COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MERCREDI 23 FÉVRIER 2000
L'HEURE DE LA LIBÉRATION DE LA TERRE AGRICOLE EST-ELLE ENFIN VENUE ?
Les gens qui nous parlent de la chute du mur de Berlin oublient souvent un petit détail. Ce n'est pas globalement l'ouest qui a gagné, c'est seulement l'est qui s'est effondré. À part tenir bon, et ce fut le mérite de gens comme Raymond Aron en France que d'en souligner la nécessité, le camp de la Liberté n'a rien fait.
Dans la France actuelle, nous vivons encore, dans de nombreux domaines, comme si rien ne s'était passé. On dirait que l'Union soviétique existe encore. Étoile morte, à des années lumière de notre planète, elle aveugle encore nos illusions sur de nombreuses institutions économiques et sociales. Celles-ci remontent exactement à l'époque où le "génial" Staline était glorifié par de nombreux français. Alors, Thorez, Croizat et quelques autres mettaient en place un certain nombre d'institutions qui durent encore.
Certains de ceux qui me lisent pensent peut-être, et même sûrement, que j'exagère. Je n'exagère pas. Je constate. Ce n'est pas de ma faute si les années 1945 et 1946 virent la mise en place de systèmes apparemment franco-français tels que le statut de la fonction publique, le monopole d'une sécurité sociale se voulant universelle : Croizat en rêvait Aubry l'a fait ! Ne parlons même pas de la régulation de l'économie. Cette nouvelle idée archaïque n'existe encore qu'à l'état de slogan. C'est promis. M. Jospin va résoudre, de manière "correcte", en mars 2000, une question mal posée depuis octobre 1929.
Or, parmi les très funestes idées à la mode de 1946, parmi les institutions que le Tripartisme (socialistes SFIO + communistes + démocrates-chrétiens "épurés" du MRP) a léguées à notre époque de Cohabitation, figure en bonne place le hideux statut du fermage.
Non, c'est vrai, les communistes n'ont pas été "seuls" à imposer en France cette nuisance. Ils ont reçu le concours des braves gens de la Jeunesse Agricole Chrétienne qui, depuis 50 ans, ont alimenté en hommes et en idées le Centre National des Jeunes Agriculteurs, pépinière des administrateurs et dirigeants de la FNSEA, des SAFER, des Chambres d'Agriculture, des coopératives, de la MSA, du Crédit Agricole etc. Aujourd'hui, ces gens, ces anciens de la JAC ne sont plus jeunes, guère chrétiens, et pas toujours agriculteurs mais ils sont là et bien là, alors même que les paysans et leurs familles ont quitté la Terre.
Le statut du fermage y est pour beaucoup. Nous le savons bien. Nous l'avons souvent expliqué dans ce Courrier. Mais reconnaissons qu'en dehors d'une minorité d'amis exploitants agricoles effectifs, souvent d'ailleurs de statut dit "pluriactif", résolus à défendre leurs libertés, nous avons rencontré l'hostilité sourde et sournoise de l'établissement syndical agricole et l'indifférence profonde des milieux politiques urbains. Qu'ils se disent libéraux ou nationaux, ces milieux politiques urbains, parfois et même souvent lucides par ailleurs, ont aussi en commun, si divisés soient-ils, de ne pas voir ce qui, pourtant, crève les yeux, car cela touche aux libertés concrètes de leur patrie !
Comme pour l'Europe de l'est, on doit donc considérer que le salut viendra de l'effondrement du système lui-même. C'est donc avec plaisir que nous avons vu le Courrier des lecteurs de la France agricole du 11 février reprendre notamment, sous la signature d'un agriculteur normand, les arguments qui nous sont chers à l'encontre du statut de fermage.
Nous pouvons donc espérer. Allons-nous cependant nous contenter de l'idée que seule la société civile sauvera la Liberté, que bientôt quelque Christian Dior viendra imposer un new look à la mode parisienne ? J'avoue ne pas me contenter de cette consolation. J'avoue aspirer, quant à moi, à un véritable rajeunissement des idées sociales françaises.
JG Malliarakis
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