIV° siècle, etc... Le problème est que si nous disposons de très importantes archives sur Datini, nous n'avons pas les moyens de reconstituer les séries financières. De même depuis Bismarck, l'Allemagne a connu, notamment l'ère protectionniste de Bülow, l'effondrement monétaire des années 20, et la ruine des retraités bismarckiens, puis le système du Dr Schacht (1933) puis l'Économie sociale de marché du Dr Ehrardt (1948).

(3) Ce texte génial, est demeuré, bien entendu ignoré des Français, en dehors de nos excellents lecteurs, vaut particulièrement par son avant-propos théorique qu'on devrait mettre en toutes les mains s'agissant du principe des retraites. On rappellerait à cette occasion le rôle considérable dans le monde du président de la Réserve Fédérale des États-Unis.

(4) La différence de 0,5 est en faveur des versements des femmes.

(5) C'est l'affirmation que nous trouvons dans le rapport publié en 1995 par M. Raoul Briet, actuel directeur de la Sécurité sociale, sous le titre "Perspective à long terme des retraites".

©L'Insolent
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