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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

VENDREDI 5 JANVIER 2000

LES PETITS PRIVILÈGES SONT PARFOIS PIRES QUE LES GROS

Lors de son élection à la présidence de la république en 1995, M. Jacques Chirac avait promis que les gyrophares les sirènes deviendraient plus discrets dans Paris. Cette promesse a été tenue en partie. Et on peut la saluer, comme on peut être reconnaissant au gouvernement de Michel Rocard d'avoir lancé en 1988 une campagne d'humanisation de l'attitude des fonctionnaires vis-à-vis des administrés.

Tout en nous félicitant que les hommes de l'État, qu'ils soient de droite ou de gauche, comprennent (parfois) que le peuple français en a assez des privilèges tant colossaux que mesquins, on ne perd rien à demeurer vigilants.

L'hebdomadaire "Auto Plus" (3 janvier 2001), a donc discrètement filé, notamment à bord de scooters, en décembre les hauts responsables de l'État.

Il a pu ainsi dresser un bilan presque objectif pour chacun des princes qui nous gouvernent. "Auto Plus" a pu, ainsi, établir, au cours de plusieurs trajets, que la voiture du premier ministre M. Lionel Jospin respectait, certes, les limitations de vitesse. C'est un bon point. Mais pour aller plus vite, tout de même, son chauffeur semble ne pas hésiter à griller impunément les feux rouges. Cela est d'autant plus dangereux que la suppression des sirènes et des gyrophares fait que piétons ne sont plus avertis lorsque les feux sont grillés.

Certains ministres semblent des modèles. Ainsi le ministre de la Défense M. Alain Richard, qui respecte les feux même lorsqu'il est manifestement en retard sur son programme. Mais, dira-t-on M. Richard qui est un vieil antimilitariste n'a peut-être pas l'obsession de l'exactitude dite "militaire". Quant au convoi de M. Jacques Chirac il apparaît "exceptionnel par sa discrétion". Il ne cherche pas à passer en priorité, même lorsqu'il se trouve prisonnier du trafic.

Normal dira-t-on puisqu'il est à l'origine de cette campagne de modestie.

Toute autre est cependant l'attitude M. Gayssot. Ce ministre omniprésent non seulement prétend rappeler régulièrement au public la nécessité du respect des règles, mais il n'hésite pas à aggraver les sanctions et à se situer sur le terrain de la morale, comme le fait sa collègue, et camarade, Mme Buffet en matière sportive.

C'est un trait caractéristique des staliniens que de développer ce registre moralisateur et diabolisateur. Il est le préalable à toute répression. C'est mal puisque c'est défendu. Ce sera puni puisque c'est mal.

Mais le véhicule du ministre des Transports, a notablement enfreint à plusieurs reprises les limitations de vitesse : 80 km/h au lieu de 50 sur les voies sur berge à Paris par exemple.

Selon Auto Plus, notre cher ministre des Transports Jean-Claude Gayssot, pourrait donc voir tout simplement annuler son permis de conduire ainsi que ses collègues de la Justice Marylise Lebranchu, de l'Économie Laurent Fabius et de l'Intérieur Daniel Vaillant.

Certes, nous ne sommes pas en présence des plus gros privilèges. N'oublions pas que les communistes, quand ils parlent de ceux des leurs qui ont été ministres, collaborateurs ministériels et autres, parlent à leur sujet de complexe du gyrophare. Ce sont en fait de telles attitudes qui expliquent cette culture de l'impunité dans laquelle baignent depuis trop longtemps nos hommes de l'État.

Cette culture de l'impunité a fait beaucoup de mal. Une certaine actualité médiatico-judiciaire nous montre même que le fait pour un haut responsable français de "vendre des conseils géostratégiques" à une société étrangère ne lui semble pas une accusation gravissime (relevant de la haute trahison) mais peut relever de son système de défense.

Les petits privilèges mesquins et symboliques sont d'abord les plus immédiatement odieux au peuple parce que les plus visibles ; ils sont aussi les racines de comportements inacceptables. Il est nécessaire de les éradiquer et légitime de les dénoncer.

Ils sont d'autant plus insupportables qu'ils viennent de gens habitués à nous faire le coup de la "morale", particulièrement le sinistre Gayssot et sa camarade Buffet.

• JG Malliarakis
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