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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
JEUDI 1er FÉVRIER 2001
ÉVIDENCES ARITHMÉTIQUES
Le poids des fonctionnaires dans le syndicalisme français est devenu déterminant...
Les organisations de fonctionnaires s'étaient très officiellement mobilisées pour la défense des retraites lors des rassemblements du 25 janvier. Non moins officiellement le nombre des manifestants du 25, incluant les organisations supposées représentatives des salariés du privé, et les retraités étaient de l'ordre de 200 000 à 300 000 personnes
La démonstration des diverses organisations de fonctionnaires en activité, le 30 janvier pour la défense et la progression de leur pouvoir d'achat donne des résultats intéressants à comparer. En effet, le cumul des évaluations partielles recueillies de sources policières ou syndicales, donne entre 100 000 et 150 000 personnes ont participé à une soixantaine de cortèges revendicatifs, à l'appel unitaire des 7 fédérations de la Fonction publique (CGT, CFDT, FO, UNSA, FSU, CFTC et CGC).
Le premier enseignement à tirer est doLa moitié des manifestants du 25 janvier, au moins, étaient probablement des fonctionnaires, le quart au moins était composé de retraités. Les 14 millions d'actifs du secteur privé, intermittents du spectacle compris, mobilisent donc probablement deux ou trois fois moins que les 2,5 millions de fonctionnaires de l'État et 3,5 millions d'autres catégories de personnel du secteur public.
À Paris, 35 000 personnes selon les syndicats, 16 500 selon la police, marchaient bien gentiment derrière leurs dirigeants syndicaux qui brandissaient une large banderole clamant "pour nos salaires, pour un service public de qualité".
Aux cris de "Sapin, arrête de sapiner, il faut négocier", les manifestants - personnels de santé, postiers et beaucoup d'enseignants - ont marché pendant près de 3 heures pour demander la réouverture des négociations salariales, qui ont achoppé le 19 janvier sur l'augmentation du pouvoir d'achat pour l'année 2000.
"C'est la première manifestation unitaire des fonctionnaires depuis 1997", relevait Michel Périer (CFDT), à Paris. "Il faut assurer le maintien du pouvoir d'achat pour tous en faisant l'unité", renchérissait Bernard Lhubert (CGT), tandis que Roland Gaillard (FO) sommait le gouvernement "d'être moderne" et "de reprendre les négociations après la grève".
Les cortèges étaient également fournis en province. Le matin, on dénombrait à Marseille 20 000 manifestants de source syndicale (6 000 selon la police), à Rennes et Lyon, respectivement, 8 000 et 7 500 manifestants selon les syndicats, 9 000 à Bordeaux (4 000 de source policière).
L'après-midi, les manifestants étaient 10 000 à Toulouse selon les syndicats (3 000 selon la police), 5 000 à Lille de source policière, et 5 000 à Grenoble (3 500 selon la police). 2 000 personnes selon la police, à 3 000 personnes selon les syndicats, ont également manifesté à Montpellier et à Nîmes.
Le ministère de l'Éducation faisait état à la mi-journée de 43,07 % de grévistes dans le primaire, 37,88 % dans les collèges, 33,71 % dans les lycées généraux, 27,20 % dans les lycées professionnels, de 30,01 % les "ATOS", c'est-à-dire pour le personnel non-enseignant. De son côté, la FSU ce syndicat d'obédience communiste qui est désormais majoritaire chez les enseignants annonçait un taux de grévistes allant de 50 à 70 % dans le secondaire, et atteignant 70 % dans le primaire.
Au ministère des Finances, selon l'évaluation de Force Ouvrière, 40 % des agents étaient en grève soit plus de 75 000 personnes sur 190 000.
Le taux de grévistes dans l'ensemble des collectivités territoriales était estimé à 40 %, d'après la CFDT. Dans un département aussi paisible que le Haut-Rhin on enregistrait 52 % de grévistes au Trésor public et 40 % aux douanes d'après la préfecture.
Selon l'Assistance publique Hôpitaux de Paris, plus de 2 000 agents étaient en grève à Paris sur un total de 20 000 dans 41 établissements, le taux atteignant 70 % dans certains hôpitaux.
À La Poste et à France Télécom les directions faisaient état, chacune, au plan national de 11 % de grévistes.
Interpellé à l'Assemblée nationale, le ministre de la Fonction publique Michel Sapin a estimé qu'il "ne faudrait pas que l'arbre de l'année 2000 cache la forêt des négociations salariales. La culture du gouvernement", a-t-il ajouté, "est celle du dialogue, et c'est à cela que j'appelle chacun". Les syndicats disent attendre que le ministre joigne le geste à la parole et rouvre rapidement les négociations avec de nouvelles propositions.
Cet énorme mécontentement des fonctionnaires à endroit d'un gouvernement de gauche nous semble à peu près aussi clair que le mécontentement des indépendants vis-à-vis de la classe politique dans son ensemble.
Et vous dites que tout va bien ?
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