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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MARDI 22 FÉVRIER 2000

L'ÉTATISME FRANÇAIS ET SON INSUPPORTABLE AUTOSATISFACTION

Je ne retire rien aux critiques faites à l'endroit des "décideurs" du groupe Axa, critiques diffusées dans notre Courrier daté du 18 février. Et j'en veux d'autant plus à la bureaucratie patronale qu'elle a fait le jeu des pires adversaires de la Liberté. J'ajoute que dans les quelques débats qui peuvent se dérouler ce sont les mêmes gens qui nous accusent, nous, piétaille méprisée de la cause des libertés d'être des adversaires de la " Solidarité. "

Mais j'ajoute aussi que leur rapide correction de tir, en deux temps et à peine 3 jours, – d'abord de lamentables excuses, puis une reculade les ramenant tout simplement au respect du contrat – prouve que, même lorsqu'il est odieux, même lorsqu'il est engoncé dans sa carapace monopoliste, le capital privé est plus souple et plus intelligent que le système étatique. Une campagne de presse suffit en général à faire reculer le capital privé. Deux catastrophes nationales ébranlent à peine le système étatique.

Il est donc assez effarant pour l'intelligence, et singulièrement effrayant aussi, que l'étatisme français annonce son intention de renforcer courant mars les dispositifs de régulation de l'économie par la bouche de M. Jospin, premier ministre.

À vrai dire, en toute objectivité dès l'annonce des vœux " traditionnels " du chef de l'État M. Chirac (texte daté du 31 décembre 1999), il nous apparaissait assez clair que, pour les hommes de l'État, les deux catastrophes, celle de la marée noire sur nos côtes, et celle de la tempête dévastant le pays, et notamment la forêt, le principal était de sauver, pas même l'État, mais l'image de l'État, ternie par les déclarations bien maladroites du ministre de l'Environnement Mme Voynet.

Toutes tendances confondues l'État a donc " communiqué " pour le profit de l'État, cela nous a paru immédiatement scandaleux. Mais nous avons volontairement restreint notre critique, refusant de nous enfermer dans une attitude grincheuse. Il fallait laisser au petit monstre étatique sa chance de montrer sa compétence dans le seul métier qui devrait être le sien : faire face à l'imprévisible, réparer l'inassurable, ne gérer la communauté que subsidiairement, là où l'individu seul, la famille seule, l'entreprise seule, la municipalité seule, se trouvent l'une après l'autre dépassée. Ce vrai métier subsidiaire de l'État, – qui permet à certains de parler de ses fonctions régaliennes de justice, de police, et de défense – non seulement nous le lui reconnaissons, mais nous estimons payer le prix fort pour qu'en échange de notre énorme tribut, le festin des princes leur impose de l'exercer.

À bientôt deux mois de la tempête et du naufrage de l'Erika en décembre, sans même parler des inondations du Languedoc en novembre, on peut commencer à envisager le bilan de la paralysie de l'État.

Je ne commence pas ici le procès des fonctionnaires ou des agents de l'EDF individuellement. Au contraire, nombre d'entre eux ont montré qu'ils avaient un cœur, une énergie, un rapport de proximité personnelle avec les familles, les villages, les Français réels.

Je fais ici au contraire le procès d'un système qui paralyse l'emploi efficace de ces énergies et de ces dévouements sans nombre.

Ce procès d'ailleurs, ce n'est pas nous qui le faisons. Ce sont les entreprises de conchyliculture charentaises, ce sont tous les professionnels du tourisme de l'ouest, ce sont les forestiers, ce sont toutes les familles qui attendent les secours, l'indemnisation ou même le rétablissement des services publics et qui entendent seulement l'immense et insupportable vacarme de l'autosatisfaction étatique. Nous souhaitons que ce procès n'aille pas jusqu'au bout parce que nous ne pouvons pas souhaiter que dure le malheur de nos compatriotes, mais de grâce que l'État fasse preuve d'un peu plus de modestie.

JG Malliarakis

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