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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 15 MARS 2001

LA ROUTE DU CAMEMBERT EST COUPÉE ET LES LOUPS SONT TRÈS INQUIETS

L'apparition de la fièvre aphteuse est certes devenue, en cette deuxième semaine de mars, troisième semaine du Grand Carême, un phénomène mondial. Elle existe déjà en France et en Argentine, et plus seulement chez les Maudits Zainglais d'où nous viennent comme d'habitudes tous les maux de la Terre. Les folies humaines ont donné l'alerte à travers l'univers habité tout entier. Partout on décrète l'embargo sur la viande et le bétail venus l'Étranger. Partout, les réflexes et les institutions du protectionnisme, sous des prétextes sanitaires, se refont une santé.

La France peut sans doute s'enorgueillir d'être le premier pays d'Europe continentale à avoir été touché, le 13 mars, par l'épizootie. Elle a de ce fait aussitôt été placée sous embargo pour toutes ses exportations de bétail vivant.

Prise par les experts vétérinaires européens, cette décision s'accompagne d'un embargo sur les produits à base de viande et de lait non pasteurisé provenant des départements de l'Orne et de la Mayenne.

La route du camembert sera bientôt entièrement coupée.

Depuis cette annonce, la liste des pays prenant des mesures aussi stériles que drastiques pour se prémunir, s'est considérablement allongée.

Les colonies insurgées d'Amérique ont pris une décision radicale. Elles ont suspendu toutes les importations de viande et d'animaux vivants de l'Union européenne ainsi que celle de produits laitiers, s'exposant ainsi aux critiques de la Commission de Bruxelles qui a jugé, non sans bon sens, que les mesures nord-américaines sont disproportionnées.

Mais, à défaut d'être efficaces, les mesures européennes ne sont-elles pas, elles aussi, disproportionnées ?

Avec un total de 231 foyers recensés le 14 mars, dont 26 nouveaux apparus en cette seule journée, l'épizootie ne donne aucun signe de ralentissement. Certains spécialistes cherchent des responsables et ils accusent l'élevage intensif. Ils pourraient accuser aussi les déplacements en automobile et les modes de transports privés.

Or les loups sont très inquiets.

En effet cette épizootie, qui semble se propager inexorablement, demeure, d'après tous les avis raisonnables sans aucun danger pour l'homme. L'homme se refuse à vacciner les pauvres bêtes. Plutôt que de les soigner ou de consommer leur viande il préfère les brûler.

Qu'est-ce à dire ?

La folie des hommes n'est jamais qu'apparente, pense-t-on ordinairement chez les loups. Ce n'est pas le tout de nous avoir, disent-ils, réintroduit dans divers endroits de France. Encore faut-il que nous ayons de quoi nous nourrir.

L'ingratitude des bêtes sauvages est sans limites.

Manifestement les hommes politiques humains, et humanistes, ont grand peur de déplaire aux écolos en chassant les loups. Cela ne les intéresse plus de complaire aux derniers paysans. Les survivants de l'agriculture sont à peine 600 000 exploitants en France. Il n'y en aura bientôt plus.

Les loups font leur compte. Cela va chasser des fermes des dizaines de milliers d'ouvriers agricoles ; cela va mettre en dépôt de bilan des dizaines de milliers d'exploitations et presque tous les élevages de moutons.

Les loups concluent : Nous ne pouvons déjà plus manger de curés. Il n'y en a presque plus et les derniers sont trop maigres. Nous n'aurons plus de moutons, plus de paysans à manger, plus de jolies fermières, plus de petits chaperons rouges. Et on nous interdit de mendier dans le métro. Tout ça c'est un complot.

C'est du moins ce que pensent les loups.

• JG Malliarakis
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