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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES   

LUNDI 19  FÉVRIER 2001

CRISE DE L'ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL

L'ÉTAT SE MOQUE DE L'EMPLOYABILITÉ DES JEUNES

(ci-d: M. Jean-Luc Mélenchon sous-ministre de l'Enseignement professionnel)

Lorsque M. Jospin a fait du sénateur Mélenchon un sous-ministre de l'Enseignement professionnel beaucoup de braves gens ont sans doute éprouvé un sentiment positif. Enfin la république cessait de privilégier le modèle des Normaliens d'hier et des Énarques d'aujourd'hui. Enfin les lycées professionnels allaient cesser d'être les parents pauvres du système éducatif français. Enfin les jeunes allaient apprendre un métier.

Seuls des sectaires et des ultra libéraux pouvaient s'interroger sur la personnalité du nouveau ministre, sur sa connivence avec l'aile la plus extrême de l'intégrisme scolaire laïc et obligatoire et sur ses vues très archaïques, en accord avec celles des syndicats majoritaires de l'enseignement public. Cette nomination correspondait d'ailleurs au remplacement de M. Allègre par M. Lang, c'est-à-dire au renoncement à toute modernisation en profondeur de notre système éducatif.

En réalité la tendance dominante demeure bien l'effondrement des lycées professionnels. Leur audience ne s'est pas redressée. Leur déclin s'est aggravé. À la rentrée 1999, la baisse des effectifs, pour les 4 filières proposées par les lycées professionnels de l'État était de 11 000 lycéens par rapport à la rentrée de 1998. À la rentrée 2000, la baisse des effectifs par rapport à l'année précédente s'est plus que multipliée par 2 pour atteindre une baisse totale de 23 270 élèves : - 9 000 pour la 1ère année du Cycle BEP-CAP en deux ans ; - 8 670 pour la 2e année ; - 4 150 pour l'ancien CAP en 3 ans et - 1 450 pour le bac pro. Au total sur 2 ans, les lycées professionnels ont perdu 34 000 élèves et sont tombés à 692 000.

C'est tout simplement un désastre.

Considérant que "le" CAP demeure le premier diplôme réclamé sur le terrain, la structure des lycées professionnels de l'État et les syndicats d'enseignants "qui vont avec", ont émis récemment le désir de relancer ce diplôme. Une table ronde les a donc tous réunis le 16 février et il en est sorti, évidemment, des propositions bien alléchantes.

Un nouveau projet de réforme, portant sur les 243 Certificats d'aptitude professionnelle existant sur le territoire métropolitain de la France a été évoqué.

Remarquant à peine que les élèves désertent les lycées professionnels au profit de l'apprentissage en entreprise, la table ronde ministère : syndicats propose une série de mesures où on ne trouve toujours pas trace d'une plus grande ouverture à l'entreprise.

Bien évidemment, le premier souci des syndicats d'enseignants est de titulariser, en 4 ans, les 9 343 professeurs précaires recensés dans la filière. On comprend leur préoccupation : comment un système voué à la primauté des fonctionnaires, à l'exécration du CDD ou de l'intérim, proposés par les méchants entrepreneurs, peut-il tolérer en son sein un nombre aussi important de professeurs non titularisés ? Ce mauvais exemple renforce l'impression fâcheuse donnée par l'économie française en général : à la fin du premier semestre 2000, l'intérim représentait l'équivalent de 571 000 emplois à plein temps, soit une augmentation de 22 % par rapport au premier semestre 1999. Or, pendant le second semestre, ce rythme de hausse a continué d'être impressionnant, allant de 18 % dans la construction à 20 % dans l'industrie et même 28 % dans le tertiaire...

Le ministère de l'Éducation nationale étatique cessera donc de donner le "mauvais exemple" aux jeunes. Et le ministre Mélenchon a donc pu annoncer triomphalement : "Nous allons avoir le meilleur taux d'encadrement de tout le second degré". Voilà au moins un sujet de satisfaction.

Autre avancée obtenue par les syndicats : les lycées professionnels ont perdu 5 % de leurs élèves. Mais ils vont recruter 1 100 nouveaux postes.

Une 1/2 heure d'enseignement par semaine va être dévolue "aux disciplines juridiques et civiques." On se doute bien que cet enseignement nouveau ne va pas être consacré à survoler, à raison de 1/2 heure au droit civil ou au droit commercial, etc. Les déclarations de M. Mélenchon ne sont pas ambiguës et elle conduisent à penser que ce nouvel enseignement sera utilement consacré aux méfaits de la discrimination dans l'embauche. Voilà des matières très utiles pour les élèves de l'enseignement professionnel de l'État français. Elles leur seront très profitables en termes d'employabilité...

JG Malliarakis

© L'Insolent

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