COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MARDI 8 FÉVRIER 2000
L'AS-TU VUE LA CAGNOTTE, LA CAGNOTTE
La cagnotte fiscale du gouvernement est comme la casquette du Père Bugeaud, " Si tu ne l'as pas vue, tu la verras, elle est sur sa tête. " Et quand M. Jospin affirme qu'elle n'existe pas, son nez remue. Il remue tellement que l'on annonce pour demain mercredi 9 février le dernier état de la vérité gouvernementale officielle.
"Cette fois ils vont dire la vérité". Promis, juré, craché.
Ah ! Comme ils sont crédibles !
Les Échos avaient relancé ce faux débat, si flatteur pour le pouvoir, le 1er février. Ce jour-là, le quotidien économique"révélait" que les plus-values fiscales en France en 1999 dépasseraient les 40 milliards de francs, en raison d'une nouvelle "cagnotte" de 20 milliards de recettes. Le quotidien "espérait" ainsi que le ministre des Finances Christian Sautter et la secrétaire d'État au Budget Florence Parly rendraient publique cette nouvelle très prochainement, et peut-être même à l'occasion de leur audition à la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale.
Sous le nom de cagnotte fiscale on désigne un dépassement, (peut-être) à hauteur de 40 milliards de francs, des prévisions de la loi de Finances initiale présentée et votée pour l'année 1999 à l'automne 1998.
Cette abondance de recettes fiscales aurait pu simplement permettre à M. Sautter et à Mlle Parly d'annoncer une baisse du déficit budgétaire pour 1999.
Cette prétendue "cagnotte fiscale" n'en finit cependant pas de développer des polémiques ridicules. Le gouvernement est une nouvelle fois accusé, avant même la publication des chiffres officiels, d'avoir dissimulé l'ampleur réelle des rentrées d'impôts en 1999, ou plus probablement d'avoir été incapable de les évaluer.
L'opposition lui a demandé immédiatement des comptes à la séance des questions du 1er février à l'Assemblée nationale. Les chiffres avancés ont été non moins immédiatement démentis par Christian Sautter, et par Florence Parly.
"Depuis ce matin, nous lisons, nous entendons circuler les chiffres les plus divers, voire les plus fantaisistes. Bien entendu, ces chiffres sont sans fondement", avait assuré Mlle Parly. Ses propos avaient été accueillis par une protestation de l'opposition. La croissance "nous apporte des recettes fiscales supplémentaires, c'est une bonne nouvelle", avait-elle néanmoins poursuivi. "Ces plus-values proviennent de l'impôt sur les sociétés. Si les entreprises paient de l'impôt sur les sociétés, c'est que les entreprises vont bien". Comme si elle y était pour quelque chose !
"Un peu de patience", a plaidé pour sa part M. Sautter, promettant que les comptes définitifs de 1999 seraient dévoilés prochainement.
L'opposition considère à juste titre que le sujet est embarrassant pour le gouvernement. François d'Aubert, ancien secrétaire d'État au Budget déclare, non sans raison :"Christian Sautter se moque de nous. Nous avions estimé le bonus à 45 milliards de francs, le ministre des Finances niait tout en bloc. Avec ces nouvelles recettes découvertes comme par miracle, le compte y est". Selon lui, le gouvernement "cache et manipule le montant de la fameuse cagnotte fiscale" afin de "tuer dans l'uf tout débat sur les prélèvements obligatoires".
C'est très exactement ce qui est en train de se passer. La question posée par les manipulateurs de l'opinion n'est pas comment diminuer la pression fiscale mais comment redistribuer cette "manne céleste". "Que faire de ces milliards" osait demander hier La Dépêche de Toulouse (7 février) feignant d'oublier que ces milliards virtuels n'existent pas en fait, qu'ils sont simplement un moindre déficit Et M. Hollande va jusqu'à proposer de donner un billet de 500 F à chaque Français.
Quand on prend les Français pour des imbéciles, on en est un soi-même.
JG Malliarakis
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