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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 5 AOÛT 1999

L'ARROSEUR ARROSÉ

À partir de cet automne un certain nombre de petites échéances vont s'échelonner. Il s'agira, pour les instances corporatistes, de sembler de donner une légitimité démocratique

Nos lecteurs doivent bien maîtriser deux notions essentielles, s'agissant de ces instances et de la manière pratique dont elles procèdent de l'élection.

Première donnée : rien n'y fait, mais d'année en année depuis plus de 30 ans, dans la plupart des cas, la désaffection des professionnels vis-à-vis de ces élections se confirme massivement. Dans les 10 dernières années certaines implantations locales du CDCA se sont essayées à présenter des listes à ces élections.

La première difficulté qu'elles ont eu à résoudre est le manque d'intérêt, voire la suspicion, des adhérents du CDCA, pour lesquels ces Chambres et ces Caisses sont un ramassis de gens excessivement médiocres, absolument pas représentatifs (il y a des exceptions), et le lieu de petites et grosses magouilles. Ce sentiment est partagé par la plupart des commerçants et artisans pour qui l'idée même de présenter une liste, même d'opposition, est une concession à quelque chose de profondément inutile voire néfaste.

L'expérience a prouvé d'ailleurs que le soupçon engendré par cette démarche n'était pas toujours infondé. Parfois, telle démarche de candidature consulaire locale, enfreignant ou cherchant à imposer une exception à telle consigne nationale d'abstention était de la part de responsables le prélude à une scission ou à un retournement de veste. Le résultat, d'ailleurs, permettait de dire " le CDCA n'a été capable de présenter des listes que dans 2 % des chambres, où il a obtenu 30 %, donc il représente 0,6 % des indépendants ". L'expérience d'élu oppositionnel acquise par quelques élus CDCA fidèles (ils existent dans plusieurs départements de métropole et d'Outremer) prouve de toutes manières les limites de cette participation. Un membre oppositionnel d'une Chambre est réduit à un rôle de figurant.

Deuxième donnée : le mode de scrutin n'est pas régulier dans la pratique, et ces élections ne sont pas honnêtes.

Aucun ministre du Commerce et de l'Artisanat par exemple n'a jamais eu le courage, en accord avec le ministre de l'Industrie, de signer le moindre décret abolissant un seul des dispositifs les plus manifestement frauduleux, comme, par exemple, le vote par correspondance qui permet de voter avec les cartes d'électeur consulaire des entreprises disparues qui reviennent au bureau d'expédition. La complicité des politiques et des technocrates avec cette fraude massive en dit long sur leur satisfaction de reconnaître pour interlocuteurs représentatifs des Caisses et des Chambres qui sont élues, en fait par 3 ou 5 % des chefs d'entreprises

Dans les semaines à venir le CDCA et les syndicats amis se concerteront évidemment pour faire face à ces échéances et pour mettre au point leur démarche commune. Nous ne cherchons pas à en préjuger. La dénonciation publique de la fraude sera, de toutes manières, nécessaire.

Mais un autre aspect pittoresque va sans doute confirmer le bien fondé de notre contestation. On vient encore d'aggraver les clauses d'éligibilité. Pour être éligible il faudra prouver que l'on est "à jour de ses cotisations sociales et fiscales".

Or, fait remarquer dans une lettre au Ministre, le président de l'un des derniers syndicats à chercher loyalement à participer à ces consultations, M. Jacques Gerbaut du CID-Unati, "cela élimine 75 % des commerçants et artisans" soumis à des difficultés qu'il juge "passagères".

À vouloir ainsi verrouiller de plus en plus des institutions déjà très impopulaires, nos hommes politiques et nos technocrates, complices des gestionnaires crapuleux des Chambres vont donc les priver de leur dernière apparence de démocratie.

JG Malliarakis

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