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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

  VENDREDI 9  MARS 2001

S'IL EXISTAIT UNE OPPOSITION EN FRANCE

Au moment de voter pour désigner les conseillers généraux, représentant nos cantons, et les conseillers municipaux, supposés administrer nos villes, la première impression qui vient à l'esprit demeure, hélas, le peu de pouvoirs réels dont disposeront ces édiles, et en même temps l'interchangeabilité des programmes.

Pour évoquer le sujet brûlant de Paris, où les impôts locaux sont encore relativement peu élevés, nous avons la quasi certitude que la tendance sera de les multiplier par 2 en 6 ans. Ceci ne viendra pas seulement des très belles fêtes que le prochain maire cherchera à faire donner. Les quelque 40 000 fonctionnaires municipaux verront sûrement arriver aussi quelques centaines de nouveaux collègues, saupoudrés sur une demi-douzaine de métiers virtuels indispensables, intervenants de sécurisation, animateurs gériatriques, aspirateurs culturels, adjoints de proximité et autres agents d'ambiance atmosphérique. Cela créera beaucoup d'emplois et détruira autant de ressources.

Mais l'essentiel du renchérissement des taxes locales parisiennes est d'ores et déjà inscrit dans les doctrines à la mode, d'intercommunalité, de péréquation solidaire urbaine et autres loi Gayssot, rapport Sueur, doctrine Huchon, exception Tasca, politique Jospin, décret Strauss-Kahn, jurisprudence Emmanuelli, antienne Hue, ligne Thibault, arrêté Guigou. Ça change tous les jours. Et plus ça change, plus il faut payer cher, plus il faut que tout un chacun, particulièrement les classes moyennes (les plus riches sont déjà délocalisés) mettent la main à la poche pour aider les plus défavorisés, les plus démunis, les plus faibles, les plus tristes, les plus moches, les plus inadaptés, les plus déprimés, les plus fatigués, les plus geignards, les plus gens du voyage, les plus dépourvus de papiers, les plus réfugiés politiques, les plus jeunes, les plus durs à réveiller le matin.

S'il existait une opposition en France, on la verrait monter au créneau pour crier : halte au sketch, halte au misérabilisme, halte à cette mendicité par procuration. Nous sommes déjà suffisamment sollicités de la sorte dans le métro par de vrais mendiants. À ces professionnels agréés, l'État a beaucoup de toupet d'ôter ainsi le pain de la bouche. Exercice illégal du métier de clochard, messieurs les ministres cela mérite quelques mois de prison, pire encore : d'inéligibilité.

S'il existait une opposition en France, elle oserait dire ce que nous pensons tous

S'il existait une opposition en France, cela ce saurait.

Nous n'entendrions pas seulement proposer l'union autour d'un programme encore plus démoralisant, encore plus étatiste, un nouveau plan Juppé. Nous l'entendrions aussi tous les jours évoquer les réformes qui se développent chez nos voisins, amis et partenaires du monde industriel. Car, tous les jours une nouvelle réforme très importante fait avancer ces excellents pays avec lesquels nous sommes en concurrence.

Un jour c'est la réforme des retraites en Allemagne.

Le 7 mars, c'est la Chambre des représentants des États Unis qui vote, par 230 voix contre 198, un très vaste programme de baisse d'impôts proposé par le gouvernement Bush. On soulignera que, si la totalité des représentants républicains a voté pour, par surcroît, 10 démocrates ont rejoint la dynamique du camp conservateur. Le New York Times (8 mars) regrette par ailleurs que le président Bush ne se contente pas de tenir ses engagements, mais continue, dans l'Amérique profonde, une campagne d'explication de sa politique de décrue fiscale.

Le 8 mars c'est le Sénat italien, à la veille de la dissolution des Chambres qui vote une réforme fédérale destinée à couper l'herbe sous le pied au programme du centre droit, lequel proteste seulement contre l'insuffisance de cette réforme.

Autrement dit un bouillonnement d'idées et de réformes existe, y compris dans de vieux pays où on nous assure que plus rien n'allait bouger. M. Attali nous le prophétisait hier. S'il existait en France, une opposition, elle le ferait savoir.
                                               

• JG Malliarakis
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