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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
VENDREDI 19 JANVIER 2001
LE PLAN QUINQUENNAL DE M. GAYSSOT
Oui, soulignons-le d'emblée, c'est une bonne nouvelle que le recul de la mortalité sur les routes de France.
Mais, disons-le aussi tout net, non seulement M. Gayssot et son Plan quinquennal n'y sont pour rien, mais si nous prenons ce plan au pied de la lettre, M. Gayssot a à moitié échoué. Il est donc responsable du retard soit 400 morts en trop pour la seule année 2000. Les lecteurs du Livre Noir du communisme hausseront sans doute les épaules : 400 morts pour un ministre communiste ce n'est pas beaucoup, en un an. En fait, si l'on comptabilise aux alentours de 80 millions (chiffre très inférieur à la réalité) le nombre officiel des victimes du communisme entre 1920 et 1990, et qu'on le divise par 70 ans et environ 1 000 ministres, les performances de M. Gayssot sont au-dessous des normes de production de cadavres d'un disciple moyen de Vladimir Illitch Oulianov dit Lénine.
Il y a du relâchement camarade Je donne peut-être à mes lecteurs l'impression de faire de l'humour particulièrement noir, et mal venu, sur un sujet aussi tragique que les accidents de la route. Mais l'impression que j'éprouve en entendant les propagandistes zélés de M. Gayssot et de l'ensemble de ce gouvernement éclairé, nous menant vers un avenir radieux, est hélas que leur discours ne comporte, lui, aucune trace d'humour.
Aucune trace d'humour quand ils accusent, finalement, la propriété privée de la voiture individuelle, et bien évidemment le capitalisme, et surtout l'individualisme d'être responsables de la mortalité routière en France, et singulièrement de cette dramatique mortalité des jeunes le samedi soir. Aucune trace d'humour non plus quand ils mettent en avant les glorieux transports en commun. Aucune trace d'humour quand ils prétendent ramener la mortalité routière au niveau de 1936.
Pourquoi 1936 ? Revenir à l'âge d'or de 1936, où tout le monde était heureux, comme dans la chanson d'Yves Montand, "à bicyclette", du moins pendant ce bel été de référence : quel beau programme n'est-ce pas ? Il est vrai que la campagne française était alors sans doute plus belle, pas encore défigurée par l'urbanisme para stalinien français.
Si une chose a contribué à faire reculer la monstrueuse violence routière c'est sans doute la très efficace campagne psychologique publicitaire réalisée de Raymond Depardon. Tout le monde le reconnaît. Apprendre aux Français, aux jeunes et aux moins jeunes, à être raisonnables sur la route, c'est encore très nécessaire. Quant à la répression excessive développée par Gayssot, pénalisant à outrance la vitesse, même sur autoroute, nous récusons son efficacité. La vitesse n'est pas, en elle-même, facteur de risque : c'est l'attitude de conduite dangereuse, notamment sous l'effet de l'alcool, ou d'autres psychotropes qui se traduit par un "excès" (technique et non réglementaire) de vitesse. Trop compliqué sans doute pour l'expliquer à un Gayssot.
Pendant le même temps on assiste à une glorification du chemin de fer étatisé. Cette campagne se révèle paradoxalement nuisible à l'entreprise SNCF elle-même. On lui refuse de s'adapter à l'environnement concurrentiel, etc. Et tous les arguments sont bons pour bloquer toute réforme. Arrive-t-il un accident de chemin de fer dans une compagnie privée : la faute à la privatisation. L'étatisation de 1936 n'a été responsable, elle, d'aucun des accidents de la SNCF survenus depuis 1936, cela est bien connu.
La campagne municipale montre d'ailleurs combien le chemin de fer urbain partage avec les plans de circulation dirigistes des poids lourds, la responsabilité de la pollution. Anthinéa Lladser, jeune et sympathique colistière de René Le Goff dans le 10e arrondissement a ainsi souligné, lors du meeting sur l'Environnement de Philippe Séguin à la Gare de l'est, le 15 janvier, que le seul dégazage des locomotives diesel de la ligne Paris-Bâle représente la pollution de 1 000 camions mal réglés sur 24 heures. Elle empoisonne chaque jour la vie de 45 000 personnes. Mais là aussi, pas un mot à la Reine Mère ! Car il y a aussi, bien sûr, une bonne et une mauvaise lutte pour l'environnement