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COURRIER DES LIBERTÉS
SOCIALES
LUNDI 10 JANVIER 2000
ON PEUT TROUVER TOUJOURS PIRE...
"Quand
on ne cherche pas à être le premier, à le devenir ou à
le rester,
On ne devient pas le second, on tombe fatalement le dernier." Lyautey
Comme en Italie, comme en Espagne, comme au Portugal, et même comme en France, la sécurité sociale grecque est l'héritage d'une dictature. Elle a été mise en place par le gouvernement Metaxas (1936-1941).
Ce legs du fascisme est demeuré la base d'un régime de retraites par répartition et d'une assurance maladie monopolistique obligatoire. Ici, le pivot central est l'IKA, Fondation pour les assurances sociales établie à l'époque. Les entrepreneurs individuels sont affiliés obligatoirement à la Caisse de l'artisanat et du commerce, la TBE.
Or, ces régimes maladie couvrent essentiellement les dépenses effectuées dans le système public de soins, développé au milieu des années 1980, comparable, dans son principe, au NHS britannique ou au HMO américain. Disposant de moyens et de budgets moins généreusement gaspillés, le système médical grec est donc probablement meilleur à certains égards. Il est tout de même fort médiocre et décrié.
Le régime monopoliste maladie ne rembourse pas, pour l'essentiel, les soins dispensés dans le secteur privé...
Nous sommes donc en présence d'un système doublement monopoliste.
Pour les raisons décrites plus haut, la majeure partie des indépendants grecs ont donc contracté une deuxième assurance auprès de compagnies privées. La plus importante d'entre elles est Interamerican. Comme son nom ne l'indique pas à première vue, cette compagnie est essentiellement détenue par des capitaux grecs. Elle est contrôlée par le groupe Kondominas. Cotée à la Bourse d'Athènes, elle représente la plus grosse capitalisation des compagnies d'assurances du pays, avec 885 milliards de drachmes (pour un PE ratio de 37, considéré comme très raisonnable dans le contexte du marché financier local), soit une valeur 2,76 milliards de $ environ aux cours du 7 janvier. On n'est donc plus tout à fait ni dans la marginalité ni dans l'artisanat.
Or, ces contrats privés d'assurance maladie couvrent aussi bien les soins dispensés dans le privé que dans le public. Il y a donc une situation de double assurance créée par le (double) monopole d'État. Situation pire encore que celle de nos assurances dites complémentaires.
Il paraîtrait difficile qu'une telle situation ne trouve pas sa sanction juridique dans le cadre de l'Europe, à l'occasion d'un recours contre l'État grec ou contre la TBE devant la Cour de justice des communautés européennes à Luxembourg. En Droit communautaire strict rappelons même qu'un tribunal national pourrait parfaitement, et devrait, s'ériger en juge européen et casser un double monopole si évidemment contraire à toutes les règles.
Pour compléter le tableau, on soulignera que le contentieux des caisses semble particulièrement pourri. Un fraudeur débrouillard trouvera, sans difficulté, dit-on, moyennant un dédommagement "honnête" un accord intuitu personæ avec le responsable de son dossier personnel, aboutissant à un classement vertical de celui-ci tous les 5 ou 7 ans...
Est-il alors consolant pour l'assujetti du système français d'avoir ainsi l'occasion de découvrir une situation apparemment pire que la leur? Même pas!
La Grèce en effet, depuis l'arrivée au pouvoir de Costas Simitis ("le Rocard grec"), s'évertue à corriger un héritage étatiste très lourd. Le gouvernement conduit une politique de convergence monétaire qui devrait faire dans quelques semaines de la drachme la 12° monnaie de l'Euro. Ceci lui a permis de diminuer sensiblement son déficit budgétaire passant de 10 % à 2 % du PIB. L'évolution monétaire de la Grèce est comparable à celle de l'Italie. En 1996-1997 le gouvernement Juppé et le président Chirac s'évertuaient, en vain, d'exclure la lire italienne de la future zone euro.
Aujourd'hui, les déficits de l'Italie et de la Grèce sont à 2 %. Celui de la France piétine 2,2 %... C'est le plus fort de la zone euro!
On trouve donc toujours pire !
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