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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

VENDREDI 2 FÉVRIER 2001

OSONS PROPOSER LA PRIVATISATION DES TRANSPORTS EN COMMUN

Ce 1er février, les transports publics sont une fois de plus en grève. À Paris et dans de nombreuses agglomérations desservies en France parce que l'on appelle des trains exprès régionaux, la vie de millions de gens se trouve polluée. On sait ce que pensent dans leur immense majorité les victimes de cette situation. De plus en plus, on se sent pris en otage. Cette impression est si répandue, que le mot "d'otage", un peu excessif en l'occurrence, vient plus difficilement sous la plume désormais, tant il semble banal. Certains rêveront, c'est évident, d'une sorte de remise en ordre autoritaire, bonapartiste, que sais-je encore pinochetiste...

Si, à l'inverse, on se sent contraint de recourir à l'automobile, ce que personnellement je suis porté à exécrer, on se prend à repenser à toutes les formules alternatives. Au fond, c'est ce qu'ont imaginé, à leur manière, tous les plans un peu utopiques, notamment celui des écologistes de 1995 à Paris. À l'époque l'étiquette verte n'avait pas encore définitivement recouvert une marchandise désormais frelatée.

Dans un cas comme dans l'autre, les deux mirages, l'un qui se veut autoritaire, l'autre qui se veut libertaire, mènent à des impasses.

Qu'observe-t-on actuellement à Paris, en effet ? Nous nous trouvons confrontés à une situation de monopole de l'offre RATP, et aux accaparements parasitaires partiels de ce monopole par les bureaucraties syndicales, et d'abord par la pire de toutes, la CGT. Au sein de la centrale communiste, comme du parti lui-même, d'ailleurs on observe, parmi les derniers représentants des actifs, les gens du ferroviaire comme le secrétaire confédéral Bernard Thibault ou l'omniprésent ministre Gayssot. En 1924, ces gens du ferroviaire ont conquis au gré de la victoire des politiciens du Cartel des gauches une première revanche, inouïe, sur la répression très dure qui les avait frappés au lendemain de la Première Guerre mondiale. Puis, en 1936, les syndicats du ferroviaire ont gagné une victoire dans le cadre du Front populaire, en obtenant la nationalisation totale du chemin de fer, du métropolitain et des autobus. Depuis 1945, la SNCF comme la RATP n'ont cessé de gérer, au nom de l'État, un système où la seule offre concurrentielle en Ville est constituée par l'automobile.

Reste aussi, on en conviendra, la marche à pied. Elle n'est certainement pas absurde pour un Parisien vaillant qui, en marchant bien effectuera un trajet tel que Pereire-Montparnasse en 55 minutes à pied, contre 45 minutes en bus, 35 minutes en métro et 25 minutes en voiture, ceci aux heures ordinaires.

Mais, même rapidement effectuées, ces 25 minutes en voiture, ce sont 25 minutes gâchées à conduire, quand 35 minutes en métro (en dehors des heures de pointe) peuvent être consacrées plus utilement à la lecture, à la prière ou à l'apprentissage d'une langue étrangère... J'ai par ailleurs renoncé pour ma part à la bicyclette, trop dangereuse, et à la trottinette, trop ridicule à 56 ans.

La marche à pied est d'autant meilleure pour la santé qu'elle est méprisée par la sécurité sociale. Mais je reconnais bien volontiers qu'elle ne saurait constituer une réponse générale. Elle ne résout ni le problème des relations inter banlieues, ni celle des migrations quotidiennes bi alternées entre centre d'affaires et périphéries résidentielles.

Il faut donc se résoudre à l'évidence. La seule réponse au problème de la rareté du transport collectif c'est de le mettre véritablement en concurrence, d'envisager la privatisation juridique et le découplage structurel entre la desserte locale de la SNCF, ce qu'on appelle à Paris le transilien et en régions les Trains exprès régionaux, ainsi que celles de diverses lignes du RER, du métropolitain et d'autobus, permettant aussi toute offre nouvelle.

Si nous sommes en présence d'une vraie concurrence, il n'est pas vrai que ces modes de transports deviendraient plus chers. Certes, on peut et on doit souhaiter que disparaissent alors toutes les institutions redistributrices, subventionnantes, éxonératrices, tous les ridicules petits privilèges dont je jouis comme père de famille nombreuse mais que je paye encore plus cher comme contribuable.

Je paierai donc apparemment un peu plus cher le ticket de métro puisque je le payerai à son vrai prix, comprenant mal à quel titre le contribuable gersois ou finistérien, ou simplement l'entrepreneur privé francilien assujetti à un versement transport complètement arbitraire, doive contribuer à mes déplacements et à ceux de mes chers enfants. Je suis même prêt à utiliser deux tickets de couleurs différentes en changeant de ligne. Mais, au total, le métro sera plus propre, plus respirable, plus sûr, plus attractif, plus agréable à prendre, par exemple le soir. Il l'était autrefois, quand un Léon Daudet, député de Paris, prenait lui-même le métro et blaguait à propos du dernier métro, s'adressant à des parlementaires qui, eux aussi, attendaient le dernier métro, et le prenaient tous, de l'extrême droite à l'extrême gauche.

Les députés, les ministres et les technocrates d'aujourd'hui prennent-ils le métro ? Ils s'en gardent bien.

Il me semble donc absurde que les députés, les ministres et les technocrates continuent de légiférer, de réglementer, de subventionner, d'exonérer, de planifier, de rationner, d'étouffer l'offre de transports publics.

Voilà pourquoi je propose sereinement de rendre les gens plus libres, de permettre une offre de transports collectifs plus abondante et de mettre la France, enfin, sur les rails du XXIsiècle.

 

JG Malliarakis

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