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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MERCREDI 24 JANVIER 2001
Sur les retraites, l'immobilisme du gouvernement n'a d'égale que sa complaisance à l'égard de la tactique cégétiste
Hier à l'Assemblée nationale lors de 2e séance et sous la présidence de M. Raymond Forni, 2 questions posées au gouvernement touchaient à la question des retraites
La première concernait effectivement l'avenir des retraites. Elle émanait de M. André Schneider qui adressait cette question, au nom des trois groupes de l'opposition, au ministre de l'emploi.
La réforme de notre système de retraites est de plus en plus urgente, mais l'immobilisme vous tient lieu de politique. Les Français ne peuvent plus attendre. Chaque jour, l'inquiétude s'accroît. La récente décision du CREF de baisser de 16 % les pensions complémentaires versées à leurs 440 000 adhérents n'est qu'un début.
S'il vous plaît, Madame le ministre, ne nous ressortez pas la fiche que vous nous avez lue il y a quinze jours et qui était identique à celle lue lors d'une précédente interpellation, le 15 novembre dernier. Ne nous redites pas que la croissance répond à toutes les difficultés. Ne vous réfugiez pas derrière des décisions alibis comme l'abondement d'un fonds de réserve notoirement insuffisant. Que proposez-vous aux Français pour leur assurer à l'avenir les retraites auxquelles ils ont droit ? (Applaudissements sur les bancs du groupe du RPR)
Mme Élisabeth Guigou, ministre de l'emploi et de la solidarité a cru pouvoir lui répondre de la manière suivante :
Ne vous en déplaise, le Gouvernement n'est pas immobile face à ce défi réel que sera le déséquilibre démographique dans les années 2020 à 2040, en raison du vieillissement de la population et de l'arrivée à la retraite de générations plus nombreuses que celles qui entrent sur le marché du travail.
Le Gouvernement n'est pas immobile puisqu'il a su mener une politique économique qui a créé de la croissance et de l'emploi, ce qui fait que les perspectives sont aujourd'hui moins inquiétantes qu'à l'époque où vous ne cessiez de creuser le déficit de l'assurance-vieillesse (Protestations sur les bancs du groupe du RPR).
Bien entendu, nous savons que la croissance économique ne suffira pas à combler le déficit et c'est pourquoi nous préparons l'évolution en créant le fonds de réserve des retraites, qui est doté cette année de 50 milliards de francs et atteindra 1 000 milliards de francs en 2020, et en instituant un Conseil d'orientation des retraites qui fait réfléchir tous les partenaires sociaux sur tous les régimes de retraite.
Si vous posez toujours les mêmes questions, vous aurez, Monsieur le député, toujours les mêmes réponses ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste)
Toute autre aura été l'attitude de Mme Guigou à l'égard de l'intervention communiste.
Car le porte parole communiste Hage se préoccupe, lui, de ce qu'il appelle "le blocage des négociations sur les retraites complémentaires". Il ne se préoccupe pas en fait de l'avenir des retraites sauf à conclure : "Pour ma part, je me demande si le baron Seillière n'éprouve pas quelque nostalgie à l'endroit de la coutume océanienne du cocotier" Ceci lui a valu les applaudissements du seul groupe communiste.
Les deux points importants de l'intervention du camarade Hage sont en fait les suivants
1. "Face à une telle intransigeance, il est désormais nécessaire que l'État prenne ses responsabilités."
2. "Quoi qu'en dise le Premier ministre, il ne s'agit point d'anticiper le dialogue des partenaires sociaux, mais de prendre acte des manigances du MEDEF, qui pratique la politique du pire ou de la chaise vide."
Mme Élisabeth Guigou, ministre de l'emploi et de la solidarité lui répond fort aimablement :
De fait, le blocage des discussions sur les retraites complémentaires s'est encore aggravé vendredi puisque le MEDEF a confirmé sa décision de ne plus faire lever par l'UNEDIC les cotisations de retraites complémentaires. Il impose ainsi une épreuve de force qui va amener, jeudi prochain, les salariés à protester collectivement.
Les retraites complémentaires sont de la compétence exclusive des partenaires sociaux et le Gouvernement ne souhaite pas interférer dans leurs prérogatives dès lors que ceux-ci estiment que tout espoir de reprise des négociations n'est pas perdu.
Le Gouvernement est fermement décidé à laisser toutes ses chances, jusqu'à la dernière, à la négociation. Mais si le blocage du MEDEF devait persister, il prendrait toutes ses responsabilités pour préserver la retraite complémentaire des salariés (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe RCV).
La simple comparaison des réponses de Mme Guigou à ces deux questions montre bien que l'immobilisme du gouvernement en matière de retraites n'a d'égale que sa complaisance à l'égard de la tactique de la CGT et de la dialectique du parti communiste.
De cette tactique et de cette dialectique nous aller tâter dans la journée de demain où l'on va nous annoncer un équivalent du prétendu "mouvement social" de 1995 fonctionnant selon le même trompe l'il, avec le ralliement de toutes les bureaucraties syndicales.