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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MARDI 17 AOUT 1999

BAISSER LES CHARGES POUR SAUVER LE REVENU

Ce n’est pas tous les jours que nous empruntons un titre de La Dépêche. Il s’agit, en l’occurrence, du compte rendu d’une conférence de presse de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles du Gers. M. Henri-Bernard Cartier, président de la FDSEA expliquait ce 12 août à Auch les raisons de son pessimisme : "À une récolte très moyenne, baisse des rendements (15 à 20 %) et de la qualité, vont intervenir les accords de Berlin, la modulation des aides de l’État va se désengager des agriculteurs en difficulté…"

La conjonction de toutes ces causes affaiblit, d’année en année, le revenu agricole. Et il s’agit d’une tendance durable en dépit des calculs falsificateurs de l’INSEE.

Le 15 juin dernier l’INSEE publiait ainsi une étude tendant à démontrer que le "revenu agricole moyen" avait progressé en France en 1997 et 1998, contrairement au reste de l’Europe. Mais le nombre des exploitants continue de diminuer. Ce "revenu moyen" est alors comptablement augmenté chaque année du pourcentage d’exploitations agricoles qui disparaissent. C’est un indice sociologiquement d’autant plus faux qu’il mélange les différentes sources de revenu des agriculteurs, subventions et recettes, qu’il se réfère aux revenus bruts, sans tenir compte des charges, et qu’il sous estime les amortissements.

Nous préférons retenir les prix payés aux producteurs qui ont connu en 1998, en moyenne, tous secteurs confondus une baisse réelle de 2,3 %.

Dans de telles conditions, il faut se rendre à l’évidence et le président de la FDSEA gersoise le dit : "L’État doit tout faire pour sauvegarder le revenu en baissant les charges". Certes d’autres urgences vont mobiliser le syndicalisme agricole, et notamment la question de la modulation des aides, qui ne concerne que la France et qui pénalisera certaines régions et de certaines cultures. Dans le département on constate aussi qu’un contentieux oppose 1 500 agriculteurs à la MSA pour des pénalités très anciennes. Et le double étiquetage des fruits et légumes ne résoudra rien…

Les ingrédients d’une nouvelle agitation se trouvent donc réunis.

La référence à la question des charges, dans le discours d’un syndicaliste officiel, nous semble donc importante et significative dans un tel contexte.

L’agriculture est, certes, loin d’avoir le monopole de cette revendication d’une baisse des charges. Patronat et bureaucraties syndicales du Textile, respectivement représentés par le vice-président de l’Union des industries textiles M. Guillaume Sarkozy et par le secrétaire général de la Fédération cégétiste du Textile-Habillement M. Christian Larose se retrouvent d’accord. Interviouvés par Les Échos (3 août) ils réclament à l’unisson un plan de sauvegarde de l’emploi dans l’industrie textile passant par un transfert des charges. Ils demandent le financement par l’État de préretraites permettant d’éponger une partie des pertes d’emploi.

Les deux secteurs sont dans des situations comparables. Si le textile perd 30 000 emplois cette année, l’agriculture voit baisser de 40 000 à 50 000 par an le nombre des exploitations depuis plusieurs années (passés de 900 000 à 600 000 entre 1991 et 1998).

Cependant, nous nous trouvons en face d’un choix. Les dirigeants corporatifs du Textile envisagent une formule de transfert de charges, telle que l’Agriculture en connaît depuis 1962, date de la création du BAPSA. Or, les exploitants actuels constatent que cette logique ne permet plus de sauver leur revenu dans un contexte de baisse des prix agricoles. Le caractère européen des subventions et le caractère mondial du marché empêcheront de plus en plus les transferts de charges et les politiques dirigistes. Une partie des agriculteurs sera donc amenée à se tourner vers les formules de baisse des charges telles que nous les préconisons depuis plusieurs années : la remise en cause des charges indues, la suppression des monopoles sociaux, l’élimination de la dette issue de l’époque dirigiste à prix protégés.

Les agriculteurs étant des entrepreneurs individuels on a le droit d’espérer qu’ils revendiqueront la Liberté plus vite que ne le font industriels et syndicalistes du Textile.

JG Malliarakis
© L'Insolent
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