COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
JEUDI 17 FÉVRIER 2000
LA PROPOSITION N° 254 SA DOCTRINE ET SES DEFENSEURS
C'est un clivage limité au microcosme que l'opposition entre un Sénat réputé "à droite" et une Assemblée décidément à "gauche". Ce pourrait être un conflit clair, net et permanent depuis les élections génialement provoquées de 1997. Et Les Échos (10 février) titraient : "Créations d'entreprise : le Sénat défend son plan."
Le lecteur pressé aura sans doute retenu que le gouvernement de gauche et l'opposition seraient en train de croiser le fer. Pour ou contre l'entreprise, pour ou contre l'immense gisement d'emplois de la petite entreprise, avec en filigrane la campagne présidentielle de 2002 déjà frémissante : sur un problème posé de la sorte, comment les classes ?
Et pourtant ils hésitent, et ils hésiteront certainement encore dans 2 ans.
Et pourtant, à observer d'un peu plus près le contenu de la proposition de loi N° 254 déposée au bureau du Sénat par M. Raffarin, sénateur républicain indépendant de la Vienne, soutenu par 29 de ses collègues, nous avouons que notre hésitation se confirme et se précise. Le doute devient certitude. On se moque de nous.
Ah ! Conceptuellement deux nobles idées sont mises en avant. Ce ne sont même pas des idées, mais plutôt des constats.
1er constat : La France manque cruellement d'entreprises, de petites entreprises.
2nd constat : Le tissu local et régional est le lieu de ce déficit de créations d'entreprises.
Sur ce double constat, nous aurions d'autant plus mauvaise grâce à le critiquer que, depuis 1991 nous écrivons sur ce thème 1 article quotidien sur 3, soit environ 700 ou 800 textes, diffusés au total chacun à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires, entre ce Courrier quotidien et le mensuel Le Légitime, ceci sans compter les reprises pirates et les plagiats. Peut-être même M. Raffarin ou son entourage en ont-ils lu, voire intériorisé, certains, éventuellement en secret.
À y bien regarder, toutefois, il n'est pas certain que nos approches se rejoignent avec celle des rédacteurs de ce texte, de son exposé des motifs, etc. En particulier, il nous semble globalement que ces gens considèrent l'entreprise mais jamais l'entrepreneur. L'article 1er de leur proposition tend d'ailleurs, d'abord, à mobiliser des capitaux, par un procédé ingénieux mais complexe et réglementaire. L'homme vient au second plan, et pour tout dire, il ne vient pas.
Nous voici donc incorporés de force dans l'armée de M. Raffarin. Disons le donc tout net : si cela devait être, ce serait largement malgré nous.
Avant de nous interroger sur le généralissime, observons ses lieutenants. Sur les 29 signataires, la plupart sont peu connus, aux visages sympathiques, aux carrières et professions honorables, mais à la gloire un peu délavée. C'est bon signe d'être délaissé des médiats. Seul glorieux de cette cohorte, bien connu des contribuables du Lot-et-Garonne, le sénateur Jean François-Poncet. On ne le connaissait pas, et c'est certainement dommage, dans le registre de la défense de la libre entreprise. Pilier du groupe sénatorial radical RDSE le voici aux côtés d'autres piliers des groupes RPR, Union centriste et Républicains indépendants, de bons et solides piliers dont 15 sur 30 appartiennent aux corporations de l'agriculture (10) et de la médecine vétérinaire (5). D'autres groupes sociaux sont représentés. Il y aurait même 2 ou 3 personnes qui semblent avoir été entrepreneurs du commerce sinon de l'artisanat. Notons que M. Natali, ancien Président de la Chambre de commerce "et d'industrie" de la Haute Corse et de Bastia, et dont la profession indiquée est : "Retraité Administrateur de sociétés", a gentiment accepté de figurer au nombre des parrains de la proposition 254.
JG Malliarakis
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