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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MARDI 3 AOÛT 1999
LE FISCALISME EN FRANCE ET AUX ÉTATS-UNIS
L'attitude respective du public, des médiats et de la classe politique, vis-à-vis du débat fiscal en France et aux États-Unis nous semble intéressante à comparer.
Le 29 juillet, dans son bulletin quotidien de Washington le remarquable magazine conservateur américain National Review s'interrogeait sur la phobie de certains vis-à-vis des réductions d'impôts. Cette phobie provient, en fait, d'élites politiques et médiatiques, super privilégiées, représentatives de l'establishment. Le journal ne le dit pas, mais ses lecteurs le savent. La classe politique américaine dominante est aujourd'hui rassemblée autour du bunker présidentiel. Elle se heurte à la majorité du Sénat et de la Chambre des représentants, majorité républicaine et, surtout, d'option conservatrice (au sens américain du terme) depuis novembre 1994. Depuis cette date, non seulement le Congrès des États-Unis impose une politique de diminution systématique de la charge fiscale exigée du peuple américain, mais les conséquences en sont très visibles sur l'économie du pays. À tel point que le gouvernement Clinton, pourtant hostile à cette réduction d'impôts, cherche cyniquement à en tirer profit. Il est vrai que de prétendus experts ont cherché à démontrer que les économies d'impôts, dont la tendance remonte à l'époque de la présidence de Reagan et du programme d'allégements fiscaux Kemp-Roth de 1981 pourraient entraîner des conséquences négatives pour le Budget fédéral aux alentours de l'année 2013.
National Review remarque notamment que les hausses d'impôts décidées par Clinton, et par la majorité, alors démocrate, en 1993 avaient entraîné des effets catastrophiques immédiats, entraînant un taux d'intérêt trop élevé.
Aujourd'hui Alan Greenspan est conduit à annoncer une hausse des taux d'intérêt parce que l'économie américaine va trop bien Quant au président Clinton, on fait savoir qu'il envisage d'exercer son droit de veto à l'encontre du nouveau programme d'allégements fiscaux proposé par le Sénat à hauteur de 792 milliards de dollars sur 5 ans.
En France nous n'en sommes évidemment pas là.
La baisse mondiale des taux d'intérêts, et quelques données de conjoncture ont permis depuis plusieurs mois au gouvernement d'afficher des statistiques du chômage en diminution, légèrement inférieures à 3 millions. Une démagogie effrénée va jusqu'à associer cette diminution à la loi des 35 heures, qui n'est toujours pas en application. Il est déjà grotesque, de toutes manières, de prévoir qu'elle améliorera le marché de l'emploi. En effet, si la semaine de 35 heures devait " créer des emplois " pourquoi ne pas aller vers une semaine de 4 jours, voire de 30 heures etc. Et Mme Aubry, sans même pouvoir démontrer en quoi sa loi va contribuer demain, si peu que ce soit, à résorber le chômage est encore bien en peine de dire comment l'État va compenser les 40 milliards d'allégements de charges que l'on fait miroiter aux entreprises. Pourtant, d'après loi Veil sur la sécurité sociale de 1994, ce coût devrait être entièrement pris en charge par le Budget de l'État.
Rappelons que le ministre des Finances M. Strauss-Kahn passe pour sérieux auprès de bien des honnêtes gens. Or, ce personnage développe sans broncher la théorie selon laquelle la dépense publique et la pression fiscale seraient "créatrices d'emplois".
Triomphalement aujourd'hui, il annonce un effort pour diminuer le poids technique de la collecte de l'impôt, mais certes pas celui de la fiscalité elle-même. On considère comme une grande victoire qu'elle suive, sans le dépasser, le taux de croissance du PIB.
Certes, occasionnellement, entendra-t-on, en France certains hommes politiques, tel M. Laurent Fabius qui n'exerce aucune responsabilité gouvernementale, suggérer que les prélèvements obligatoires sont trop lourds. Mais on n'a jamais observé, depuis plus de 10 ans, qu'un seul gouvernement français ait entrepris de baisser le taux des prélèvements obligatoires en France, la droite et la gauche n'alternant que pour mieux les alourdir
Les grandes firmes françaises peuvent parfois le supporter, en délocalisant une partie de leurs activités. Les petites entreprises n'en ont pas le loisir, et la France en crève.
JG Malliarakis