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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

VENDREDI 18 FÉVRIER 2000

LES ASSURÉS FRANÇAIS DANS LA NASSE DU MONOPOLE

Depuis quelques jours on sait que le groupe Axa a décidé de remettre de l'ordre dans un portefeuille et un contrat hérités de l'UAP, que le groupe de M. Bébéar a rachetée en 1996. Il s'agit d'un contrat de groupe signé par l'Union Nationale des Associations de Parents d'Enfants Invalides (UNAPEI), et dans le cadre duquel environ 7 000 familles cotisent pour assurer, après leur décès, une rente à vie à leurs enfants handicapés.

Ce contrat de "rente survie" est une branche classique de l'assurance vie. Toute personne connaissant un parent d'enfants handicapés sait quelle angoisse représente ce problème. Il touche, hélas, un nombre considérable de familles françaises, très au delà des ressortissants du contrat rente survie créé par UAP et l'UNAPEI.

Ce contrat semble actuellement déficitaire à en croire Axa qui affirme avoir perdu 500 millions de francs en 10 ans avec ces contrats, soit environ 50 millions par an. Cet îlot de perte représente 0,5 % des bénéfices actuels du groupe. En bonne logique monopoliste Axa a donc gentiment proposé l'an dernier aux parents souscripteurs, dont la moyenne d'âge est de l'ordre de 70 ans, d'augmenter leur cotisation au taux brutal et léonin de 180 %, ramenés à 100 %, le monopoliste étant bon prince.

Pour que tout soit clair, rappelons qu'Axa s'est développée originellement sur une base mutualiste.

Rappelons aussi que le contrat dont il est question est un contrat de répartition. Les familles souscriptrices ne disposent d'aucun capital et d'aucune possibilité de sortie.

Dans un contrat de capitalisation, jamais un scandale pareil n'aurait pu se produire, Et si L'Humanité (le 15 février) peut monter sur ses grands chevaux, si MMmes Martine Aubry (le 16 février), puis Marie-Georges Buffet, ministre des Sports ont pu commencer à prétendre s'en mêler (le 17 février), cela nous semble d'abord le reflet des tares du monopole à la française et des contrats de répartition en général.

Nous trouvons très dommageable l'attitude du groupe Axa.

On a, hélas, les assureurs et les banquiers que l'on mérite. Les Français le découvrent tous les jours. Et ceux qui vitupèrent volontiers les assureurs "privés", et la "frilosité" des banquiers, – à commencer par le chef de l'État – feraient mieux d'ouvrir largement, ou de militer pour que l'on ouvre le marché des prestations financières à la concurrence internationale.

À la faveur de diverses concentrations et absorptions, dont celle de l'UAP anciennement étatique, le groupe français Axa est devenu un énorme assureur de taille mondiale, le premier assureur mondial à ce qu'il paraît. En 1998, ce groupe a réalisé 10 milliards de francs de bénéfices. Ce groupe ambitionne même secrètement de prendre une part grandissante non pas dans le risque maladie mais dans la gestion en sous-traitance privée de l'assurance maladie d'État… Cette démarche ambiguë correspond à celle de différents stratèges du MEDEF impliqués dans la protection sociale, et notamment MM. Denis Kessler et Georges Jollès. Au moins ne les entendrons-nous plus maintenant parler de "Solidarité" !

Pendant longtemps certains d'entre nous ont cru que ces personnages étaient des alliés de la cause de la libre entreprise, et peut-être certains de nos lecteurs le croient encore.

Si cela était, on les verrait adopter une autre attitude dans cette affaire. Ils n'auraient pas besoin de faire semblant de présenter de misérables "excuses" (cf. Les Échos du 17 février) à des familles que, nonobstant, ils plongent cruellement dans l'angoisse. On les verrait s'attacher à monter que l'on peut sortir de la répartition, et que l'entreprise privée concurrentielle peut apporter des solutions que le monopole et l'étatisme étouffaient. Ils trouveraient alors de nombreux amis et de nouveaux clients.

Mais souhaitent-ils des clients et des amis, ou, au contraire, comme la sécurité sociale d'État, ne veulent-ils que des laquais et des assujettis ?

JG Malliarakis

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