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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MERCREDI 31 JANVIER 2001

SUR LA TOMBE DE CHRISTIAN POUCET

Ayant travaillé plus de 10 ans aux côtés de Christian Poucet, ce n'est pas sans effroi qu'à 800 km de distance j'ai appris, le 29 janvier, la manière atroce dont on l'a assassiné. Dois-je faire confiance à la justice de la république pour élucider ce crime ? Je laisse à chacun le soin de répondre.

Quand je l'ai connu, il était à peine âgé d'une trentaine d'années, et plein de qualités prometteuses. Son combat était celui de la liberté et du bon droit. Ce combat continuera et finira par l'emporter.

Quand j'ai compris que notre collaboration ne pourrait plus se poursuivre, notre désaccord portant non sur les buts mais sur les moyens, j'ai également résolu de ne jamais écrire une ligne "contre". Je laisse à d'autres le soin de se déchirer face à leurs adversaires.

Je constate d'ailleurs, en lisant l'article, savamment ignoble, publié par Libération le 30 janvier, et les 3 dépêches diffusées par l'Agence France Presse le 29, que les mensonges y sont distillés de manière suffisamment et professionnellement fielleuse pour qu'on ne puisse même pas y répondre.

La France vient de voter une loi sur la présomption d'innocence. C'est une loi très imparfaite. Mais il y a au moins une chose que je sais. C'est qu'avec l'application d'une telle loi, jamais Christian Poucet n'aurait connu ce destin tragique et cette fin atroce, parce que son arrestation totalement arbitraire de décembre 1996 n'aurait pas conduit à la fabrication judiciaire de février 1997 le condamnant à de la prison ferme pour des délits virtuels, totalement étrangers aux accusations pour lesquelles on prétendait enquêter.

Son affaire exemplaire pourrait bien servir un jour à illustrer l'injustice de la prétendue procédure "inquisitoire" française, et démontrer l'imposture du soi-disant secret de l'instruction, et à conduire la France à mettre en place un pouvoir judiciaire digne d'un pays civilisé, et non d'une république bananière.

Car, je le dis comme je le pense, et comme je l'ai pensé le jour même où, dans un matin glacial, nous sommes allés le chercher en janvier 1998 à la porte de la prison de la Santé, après avoir réuni un à un les chèques militants de la caution très lourde, la rançon, exigée par la république : c'est la prison qui l'a détruit.

Il n'a pas accepté cette injustice incroyable, scandaleuse, révoltante.

Il est donc une victime de la république bananière, de son injustice et de ses médiats.

Là aussi, j'insiste sur le fait que son incarcération a été précédée, sciemment, d'un tir d'artillerie médiatique, planifié au début de l'hiver 1995 par le gouvernement de M. Juppé, et appliqué en janvier 1996 par l'émission Envoyé Spécial.

M. Bové peut continuer ses provocations dans le monde entier. Ce 31 janvier le Brésil lui aura demandé très courtoisement de passer à l'escale suivante.

M. Bové est une gloire nationale de la France. Les hommes de l'État se font photographier trinquant avec M. Bové.

Sur la tombe de Christian Poucet, il n'y aura aucune fleur de l'appareil d'État.

C'est tout à son honneur. Les hommages étatiques sont empoisonnés et leurs bouquets se fanent très vite.

Qu'il reçoive au moins l'hommage de l'amitié militante et celui du souvenir.

Je lui adresse le mien, je l'adresse à sa famille, et aux camarades.

• JG Malliarakis
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