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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
JEUDI 30 DÉCEMBRE 1999

L'EURO UN AN APRÈS...

L'ineffable Trichet
se donne encore spectacle

 Une dérive inquiétante
qui dépassera 7 % en décembre

Wim Duisenberg
dirige-t-il l'Europe monétaire ?

Contrairement à la plupart de nos amis libéraux français, contrairement à des économistes aussi autorisés que MM. Pascal Salin, Jacques Garello ou Jean-Jacques Rosa, unanimement critiques vis-à-vis de l'Euro, nous avons jugé nécessaire de ne pas prendre position radicalement contre l'Euro. Et nous sommes portés à penser, en général, que globalement, l'Union monétaire européenne doit encore être considérée comme une bonne idée. L'existence d'une monnaie commune en Europe nous semble plutôt désirable comme facteur de progrès économique et de liberté sociale.

Or, il convient de bien rappeler la distinction : monnaie commune, monnaie unique. Cela est beaucoup plus qu'une nuance. Il n'est pas certain, par exemple que le franc français soit approprié comme monnaie unique en France et on en voudra pour simple preuve qu'il n'a pas le même pouvoir d'achat à Paris et en Région. A fortiori, la monnaie unique européenne créera d'évidentes distorsions.
Premier constat : on a instauré l'Euro en théorie comme monnaie unique. Et désormais l'Euro existe. Mais il est loin d'être établi qu'il fonctionne vraiment déjà en pratique la monnaie commune. Qui fait attention par exemple aux valeurs exprimées en francs et que les dépêches d'agence reconvertissent en Euro ? Qui calcule son salaire ou son budget en Euro ? Le double affichage des prix est systématique dans 87% des hypermarchés français et il n'est qu'un objet de curiosité que pour 2 consommateurs sur 3. La proportion d'entreprises ayant basculé leur comptabilité en euros s'échelonne actuellement entre 0,3% aux Pays-Bas et 7% au Luxembourg

Deuxième constat : les fondateurs de l'Euro développaient un discours assez pompeux sur le thème "l'Euro monnaie forte et puissante". Croyant que l'union fait toujours la force, croyant également que la puissance d'une économie se mesure au cours de sa devise, ils se gargarisaient de son cours au 1er janvier 1999. Or, par rapport au dollar, dont les autorités monétaires américaines (contrairement à celles de la plupart des nations) n'ont pratiquement jamais cherché à ce qu'il soit surévalué l'Euro a perdu en gros 10 % de sa valeur en un an. Il était passé au dessous d'un dollar (0,999 $) le 3 décembre, soit une dépréciation de 15 % en 11 mois. Il a légèrement remonté depuis lors (1,06$).

Cette dépréciation nous semble d'ailleurs plutôt une bonne nouvelle, et si l'Euro pouvait valoir constamment un dollar, cela nous semblerait une meilleure nouvelle encore. En effet le dollar est une monnaie gérée indépendamment des hommes politiques américains, qui sont bien obligés de respecter l'indépendance de la Réserve Fédérale. Le dollar étant la monnaie mondiale, apprendre aux Européens à compter, et à échanger, en monnaie mondiale serait leur faire accomplir un grand progrès.

Nous sommes cependant loin du compte.
Les souverainistes, et notamment la CGT, croient que la Banque centrale européenne imposera une gestion conservatrice (ils disent "ultra-libérale") de la monnaie. Comme toujours les souverainistes et la CGT se trompent. Doublement. D'une part, ils croient qu'une telle gestion rigoriste serait synonyme d'une austérité qui serait dommageable aux citoyens. Ils appellent austérité l'absence de démagogie. D'autre part, ils imaginent qu'à Francfort, "loin du peuple", les dirigeants de la BCE imposeraient leurs vues.

En réalité on sait aujourd'hui que la politique monétaire de l'Europe est en train de tourner au laxisme. En 1999 l'offre de monnaie en dans la Zone Euro) aura progressé de 5,7% en moyenne (agrégat M3). Elle n'a cessé de s'accélérer depuis le 1er janvier, passant de 5,3% environ à 6,2%, ayant vocation au cours du mois de décembre à atteindre 7,2%.. Diverses raisons techniques sont invoquées, comme le passage à l'an 2000!

Or la BCE a fixé à 4,5% le niveau au-dessus duquel la croissance de l'offre de monnaie créerait un retour de l'inflation, et par conséquent une dévalorisation dommageable de la monnaie européenne.

Il y a donc lieu de s'inquiéter pour l'Euro...

JG Malliarakis
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