Sur la montÉe des manifestations d'AntiamÉricanisme chez les agriculteurs
Un dérivatif commode...
Depuis plusieurs jours les manifestations d'antiaméricanisme des agriculteurs, principalement dans le sud ouest est en train de devenir un phénomène que les pouvoirs publics auraient rot de sous estimer. Cela était prévisible et nous prions ceux qui nous suivent de se reporter à nos bulletins précédents.
Depuis le 29 juillet le ministre de l'Agriculture M. Jean Glavany est en conflit avec les principales organisations sur la question de la modulation des aides et sur celles des Contrats territoriaux d'exploitation. Il ne doit guère être mécontent de voir se développer un pareil exutoire. On remarquera par exemple qu'après l'occupation bon enfant du Mac Donald d'Auch, la seconde opération anti MacDonald's, la première violente, à Millau a été fomentée par la Confédération paysanne (cf. notre bulletin du 16). Or le responsable Confédération paysanne de ce saccage M. José Bové, qui vient d'être mis en examen et écroué à la maison d'arrêt de Montpellier s'était présenté volontairement au palais de justice de Millau. Et à sa sortie du palais de justice, son avocat, Me Roux, s'est contenté d'indiquer à la presse qu'il était "très surpris de la sévérité" de cette décision. Tout semble indiquer que des encouragements, peut-être même des assurances d'impunité, ont du être donnés à la Confédération paysanne seule organisation agricole alliée à M. Glavany dans la question de la modulation des aides.
La réaction scandalisée hier matin du Figaro (19 août) plaignant les pauvres "boucs émissaires de l'antiaméricanisme" avait, par exemple, quelque chose de risible. On se demande, au vu de l'incarcération de M. Bové, si elle ne visait pas à dénoncer l'instigation ministérielle de ces manifestations. Le pouvoir s'est trouvé dans l'obligation de se montrer sévère, quitte à trahir certaines assurances d'impunité et à incarcérer pour quelques jours l'allié du pouvoir qu'est M. Bové, comme l'est sa Confédération paysanne
Nous disons que la réaction du Figaro a quelque chose de risible car sur le fond l'attitude du gouvernement américain est difficilement acceptable du point de vue sanitaire européen (il prétend nous imposer la consommation du buf aux hormones cancérigène) comme du point de vue du libre échange puisqu'il taxe à 100 % un certain nombre de produits européens tel le roquefort, le foie gras, etc. S'en prendre symboliquement à la chaîne Mac Do et au Coca Cola, c'est peut-être critiquable du point de vue de l'efficacité, c'est probablement un dérivatif astucieux destiné à détourner les Français de leurs vrais problèmes et de leurs vrais nuisances qui sont à Paris, et pas à Washington, ni à Bruxelles. Ce n'est ni une atteinte aux Droits de l'Homme ni un outrage au souvenir du débarquement de 1944. La "Croisade antiaméricaine des agriculteurs du Sud-Ouest" (AFP 19 août à 12 h 23) n'est quand même, pour l'instant, pas bien méchante.
Si ce qui n'est actuellement qu'un dérivatif commode continue de se développer, si notamment le pouvoir s'engage dans un processus de répression en demi-teinte, les choses peuvent prendre un tour inattendu. Les prises de position se multiplient. Alain Soulié, président aveyronnais du Syndicat des producteurs de lait de brebis : "Nous sommes directement touchés par la guerre commerciale engagée autour du buf aux hormones, nous sommes victimes du chantage américain. C'est pour cette raison que nous visons les McDonald's, symboles de la multinationale et de la mal-bouffe américaines". Jacques Laigneau, président d'honneur gersois de la Coordination rurale : "Ces opérations devraient sensibiliser l'opinion à l'opposition de fond qui existe entre la culture du terroir et la culture McDo. Les Américains voudraient faire manger la même chose au monde entier mais cette concentration de l'offre alimentaire aboutit à une dégradation de la qualité et fait courir de grands risques sanitaires aux consommateurs". Bigre.
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