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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 6 JANVIER 2000

LA NOMINATION DE Melle PARLY...

Parlant de la nomination de Melle Parly nouvelle secrétaire d'État au Budget, Éric Aechimann, ordinairement lucide, commençait ainsi son article dans Libération (4 janvier) : "C'est ce qu'on appelle une belle opération de communication."

On devrait, quand même, se méfier des opérations de communication. Elles font parfois réfléchir les braves gens. Et c'est fort dangereux...

La nomination de Melle Parly au secrétariat d'État au Budget est ainsi présentée comme une promotion de la femme.

Elles sont 11 sur 29, dit-on, dans le gouvernement. On voudrait bien savoir ce que cela change. Mettre une énarque à la place d'un énarque, ce n'est pas un promotion de la femme : c'est une conservation de l'Énarchie.

En fait, la nomination de Melle Parly est celle d'une technocrate de 36 ans, conseillère de M. Jospin depuis 1997, c'est-à-dire depuis 2 ans, sortie de l'ENA en 1987 pour occuper successivement des fonctions entre Bercy, l'Intérieur et l'Équipement.
Elle la fille de la directrice de cabinet de M. Claude Allègre. Un grand communiquant, lui aussi, pour sûr... À devenir dynastique, le sérail gouvernemental nous est donc présenté comme promotionnant la femme. Par rapport au sérail ottoman, cela est peut-être vrai. Dans la France actuelle, cela est un peu gros.

Melle Parly était déjà, au cabinet de Jospin, chargée de conseiller le premier ministre. Elle va continuer, au sein de l'administration de Bercy, dont le elle est issue, à se livrer à l'arithmétique trompeuse, imperturbablement appelée méthode Jospin.

Cette méthode de gouvernement n'est qu'une astuce de communication.

Ce personnage nous semble donc parfaitement emblématique de l'oligarchie régnante..

Or, la nomenclature d'État méprise tellement le peuple qu'elle ne se rend même pas compte quand elle l'insulte. Ainsi Melle Parly affirmait sur France 2 en 1998 qu'elle "préférait le service de l'État à la vente des savonnettes", c'est-à-dire au travail productif quotidien de tous les Français ordinaires.

On veut bien croire à cette préférence.

Déjà la Cour de Versailles trouvait encore en 1788 que la soupe était bonne.
Mais quels qu'aient pu être les défauts de la cour de Versailles, même en 1788, nous nous en voudrions d'injurier à la mémoire des rois de France en omettant de rappeler ce que Louis XVI lui-même écrivait à propos du Commerce.

"Le commerce est pour un peuple le plus sûr moyen de s'enrichir; une nation qui veut le faire fleurir doit être laborieuse, constante, sincère, sûre, fidèle et commode pour les étrangers.
Bien loin de gêner les marchands par des impôts, le prince doit leur laisser le profit direct du commerce puisqu'ils en ont toute la peine; il doit promettre des récompenses à ceux qui  pourraient procurer au royaume celui de quelque nouvelle nation, et surtout laisser sur ce sujet une entière liberté.
Lorsque le commerce est libre dans un État, tout ce qui y entre est utile, et tout ce qui en sort laisse en sortant d'autres richesses à sa place."

Cette citation nous change fort du mépris flagrant, et d'ailleurs affiché, pour le commerce venant des réprésentants de notre classe dirigeante actuelle, si républicaine qu'elle se prétende... (cf notre Courrier du 4 janvier).

Et dire que c'est ce roi, ami des commerçants et des artisans, que les Français, – ou plus précisément : les hommes de l'État, — ont guillotiné !

JG Malliarakis
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