COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
VENDREDI 11 FÉVRIER 2000
CGPME : M. FREIDEL SUCCÈDE À M. REBUFFEL
L'élection d'un successeur de M. Rebuffel, si elle ne fait pas de bien, pourrait paraître ne pas faire de mal. Venant après Léon Gingembre et René Bernasconi, Rebuffel, âgé de 72 ans, était depuis 10 ans à la tête de cet étrange organisme statutairement voué à la défense du "patronat réel." Tel était du reste son sigle initial. Les petites et moyennes entreprises en France ce sont celles qui comptent moins de 500 salariés, et la CGPME en recense 1,6 million. On ignore combien adhèrent effectivement à la Confédération. Celle-ci est cependant jugée représentative. Et ses délégués sont nommés par décret administrateurs des caisses dans les contingents de représentants patronaux.
Depuis un demi siècle, les PME françaises cherchent à marquer leur différence avec les gens du haut patronat, CNPF hier, MEDEF aujourd'hui. Mais curieusement leurs 3 porte-parole successifs en + de 50 ans, ont toujours calé leur discours, et surtout leurs actes, sur ceux de la concurrence.
Jacques Freidel, âgé de 59 ans, fabricant de matériel médical à Tours apparaît, au départ comme l'homme d'une légère distance par rapport au MEDEF. Au lendemain de son élection, plus serrée que prévue, il accordait ainsi un entretien au quotidien économique Les Échos (9 février), marquant sa différence. Curieusement, cependant, ce premier message consistait à se désolidariser de l'attitude combative affichée depuis plusieurs mois par MM. Seillière et Kessler, à propos de la gestion paritaire : "Nous ne voyons pas de raison, déclarait-il, de quitter l'UNEDIC et les régimes de retraite complémentaires pour le moment."
S'agit-il donc seulement ici de s'opposer pour se poser ? M. Freidel était soutenu par l'Union des Industries Métallurgiques et Minières (UIMM) et par les branches professionnelles. Il avait contre lui l'appareil des structures régionales de la CGPME. L'UIMM est présentée comme émanation du plus important secteur de base des PME, regroupant 40 000 entreprises de moins de 50 salariés, des gens de terrain dont la première revendication portera sur l'assouplissement du nouveau régime des heures supplémentaires résultant de la Loi sur les 35 heures. Et l'on se propose de demander à Mme Aubry une dérogation permettant aux PME, parce qu'elles manquent de main d'uvre qualifiée, de passer d'un contingent de 130 heures supplémentaires à 200 heures.
Tout cela pourra paraître constructif, peut-être même séduisant, aux yeux de certains. Pourtant, une petite phrase laisse rêveur, quant à la pensée économique de notre nouveau sauveur de la libre entreprise. "La baisse des charges, dit-il, restera notre credo." Fort bien ! Mais il ajoute, pathétiquement, "pourquoi ne pas y affecter la cagnotte, que le gouvernement découvre ces jours-ci ?" Diantre !
Errare humanum est : on voudra bien mettre cette confusion mentale au compte de la (grosse) fatigue du nouvel élu.
Perseverare diabolicum : la CGPME confond hélas bel et bien baisse des charges et transfert des charges. Car, dès le 10 février, sa Commission sociale se réunissait pour examiner quelques "intéressantes" suggestions et propositions revendicatives telles que l'exonération des charges sur la première tranche salariale mensuelle de 1 500 F. Cette idée, complètement arbitraire, n'est pas seulement dépourvue de tout fondement juridique, elle aurait aussi le mérite de compliquer un peu plus la gestion informatique du calcul et de la perception des charges.
Il est vrai que M. Freidel se prononce aussi pour une "simplification des formalités". Grâce à cette simplification les caisses sociales pourront recouvrer les cotisations sans discussion inutile, et les tribunaux de commerce pourront liquider sans délai les récalcitrants. L'homme se prononce aussi pour le "libéralisme tempéré cher à Lucien Rebuffel".
Avec des défenseurs de cette qualité, nous nous demandons si la Libre entreprise aura encore besoin d'adversaires.
JG Malliarakis
Revenir à la page d'accueil ... Accéder à nos archives ... Accéder au Courrier précédent
Vous pouvez aider l'Insolent ! : en faisant connaître notre site à vos amis en souscrivant un abonnement