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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
JEUDI 19 AOÛT 1999
Quand le double étiquetage se révèle
"inefficace et fantaisiste"
Nous l'avions annoncé (cf. notre bulletin du 16) le double étiquetage des fruits et légumes ne résout rien. De la sorte, tous les ingrédients de l'agitation agricole étant réunis, elle va se trouver, dans les faits, largement encouragée par l'attitude doublement absurde et démagogique des pouvoirs publics et du ministre de l'Agriculture M. Jean Glavany.
Ainsi, hier soir, en Avignon, des agriculteurs du Vaucluse protestaient contre les prix de vente de leurs fruits et légumes à la grande distribution jugés trop bas. Ils ont symboliquement sacrifié 15 tonnes de poires .
Cette opération spectaculaire, mais nocturne, s'est déroulée aux alentours de 23 heures. Le commando composé des activistes habituels de la FDSEA et du CDJA a déversé une partie des fruits devant un supermarché, et le reste devant la permanence électorale du député socialiste Mme Cécile Helle, suppléante du garde des Sceaux Mme Élisabeth Guigou.
Déjà, le 14 août, quelque 200 manifestants avaient bloqué le centre de la cité des Papes, lors d'une opération baptisée "éclipse". Il s'étaient alors emparé de plusieurs centaines de chariots dans deux supermarchés, pour les déposer, d'abord devant la Direction départementale de l'agriculture et la Préfecture. Puis ils avaient aimablement laissé les 250 chariots restants devant la permanence de Mme Helle.
Cette fois, les manifestants de la FDSEA et du CDJA sont allés un peu plus loin dans la violence. Ils ont forcé le portail de l'immeuble résidentiel, rue de la Synagogue, abritant la permanence pour pouvoir entrer en camion.
Venus plus particulièrement du bassin de production provençal de Cavaillon, les agriculteurs avaient averti la presse un quart d'heure avant l'opération.
Ils réclament une hausse des prix d'achat au producteur, Cela n'est guère original, et le gouvernement fait semblant de les encourager, de les soutenir et de leur donner raison sans permettre de dessiner les perspectives d'une solution.
Ce qui nous paraît plus significatif c'est de les voir dénoncer, avant même sa mise en place véritable, le système du double affichage des prix
Ils le jugent "inefficace et fantaisiste". Nous partageons cette conviction. Même le quotidien gouvernemental Le Monde (18 août) concédait que "Le double affichage des prix de neuf fruits et légumes décidé par le ministre de l'agriculture, Jean Glavany, peine à se mettre en place et ne donne pas encore tous les effets escomptés."
Ils ont affirmé qu'ils "renouvelleront ce genre d'opération". Nous leur faisons confiance pour prouver que leur détermination n'est pas "du cinoche". Nous remarquons qu'ils sont loin d'être seuls. Le 16 août, à Millas dans les Pyrénées-Orientales, des producteurs avaient déjà déversé 30 tonnes de pêches à l'entrée de la ville. Soutenus par le Centre départemental des jeunes agriculteurs et le syndicat des maraîchers des Pyrénées-Orientales, ils avaient officiellement dénoncé, eux aussi, dans le double affichage une "opération de saupoudrage".
Nous nous demandons toutefois, de même que pour les manifestations d'autres syndicats pourquoi la répression est "à deux vitesses" selon que l'on est catalogué comme un bon ou comme un mauvais syndicat.
Le double étiquetage relève d'une démagogie cherchant à dresser l'agriculture contre le commerce. Elle se révèle déjà plus dommageable pour les petits détaillants que pour les grandes surfaces. Elle n'apporte rien aux exploitants agricoles.
Nous aimerions donc connaître quelle autre perspective que la baisse des charges les dirigeants de la FNSEA et du CNJA proposent pour sauver le revenu des agriculteurs.
JG Malliarakis