COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MERCREDI 9 FÉVRIER 2000
DERNIER TANGO DES ARGUMENTS MONOPOLISTES
De la différence du traitement médiatique entre l'accident ferroviaire de Paddington en Angleterre et celui de Cologne en Allemagne...
Les monopoles étatiques sont tous voués à la décadence. Ceux qui ne disparaîtront pas s'enfonceront dans la paupérisation. Et tout le monde le sait plus ou moins.
Le paradoxe tient en ceci. Lorsqu'ils ont les moyens de se défendre en intoxiquant l'opinion, les divers intervenants monopolistes ne s'en privent pas et ils jouent sur une brillante conjonction de facteurs. Les défenseurs du Monopole ne sont pas seulement, alors, les titulaires d'emplois privilégiés. Ce sont aussi les fournisseurs et les donneurs d'ordre. Ce sont quelques beaux ingénieurs et quelques arrogants directeurs. Ils trouvent un écho complaisant auprès des nombreux médiats monopolistes français. Ce sont les chaînes subventionnées de l'audiovisuel public, ce sont des groupes de presse vivant à l'abri de monopoles régionaux, ce sont enfin des radios et des télévisions juridiquement privées mais relevant de concessions et d'autorisations d'émettre, elles aussi distribuées par les pouvoirs publics. Dans les salles de rédaction, il ne manque pas alors de pisse-copies, zélés à défendre les camarades syndiqués d'EDF, de France Télécom ou de la SNCF, convives et copartageants du banquets monopoliste.
On ne s'étonnera donc pas, pour citer un exemple, à quelques semaines de distance, entre l'accident ferroviaire de Paddington en Angleterre et celui de Cologne en Allemagne, de la différence du traitement médiatique.
Provoqué, on le sait, par une erreur humaine, hélas inévitable, l'accident de Paddington avait servi à une abondante littérature consacrée aux méfaits de la privatisation de British Railways, et de l'ultra libéralisme. Pour sûr, un libéralisme plus tempéré que celui de Mme Thatcher et de M. Blair, le libéralisme "raisonnable" d'un M. Gayssot peut-être ? , eût divisé le nombre de morts par 2. Tout cela nous fut asséné sans rougir, avec la plus belle assurance du monde dans la patrie de Descartes.
Curieusement, au contraire, s'agissant de la tragédie de Brühl dans la nuit du 4 au 5 février (8 morts, plus de 140 blessés) pas plus que dans celle d'Eschede en 1998 (101 morts) nous ne voyons mettre en accusation le mode de gestion de la Deutsche Bahn ou de la SNCB belge. Est-ce parce que celles-ci appartiennent à l'État ?
Au vrai certains syndicats mettent en cause l'hypothèse d'une introduction de DB en Bourse, prévue dans 3 ans. Ce n'est donc pas parce qu'elle est gérée par l'État, c'est parce que sa direction ose faire des bénéfices, ma foi, coquets (en moyenne plus de 3 milliards de F par an sur les 5 exercices 1994 à 1998) que la DB connaît un tel taux d'accidents. Ah ! Si la DB faisait comme la SNCF, ou, mieux encore comme les FS italiens !
Voyons mais c'est Bien sûr ! Quand une compagnie est privée, les accidents sont la conséquence de la course au profit, et de l'exploitation éhontée des cheminots. Quand elle est publique, tout va mal dès que l'on cherche à faire la course avec le privé. D'ailleurs, dans un pays vraiment socialiste, on ne se soucie pas des accidents puisque les médiats d'État n'en parlent pas. En Corée du nord, à Cuba, au Vietnam, encore aujourd'hui, les trains arrivent tous à l'heure, et ils ne déraillent jamais...
Et quand on est dans la situation d'EDF ? Eh bien on prétend découvrir aujourd'hui que ce monopole encore étatique à 100 % avait décidé en février 1998, de diminuer ses investissements du rythme annuel de 18 milliards en 1996, à 13 milliards prévus pour 2001. La CGT n'hésite pas à accuser cette baisse des investissements d'être à la fois la conséquence d'une volonté de s'aligner sur le marché européen, et la cause des dommages de la tempête de décembre de 1999. Cet argument est ridicule en lui-même s'agissant d'une tempête multi-séculaire, mais où a-t-on jamais vu la CGT et la propagande étatiste reculer devant le ridicule ? Car les contradictions du système monopoliste et de l'étatisme ne sont rien en comparaison de la déliquescence de cet esprit logique dont se prévalait, autrefois, la France.
JG Malliarakis
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