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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

VENDREDI 14 AVRIL 2000

LE SCANDALE DE LA GRÈVE POSTALE CONTINUE

Dans notre Courrier du 3 avril, il y a maintenant 11 jours, nous soulignions le caractère vraiment abusif, le caractère de prise d’otages, de la grève des postes en nous attardant sur la ville de Toulouse, où la grève durait alors depuis 25 jours, et où les procédures d’arbitrage et les voies de négociations se révélaient manifestement défaillantes. La grève, – particulièrement dans le service public – ne nous semble en effet acceptable que lorsque toutes les autres étapes d’une revendication, si elle est légitime, ont échoué.

On remarquera, d’abord, que, légitime ou pas, cette grève postale porte exclusivement sur l’application d’une "loi des 35 heures" appelée dans la fonction publique, (et pour cause s’agissant de métiers où l’on travaillait déjà moins de 35 heures) RTT, réduction du temps de travail. Il n’y a donc ni urgence ni détresse sociale.

On remarquera aussi que le concours de recrutement de facteurs s’est déroulé dimanche dernier 9 avril. S’agissant de pourvoir à 2 725 places, 32 000 candidats, tous de nationalité française, s’étaient inscrits à ce concours.

On est donc en droit de dire que, sans être "d’odieux privilégiés", les postiers français, et même les facteurs, ou les préposés, font plutôt un métier aussi sympathique qu’ils sont eux-mêmes généralement sympathiques à la population. Il y a sans doute des détresses plus graves que celles de savoir de combien sera réduit le temps de travail des postiers. Et, disons-le aussi aux responsables de la Poste, il doit bien y avoir moyen d’éviter la grève. On aurait tous à y gagner.

Aujourd’hui, le désordre dure encore dans plusieurs grandes villes, Lyon, mais encore Toulouse (où tout aurait dû rentrer dans l’ordre le 4 avril), et surtout Nice, qui a ravi la vedette à notre chère capitale occitane. À la vérité les syndicats qui se réclament de "l’exception de la Haute-Garonne" ont évidemment de quoi être verts. Ils s’en consoleront en lisant dans La Dépêche (13 avril) que… "la Grève continue à Lyon".

Ce phénomène pollue évidemment la confiance que les Français ont dans le courrier sur toute la France car on apprend dans des départements divers que, ici ou là, d’autres petits bureaux ou d’autres centres de tri sont en grève.

Mais on ne doit pas non plus se dissimuler que, sur toute la France, on compte 306 000 postiers. Or, selon les jours, le nombre réel des grévistes, recensés par la direction de La Poste, n’a cessé d’osciller entre 300 et 600, – ils étaient comptés 394 le mercredi 12 contre 550 le mardi 11 –, soit entre 0,1 et 0,2 % des effectifs. N’est-ce pas, là aussi, un abus du droit de grève que de paralyser, ou d’ankyloser, une entreprise qui forme un tout actif sur tout le territoire national, (et c’est bien là, depuis la fin du XVII siècle, une caractéristique de cette entreprise monopoliste) sur la base d’une action de 0,1 ou 0,2 % de ses salariés,

Cette minorité activiste n’a aucune honte cependant à continuer ses exactions qui nuisent gravement au bon renom de leurs 305 500 confrères.

Ainsi, à Nice, le renforcement des effectifs dans les bureaux d’instance, avec la mise en place d’un centre de tri intérimaire par la Chambre de commerce, n’a finalement pas permis de limiter l’amoncellement du courrier, comme la direction l’avait préalablement annoncé. Environ 500 000 lettres et colis sont encore en souffrance d’après les indications données hier par le directeur, M. Jean-Michel Le Belleguy.

Au centre de Nice-Thiers les négociations se sont poursuivies hier encore sous l’égide d'un médiateur au 32 jour de grève. Le matin, c’est "à la huée" qu’environ 200 postiers avaient voté la poursuite des négociations avec la direction et qu’ils ont reconduit, ou plutôt qu’on leur a fait reconduire d’office le mouvement.

"Rien n’a été signé, la Poste prend ses rêves pour des réalités", s’est insurgé le délégué CGT Sotty.

Les discussions vont notamment achopper maintenant sur le paiement des jours de grève, la direction ayant d’ores et déjà annoncé qu’ils ne seront pas payés.

"C’est une marque de mépris supplémentaire", prétendent les cégétistes qui n’en finissent donc pas de scier la branche sur laquelle ils sont assis.

JG Malliarakis
© L'Insolent
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