COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MERCREDI 16 FÉVRIER 2000
LA FICELLE DES POLITIQUES EST UN PEU GROSSE
Au moment d'écrire ces lignes, on apprend par les gazettes qu'un comité de 4 fins stratèges est en train de réfléchir à ce que sera le second tour de l'élection présidentielle de 2002.
Ces 4 personnalités sont qualifiées de "chiraquiennes" par l'AFP. Elles ont en commun d'avoir été, jusqu'au bout, ministres du gouvernement Juppé entre 1995 et 1997. Il s'agit de MM. Michel Barnier, aujourd'hui Commissaire européen, Jacques Barrot, signataire des ordonnances du plan Juppé en 1996, Dominique Perben, et l'incontournable M. Raffarin ci-devant ministre du Commerce et de l'Artisanat. Si vous avez l'occasion de les rencontrer, dans n'importe quelle circonstance, sur un embarcadère à Valparaiso, ou derrière un brancard à Lourdes, n'hésitez pas à leur dire la vérité, c'est la plus élémentaire des charités.
S'il nous était permis de conseiller les politiques, nous aurions envie de dire que la réflexion sur le second tour de 2002, si utile soit-elle, ne dispense de penser ni au scrutin municipal de 2001, ni surtout au premier tour de cette présidentielle si décisive.
S'il nous était permis de conseiller les politiques, nous dirions que le principal choix, le choix décisif pour l'avenir de la France, en 2002 ne se fera pas entre la droite et la gauche, mais entre "plus d'État" ou "moins d'État".
Or, il se trouve, parmi les 4 mousquetaires de ce futur second tour, l'un d'entre eux, ancien ministre du Commerce et de l'Artisanat est en train de se battre autour d'une proposition de loi, déposée par lui-même assisté de 29 autres sénateurs, destinée à renforcer l'intervention publique en faveur des petites et moyennes entreprises. M. Raffarin, puisqu'il faut l'appeler par son nom, habille cette intervention des beaux atours des collectivités locales. La création d'entreprise serait subventionnée par la Région, le Département, la Commune, etc. De toutes manières ce sera le contribuable qui paiera, et ce seront notamment les taxes professionnelles qui seront alourdies. De cette proposition N° 254, on nous dit qu'elle va être l'enjeu d'une bataille entre la haute assemblée et la chambre des députés. Dans ce duel de titans faut-il même espérer que le meilleur l'emporte ?
À vrai dire nous pensons qu'il faut rappeler un certain nombre de réalités aux politiciens français
1° Tout d'abord dans la France actuelle 55 % des richesses produites par les Français se trouvent captées par l'État, les caisses sociales et les collectivités locales, sous forme d'impôts, de charges et d'emprunts. On se lasse donc d'avoir à répéter que la diminution du périmètre de l'État ne signifie pas sa disparition. Nous rendons service au service public en demandant la diminution de la dépense publique.
2° Globalement les entreprises ne reçoivent rien de l'État : la somme des aides est tout juste égale à la somme des simples taxes professionnelles (environ 140 milliards). Simplement, cette redistribution est en elle-même pénalisante pour les petites entreprises, pour les entrepreneurs individuels, pour le travail indépendant, pour les classes moyennes, dont la politique de M. Raffarin "en faveur des PME" est la première ennemie
3° Quand M. Raffarin était ministre du Commerce et de l'Artisanat, qu'a-t-il fait, sinon d'inventif et de créatif (à l'impossible nul n'est tenu) du moins pour seulement continuer sur la lancée de la Loi du 11 février 1994 dite "loi Madelin", qui avait donné le signal d'un renouveau de l'Entreprise individuelle en France ? La réponse est simplement : rien.
4° Quand M. Raffarin était ministre du Commerce et de l'Artisanat, qu'a-t-il simplement fait pour enrayer le développement non pas seulement de la grande distribution, mais de l'inquiétante annexion de métiers et savoirs artisanaux caractéristiques (bouchers, boulangers, cordonniers, clefs minute, etc.) par les grandes surfaces.
Dans sa proposition 254, que nous aurons bientôt le plaisir de passer au crible, qu'a donc prévu M. Raffarin pour la baisse des charges, "credo" revendicatif réaffirmé même par la très conformiste CGPME ? La réponse est : rien. Pas un mot. M. Raffarin a-t-il conscience des raisons qui dissuadent les Français de devenir entrepreneurs ?
Que mérite donc l'opération de nos politiciens ? Le mépris. Le mépris, ils connaissent. Quand M. Raffarin était ministre n'était-ce pas de la sorte qu'il traitait les syndicats militant pour la Liberté sociale : " Vas t'en, chétif insecte, excrément de la terre/C'est en ces mots que le Lion/Parlait un jour au moucheron. " (La Fontaine) Mais nous nous égarons. Ni M. Raffarin ni ses collègues ne sont des lions.
Nous devons leur prouver que nous ne sommes pas des moucherons
JG Malliarakis
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