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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MERCREDI 12 JANVIER 2000
UN DÉBAT HOULEUX SUR L'AVENIR DES RETRAITES
Nous avons déjà souligné (cf. notre Courrier du 3 janvier) combien il était scandaleux de demander à M. Teulade un rapport sur l'avenir des Retraites.
Âgé de 68 ans M. Teulade n'a d'autre compétence que celle d'être bien en cour. Son projet d'avis sur l'Avenir des retraites était présenté ce mardi 11 janvier au Conseil économique et social, Il a donné lieu à des débats mouvementés. La séance a été marquée notamment par le départ de la délégation patronale, car celle-ci juge le texte "inamendable".
Ces discussions précèdent chronologiquement, et elles tendent à préparer l'opinion à l'annonce d'orientations sur les retraites qui doivent être faites par M. Jospin en février. Or elles se sont déroulées en l'absence de représentants du gouvernement. Plusieurs intervenants ont regretté cette lâche désertion. Celle-ci vient à un moment où le premier ministre parle sur un ton d'autosatisfaction incroyable Au point que M. Devedjian, porte-parole du RPR, se demande s'il va "passer par les portes tellement il est content de lui".
M. Teulade a défendu son texte et il a évidemment prétendu qu'il était le fruit du "travail collectif" de la section des affaires sociales du Conseil. Il est même allé jusqu'à dénoncer, avant que s'ouvre toute discussion, "l'opposition artificielle" faite entre ce rapport et celui du commissaire au plan, Jean-Michel Charpin.
La "principale différence", selon lui, serait que M. Charpin propose des "mesures étalées sur 20 ans" alors que "dans notre projet d'avis, nous avons choisi de nous en tenir, pour les évolutions prévisibles, à un horizon de 10 ans et à une échéance de 3 à 5 ans pour les mesures que nous préconisons".
Nous l'avons indiqué pour notre part le janvier, et Libération (28 décembre) l'avait remarqué, l'échéance qui intéresse MM. Teulade et Jospin, sera celle de 2002.
À cet horizon proche, "la croissance jouera un rôle majeur" pour résoudre le problème du chômage et des cessations anticipées d'activités. Il s'est élevé contre "l'incompréhension fondamentale", relayée par les médiats, sur "ces fameux 3,5 % de croissance pendant 40 ans sur lesquels compterait le Conseil économique et social pour financer les retraites".
"Il ne s'agit, dit Teulade, en aucune manière d'une prévision" mais d'un taux "effectivement très élevé" qu'il faudrait d'ici 2040 "pour financer les retraites sans aucune réforme et sans augmenter le poids des dépenses de retraite dans le PIB", a ergoté l'ancien ministre de la sécurité sociale du gouvernement Bérégovoy, préconisant des "adaptations progressives et concertées" des systèmes de retraite.
Il propose de remplacer les cessations anticipées d'activité par des "dispositifs souples de préretraite et de retraite choisies et progressives" et de "garantir le juste remplacement du salaire par la retraite" Ceci tout en prétendant augmenter la population active occupée !
À la suite de ce petit délire, le vieux crocodile Philippe Dechartre, qu'on croyait aux oubliettes et qui siège au Conseil économique et social, a tenté de faire reporter le débat "pour rechercher un plus large consensus" et saisir "dans les 15 jours" les sections des finances et de la conjoncture. Cette motion préjudicielle a été soutenue par les représentants des entreprises privées et publiques. Elle a été repoussée, après deux heures de débat, par 125 voix contre 47 et 10 abstentions. Les représentants des bureaucraties syndicales, avaient mis en garde contre le risque "d'enterrer le rapport", si les débats étaient reportés. La CFDT a voté contre la motion Dechartre, et s'est donc distinguée du groupe des entreprises dont elle est habituellement solidaire.
M. Arnaud Leenhardt, représentant du MEDEF, a estimé le texte de Teulade "inamendable".
Il a donc annoncé que les représentants des entreprises privées ne participeraient pas au débat et voteraient contre le rapport.
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