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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

      VENDREDI  16  FÉVRIER 2001

AIMER L'AGRICULTURE, TUER LES AGRICULTEURS...

Chaque année à Paris, au salon de l'Agriculture, des centaines de milliers de citadins et des dizaines de politiciens viennent célébrer le culte de la France paysanne. Ce culte est d'autant plus surprenant qu'il contredit à la fois tous les actes concrets des hommes de l'État, toutes les évolutions statistiques, toutes les déclarations ministérielles environnementales, toute la stupéfiante ignorance médiatique et toutes les orientations idéologiques dominantes. Manifestement donc la France adore l'agriculture mais se moque éperdument des hommes et des femmes qui cherchent à vivre dignement de ses métiers.

Ce paradoxe est d'autant plus éclatant qu'au moment où ce salon s'ouvre à Paris, une semaine d'action de la FNSEA vient de se dérouler dans tous les départements pour protester contre l'inaction des pouvoirs publics vis-à-vis du drame que vit, depuis 4 mois, la filière bovine.

Certains pourraient, certes, se féliciter, croyant voir l'État central français ou même le Super-État bruxellois se désengager de l'agriculture. Mais le scénario en cours n'est aucunement celui d'un retrait de ce double étatisme si remarquable dans cette malheureuse interprofession sinistrée, particulièrement dans l'élevage. L'État central français a tout fait pour développer la panique des consommateurs de viande. On a même vu apparaître une campagne de folie autour de la viande de mouton. C'est nouveau çà vient de sortir. Connue depuis des siècles, la tremblante du mouton n'a jamais fait aucune victime ni chez les hommes, ni même chez les loups. Mais l'agence d'État chargée de la sécurité alimentaire tient à nous protéger et ses démentis eux-mêmes affolent encore plus les ménagères.

Ni les consommateurs ni les producteurs ne peuvent plus, en France, avoir confiance en l'État.

Le 15 février le ministre M. Glavany affirmait, devant l'ampleur des manifestations d'éleveurs, s'étonner du "décalage" entre ce qu'il pensait constituer l'accord profond de ses ouailles en réunion, et les protestations de la FNSEA. Pourtant dès le 8 février un communiqué de la FNSEA mettait à jour un désaccord total non seulement vis-à-vis du contenu des procédures d'urgence mais tout simplement à l'égard de la procédure adoptée. Ce jour-là, précisément à 10 heures GMT, les délégations agricoles avaient claqué la porte d'une réunion se tenant à l'Ofival. "Le ministre de l'Agriculture avait présenté la cellule de crise comme lieu de concertation pour trouver des solutions."

Or, déclarait la FNSEA, "cette cellule en réalité est le lieu où l'on constate les ravages des concurrences entre opérateurs et les blocages entretenus par les équarrisseurs." À la FNSEA sont associées les deux principales fédérations professionnelles concernées par la crise bovine, Fédération nationale bovine et Fédération nationale des producteurs de lait.

Ainsi le 15 février, les éleveurs français mesurent encore l'inertie des pouvoirs publics sur les questions essentielles. Ils n'entendent parler que de quelques mesures techniques visant à améliorer la situation du marché de la viande bovine :

La FNSEA constate donc fort légitimement que "pour les éleveurs l'essentiel n'y est pas et les propositions restent dramatiquement insuffisantes." Car le Ministre français de l'agriculture n'a annoncé aucune compensation pour les pertes subies depuis le début de la crise. Et il renvoyait, une nouvelle fois, les décisions au Conseil européen des ministres de l'agriculture des 26 et 27 février.

Si toutes les décisions doivent se prendre au niveau européen, à quoi servent donc ce ministère national et ces quelque 300 organismes administratifs agricoles siégeant à Paris, y compris ces soi-disant agences françaises de sécurité alimentaire. Imposés par l'État aux agriculteurs français, ils servent à faire crever ce qui reste d'exploitants agricoles sous le poids des charges et de la parafiscalité...

JG Malliarakis

© L'Insolent

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