Revenir à la page d'accueil ... Accéder à nos archives ...
COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
LUNDI 17 JANVIER 2000
BONNES GRÈVES ET MAUVAISES GRÈVES
Nous ne nous sommes pas engouffrés dans le "soutien" gesticulatoire et inconditionnel aux transporteurs routiers en grève au début de la semaine écoulée.
À cela on donnera plusieurs raisons sérieuses :
Cette grève attentait à la libre circulation en Europe. Le risque était paradoxalement de renforcer le discours dominant du Ministre des Transports M. Gayssot, dont la dialectique consiste à dire : obligeons nos partenaires au sein de l'Europe à s'aligner sur les législations sociales et fiscales françaises. Ce risque n'est nullement éteint car les centrales syndicales de fonctionnaires des Transports publics et de salariés du Transport privé envisagent de relancer le mouvement sur ce thème. CGT, CFDT, FO et CFTC ont appelé les salariés du transport routier de marchandises à une journée d'action le 31 janvier pour appuyer leurs revendications sur les 35 heures.
Le deuxième défaut de cette grève corporatiste était de mettre en cause seulement des aspects secondaires, certes en voie d'aggravation mais tout de même périphériques de la situation sociale faite aux entreprises françaises. Les 35 heures seront une nuisance mais cette nuisance se révélera quand même relativement très minime par rapport au poids des charges sociales et au code du Travail.
On remarquera cependant qu'en 48 heures cette grève, la première grève de l'an 2000, ayant mobilisé quelque 2 000 camions et bloqué en 51 barrages les accès routiers de l'Hexagone semble se traduire par un succès. Dans la nuit du 11 au 12, les entrepreneurs ont arraché au Ministre des Transports les concessions suivantes :
1° Les dérogations à la loi sur les 35 heures seront étendues à l'ensemble des routiers. La durée du travail devrait ainsi être réduite à 220 heures par mois et au maximum 56 heures hebdomadaires pour les grands routiers et à 208 heures mensuelles avec un plafond hebdomadaire de 48 heures pour les autres.
2° Un arrangement sur le prix du gazole est prévu. Celui-ci a augmenté de 31 % depuis un an, Le volume annuel de gazole donnant lieu à remboursement partiel de la Taxe intérieure sur les produits pétroliers sera porté de 40 000 à 50 000 litres. Le tonnage des véhicules concernés est abaissé de 12 tonnes à 7,5 tonnes. De plus, ce remboursement, qui intervenait en fin d'année jusqu'alors, sera effectué semestriellement pour alléger la trésorerie des entreprises de transport.
On a vu mieux, mais on a vu pire aussi. "Il y a plus cher mais c'est moins bien" disent les publicitaires italiens "Je souhaite, a dit sobrement le ministre capitulant, que les barrages soient levés". Quant aux organisations grévistes, elles ne cachent pas leur satisfaction : M. René Petit président de la FNTR Fédération nationale du transport routier et M. Jean-Louis Amato président de l'UNOSTRA Union nationale des organisations syndicales des transporteurs routiers automobiles déclarent respectivement, pour l'un, que les engagements du ministre semblaient "correspondre aux attentes de la profession". Et pour l'autre "Le message est passé, nous avons défendu l'emploi et les entreprises"
Il est donc significatif de voir la rage avec laquelle Le Monde (15 janvier) stigmatise "le mauvais combat des patrons". C'est signé de M. Frédéric Lemaître. Tout est bien amusant à lire dans ce petit "poulet". Dommage que ce Monsieur ignore qu'au Chili le régime d'Allende a été renversé dans le contexte d'un grève des routiers, que n'aurait-on pas lu ? M. Lemaître conseille notamment aux entrepreneurs du transport d'améliorer leur image de marque en renonçant à leurs revendications et à la gêne occasionnée. Donnera-t-il donc le même sage conseil aux bureaucraties salariales dans le cadre de leurs mouvements futurs, et notamment celui du 31 janvier ?
JG Malliarakis
Revenir à la page d'accueil ... Accéder à nos archives ...
Vous pouvez aider l'Insolent ! : en faisant connaître notre site à vos amis en souscrivant un abonnement payant
© L'Insolent ...