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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 7 JANVIER 1999

Les Travailleurs indÉpendants passagers de 3e   classe sur le Titanic des retraites

En 1912 coulait lamentablement l'insubmersible Titanic. L'extraordinaire travail de reconstitution historique opéré par le cinéma américain a permis de mettre en évidence un certain nombre de comportements qui sont, hélas, de tous les temps et de toutes les circonstances.

Tout d'abord on soulignera l'ironie terrible de la prétention humaine à la sécurité, à surprotection systématique. Premier navire au monde à fonder sa publicité sur un prétendu caractère insubmersible, il a donné lieu au plus colossal naufrage de l'Histoire. Dans de nombreux cas, dans de nombreux pays, dans de nombreux domaines, cette leçon demeure largement inutile : de l'invincible armada à la centrale nucléaire de Tchernobyl en passant par la ligne Maginot, l'invincible est trop souvent vaincu.

Voilà la première leçon que devraient méditer ceux qui croient à la sécurité du système de retraites par répartition : il n'est pas plus insubmersible que n'était insubmersible le paquebot Titanic, pas plus infranchissable que n'était infranchissable la ligne Maginot.

Deuxième aspect de tout système clos : il est cloisonné de manière plus étanche que ses étanchéité extérieures. Les spectateurs du film "Titanic" feront peut-être une fixation sur la nature bourgeoise, capitaliste, etc. de la hiérarchie interne du paquebot. En 1re classe les plus riches, les plus arrogants — en 3 classe les plus pauvres -. Tous les lecteurs des romains de Balzac, Zola, Aragon et quelques autres se retrouvent ainsi en pays de connaissance. Et il y a là sûrement matière à de remarquables sermons misérabilistes. Nous en ferons grâce à nos lecteurs… Nous ne demandons tout de même si cela se passe mieux quand les pauvres sont en 1re classe et les riches en 3 classe…

A vrai dire, cette question ne se pose pas pour les travailleurs indépendants. Que les riches ou les pauvres soient en 1re classe, nous sommes toujours condamnés à la 3classe. Notre revendication est simple : nous souhaitons pouvoir quitter ce navire — que nous n'avons ni construit ni choisi.

Nous ne doutons pas une seconde que le Titanic des Régimes français de Retraite par Répartition a vocation à sombrer. Nous ne doutons pas une seconde que les chaloupes de sauvetage seront insuffisantes. Nous ne doutons pas une seconde que les hommes de l'État se réservent les meilleures sorties. "Pas question de"… supprimer les avantages des fonctionnaires… toucher à la retraite des cadres… entamer les droits des plus démunis… Parfait. Et nous dans tout cela ? Il faut que nous payions des ardoises de "solidarité" de plus en plus lourde, sans en bénéficier.

Il n'y a qu'une différence, et elle est de taille, entre les régimes de répartition et le naufrage du Titanic. En avril 1912 il était tellement possible d'éviter l'iceberg que des milliers d'autres bateaux ont traversé l'Atlantique Nord des milliers de fois sans encombre, au départ du Havre comme de Southampton. Mais l'iceberg du papy boom, lui, non seulement sera inévitable mais même si on passait dans 6 ans le cap de l'échéance 2005 une foule d'autres icebergs feraient sombrer le système frappé à mort, notamment par une courbe de dénatalité remontant aux années 1970. Car on peut artificiellement jouer sur le prolongement d'activité verticalement en faisant monter de 60 à 65 voire même 70 ans l'âge de la retraite. On ne pourra pas étendre horizontalement le nombre des actifs d'une classe d'âge au-delà du nombre des ressortissants de la dite classe d'âge. Si 700 000 bébés sont nés en France en 1975, le nombre des actifs âgés de 30 ans en 2005 ne dépassera pas 700 000 — moins la mortalité…

A la même époque nous nous souvenons d'avoir entendu M. Michel Debré lancer, sans convaincre personne, ses appels à "l'aide de la famille d'au moins 3 enfants en vue de sauver notre système de retraites". On peut gloser à l'infini sur l'opportunité, la pertinence, l'éloquence, l'élégance, etc. de ces appels. Le fait est qu'il ne furent pas entendus.

Le déficit démographique de la France condamne bien évidemment tout système fondé sur la compensation démographique nationale. Car les régimes de répartition n'avaient de sens qu'en fonction d'hypothèses natalistes à long terme.

Dans les régimes des indépendants la faillite de la compensation sera deux fois plus dramatique.

Pour les régimes qui vivent de la compensation nationale, et notamment le régime des exploitants de la MSA subventionné à 80 % mais aussi pour l'ORGANIC subventionnée à 40 %, la subvention se tarira. Pour les régimes excédentaires la pression s'aggravera et les prélèvements de tous ordres s'alourdiront. La seule réponse de bons sens semble être "sauve qui peut, les femmes et les enfants d'abord".

Il ne serait pas malséant cependant de prévoir la mise en accusation des responsables.

JG Malliarakis
©L'Insolent

 

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