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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MERCREDI 18 AOÛT 1999

DÉFAILLANCES DU SERVICE PUBLIC…

Depuis plusieurs jours on pouvait s'y attendre. Et puis cela a commencé bizarrement le 15 août par un article du Journal du Dimanche faisant état des préoccupations de l'humaniste bien connu M. Gayssot notre incontournable ministre des Transports.

M. Gayssot fait un écho bien compréhensible à l'émotion de braves gens indignés par les mesures d'exclusion prises par Air France "la compagnie nationale", à l'encontre successivement d'un trisomique puis d'un obèse. M. Gayssot n'en a pas l'air, mais il est instruit des choses administratives. Et il observe dans cet article qu'Air France devrait changer son règlement.

Le lendemain, 16 août, dans Le Parisien, qui, Aujourd'hui, n'est, certes plus libéré, c'est le président imposé par M. Gayssot à la présidence d'Air France, M. Jean-Cyril Spinetta qui attaque, sur un tout autre sujet. Il s'agit des invraisemblables et préoccupants retards des avions. L'offensive est bien souvent la meilleure manière de se défendre. En l'occurrence elle consiste à dire que ces retards inadmissibles, dommageables, scandaleux, sont dus à 75 % à des causes étrangères aux compagnies aériennes. Remarquons au besoin que, même à s'en tenir à ce pourcentage, Air France serait bien avisé de nous indiquer ce qui est vraiment fait par elle-même pour éliminer les 25 % restant lesquels sont dus, de son propre aveu, aux dysfonctionnements de la compagnie. À vrai dire nous serions heureux de posséder des comparatifs permanents établis par des organismes indépendants.

Chose étonnante, et probablement ni innocente ni fortuite, le surlendemain des déclarations de M. Gayssot, hier 17 août, le "scandale des retards d'avions" faisait alors la première page de la plupart des journaux. Le quotidien de la bourgeoisie parisienne Le Figaro lui consacre 3 colonnes à la une. Le titre est "Retard des avions : les vraies raisons" avec comme sous-titre explicatif : "Augmentation du trafic, absence d'unification du contrôle aérien et création de plates-formes accentuent les perturbations". Oubliés les 25 % de retards qu'Air France reconnaît, en tout état de cause, comme étant de sa responsabilité !

Y aurait-il connivence entre Le Figaro et MM. Gayssot et Spinetta ? Ou bien faut-il mettre cette convergence sur la gaîté et la sottise spontanées, naturelles à la rédaction du grand quotidien bourgeois ? La question ne sera pas posée. Dans l'esprit de beaucoup de Français Air France est un des joyaux de la couronne. On ne saurait critiquer la compagnie nationale. Et si cette compagnie commet des erreurs on attend de l'État qu'il la corrige comme dans une pièce du théâtre classique où le Deus ex machina, vient châtier les méchants au nom du grand Roi (Nous vivons sous un prince ennemi de la fraude). Merci Oncle Gayssot de vouloir réformer le règlement de la compagnie nationale Air France au profit des gentils handicapés cruellement exclus.

Oublions donc, c'est tellement plus commode, que, par définition, c'est toujours le règlement qui exclut et c'est toujours l'esprit commercial qui accommode.

Interrogeons-nous un instant sur la cause centrale désignée par les médiats, cause qui a toujours été soulignée par les compagnies aériennes tant publiques que privées. Cette cause c'est le contrôle aérien. Les défenseurs du monopole voudraient le voir plus centralisé encore. Techniquement peut-être ont-ils raison. Notons alors que si le caractère de service public d'Air France nous paraît non seulement périmé mais bien plus encore inacceptable, celui du contrôle aérien semble plus crédible. Dire que le contrôle aérien est défaillant c'est admettre que le service public est défaillant et que son impéritie cause un tort considérable au transport aérien, aux compagnies (la prochaine fois, je prendrais le train !… Et la SNCF fait grève !) et aux voyageurs…

Un État qui n'est pas capable de prévoir le trafic aérien dans le ciel du lendemain n'est pas capable de prévoir grand-chose. Lui confiriez-vous votre épargne en vue de vos vieux jours ? Certes non ! Ce serait folie !

JG Malliarakis
© L'Insolent
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