COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
VENDREDI 8 JANVIER 1999
DE FABIUS À CHIRAC, ILS PRÉTENDENT TOUS : "Réduire le poids des impôts et des charges..."
En présentant ses vux à Jacques Chirac à l'Élysée, le 5 janvier, le président de l'Assemblée nationale Laurent Fabius a courageusement déclaré, qu'il était "indispensable" de "réduire le poids des impôts et des charges" pour lutter contre le chômage.
L'ancien Premier ministre socialiste s'est félicité, sans rire, que dans la lutte contre le chômage, "des progrès aient été accomplis. Si on veut les amplifier, je pense qu'il sera indispensable d'accroître le dialogue social pour bâtir une vraie solidarité moderne", a-t-il dit à la presse. Cette déclaration a été rendue publique par son service de presse.
Il est "indispensable aussi, dans un monde où la compétition internationale est une règle, l'harmonisation européenne une tendance de fond et la créativité un atout essentiel, de réduire le poids des impôts et des charges", a-t-il ajouté. "L'année qui s'ouvre et les suivantes en fourniront, je l'espère, l'occasion".
Avant lui, le président du Sénat, le RPR Christian Poncelet, dont les propos étaient rapportés par le porte-parole de l'Élysée, Catherine Colonna, avait souhaité que la mise en place de l'Euro "conduise à limiter le niveau trop élevé des dépenses publiques et des prélèvements obligatoires". En présentant ses vux, Il a ainsi déclaré que l'Euro avait joué d'ores et déjà un rôle de "stabilisateur et d'antidépresseur".
Et depuis, la presse insiste sur certaines déclarations du président de la république en personne " en faveur de la Baisse des charges ".
Disons simplement ici que la Baisse des charges fiscales et sociales est un leurre si on ne fait pas baisser la Dépense publique. C'est sur ce double terrain que toute réforme de liberté achoppe, et certainement pas sur la baisse des seules charges apparentes.
Pour simplifier le débat notons que la France détient au séin de l'Europe monétaire le triste record des prélèvements obligatoires parce qu'elle laisse les politiciens dépenser la plus forte part de la richesse nationale, dont nous nous permettons de rappeler qu'elle se trouve produite par les entreprises (chiffres prévisionnels des dépenses publiques comparés l'OCDE pour 1999 : pour la France 53,9 % de son produit intérieur brut contre 50,5 % en Belgique, 49,4 % pour l'Autriche et l'Italie, 49 % en Finlande, 47,5 % aux Pays Bas, 46,9 % en Allemagne, 43,7 % au Portugal, 40,8 % en Espagne et 32,8 % en Irlande)
Il nous semble donc nécessaire de débusquer le mensonge des politiciens qui nous parlent de faire baisser les charges par exemple " les charges sur les bas salaires "
Nous ne pouvons pas accepter sans réagir notamment le slogan de la Baisse des Charges sur les bas salaires. Nous devons espérer que les années à venir dégonfleront cette baudruche. Mais il conviendrait que cela ne signifie pas plusieurs années encore d'expériences malheureuses opérées au détriment des petites entreprises et des travailleurs à la recherche d'un emploi salarié.
L'un des premiers à avoir lancé l'idée de la baisse des charges sur les bas salaires, dans l'opinion, fut le président Giscard d'Estaing, sur la base d'un raisonnement impeccable au départ. Impeccable au départ, c'est le cas de la Majeure d'un authentique sophisme (tout ce qui est rare est cher, etc.), c'est-à-dire d'un mauvais syllogisme. Impeccable au départ, la constatation que le salarié coûte à l'entreprise 1,8 fois son salaire net, soit, à l'arrivée, aujourd'hui un bon 10 000 F pour 6 400 F par mois de salaire brut. Cela implique, à l'évidence qu'un salarié qui ne rapporte pas au moins 10 001 F de valeur ajoutée par mois ne sera pas embauché.
On remarquera la chose suivante : Depuis 1994, et sur l'influence du premier Rapport de M. Malinvaud, rapport intitulé "Initiative européenne pour la croissance et pour l'emploi", la France, et pratiquement en Europe la France seule, s'est engagée dans une voie consistant à exonérer de charges sociales le salaire minimal. Il s'en est notamment suivi une première conséquence. Elle était évidente. Et seul un économiste de la trempe de M. Malinvaud n'avait pas pu prévoir, c'est une tendance à la baisse des salaires à l'embauche dans le secteur privé, puisque tout autre salaire que le salaire minimal se voyait dissuadé. Certes les idées de M. Malinvaud sont redoutables.
Mais plus inacceptables encore sont les illusions et les bobards diffusés par les politiciens et les médiats.
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