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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MERCREDI 2 FÉVRIER 2000

QUAND L'ETAT GENERE LES CONFLITS

lui, qui prétend les résoudre...

Non, décidément, les choses ne vont pas bien, sur le terrain social. Certes, la CGT porte une part importante de responsabilités. Elle cherche probablement à pousser certains avantages en cette année dépourvue d'échéances politiques et de sanctions électorales. Mais on doit reconnaître aussi qu'elle n'est pas seule en cause et, d'autre part, qu'on a du mal à distinguer ce qui est du lot de la CGT et du lot du gouvernement dans les responsabilités des différents conflits qui empoisonnent actuellement la vie du pays.

Globalement en effet, Libération (1er février) peut écrire sans être contredit que "Les 35 heures, [sont le] détonateur du mécontentement : À chaque fois, les conditions d'application de la réduction du temps de travail nourrissent les inquiétudes des salariés. Dans chaque cas, le ministre concerné est interpellé, qu'il s'agisse de Jean-Claude Gayssot pour les Transports ou Martine Aubry en ce qui concerne la Santé et la Sécurité sociale. Même Claude Allègre est concerné : dimanche, sur France 3, il a laissé entendre que les enseignants n'avaient rien à attendre des 35 heures. De quoi justifier une journée d'action de certains syndicats aujourd'hui pourtant consacrée à d'autres revendications."

Mme Notat de la CFDT s'est félicitée de ce climat de mobilisation : " Dans un certain nombre d'entreprises, il faut faire valoir un peu de manifestations, faire monter les revendications, quand ça ne va pas de soi. C'est bien ainsi et c'est une des manières à laquelle il va falloir s'habituer. "

Dans les transports publics urbains, la CFDT et le patronat ont signé en 1998 un accord de branche sur les 35 heures. Ceci les amène à exiger de M. Gayssot ministre des Transports qu'il abroge le décret organisant le temps de travail dans le secteur. Ce texte remonte à l'an de grâce 1942. Son maintien empêcherait l'application de l'accord. La CFDT a donc organisé des débrayages hier sur ce thème dans un certain nombre de villes (Brest, Angers, Bordeaux, Toulouse, Annemasse…). La CFDT accuse le ministre des Transports de se " conduire comme un soutien de la CGT, voire du Parti communiste ". La CGT et Force ouvrière, opposants à l'accord de branche appelaient hier (1er février) à la grève pour exiger de M. Gayssot qu'il maintienne le décret de 1942… Saint-Étienne, Toulouse, Lorient, Reims, Corbeil-Essonnes, Forbach et Sète sont affectés par le conflit.

Dans les transports routiers, 70 barrages étaient mis en place avant-hier (31 janvier), la CGT et ses acolytes cherchant à frayer une voie à M. Gayssot pour lui permettre d'imposer une réduction autoritaire du temps de travail dans un métier où les 35 heures sont inapplicables.

Dans les organismes sociaux, les 300 000 salariés seront demain (3 février) appelés par la CGT, FO et les autres, à une grève pour l'application des 35 heures et pour obtenir le recrutement de nouveaux personnels dont le MEDEF ne veut pas. Or, le MEDEF préside les organismes sociaux et notamment les Urssaf…

Dans la fonction publique, l'application des 35 heures est encore une terre lointaine. Le gouvernement espère parvenir à un " accord-cadre " avant la mi-février : création d'emplois, garanties statutaires, calendrier et procédures des négociations. La seconde étape est prévue pour avril. Certes, l'absence d'accord-cadre pour l'ensemble des fonctionnaires n'empêcherait pas la poursuite des négociations. Mais ce serait un échec ridicule pour le gouvernement.

Le dossier le plus conflictuel est celui des hôpitaux. La réduction du temps de travail se combine à la recomposition de la carte hospitalière lancée depuis deux ans. Celle-ci imposera la fermeture de certains services et le redéploiement de moyens. Et les fonctionnaires hospitaliers comparent leur situation avec leurs collègues du privé, qui, eux, doivent passer aux 35 heures dans le cadre de la loi Aubry.

L'enjeu de l'hôpital public est d'autant plus intéressant pour le microcosme politico-syndical que Martine Aubry en personne a la tutelle de l'ensemble de ce dossier…

JG Malliarakis

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