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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

VENDREDI 16 MARS 2001

JG Malliarakis

QUI PEUT COMBLER LA FRACTURE NUMÉRIQUE ?

Les hommes de l'État réduiront-ils la fracture numérique ?

Le cabinet Tactis récidive. Cet organisme spécialisé avait déjà osé publier, en octobre 2000, une carte donnant les 1 000 premières villes à être couvertes par l'ADSL. En ce mois de mars 2001, alors que la campagne municipale bat son plein, Tactis réalise une carte géographique de la couverture potentielle de la population française en ADSL. Cette carte est réalisée à partir de données France Télécom de janvier 2001 Elle souligne l'inégalité dans l'accès à l'ADSL. Comme on peut s'y attendre, les départements de la région parisienne et de la région Rhône-Alpes sont ceux qui s'en tirent le mieux alors même qu'ils disposent déjà du câble et de liaisons spécialisées à bas prix. Parmi les départements les plus mal servis figurent ceux du Massif Central, de l'Est et de la Basse-Normandie.

Or qu'est-ce que l'ADSL ? C'est la technologie qui permet, en concurrence avec le câble, mais également là où le câble n'existe pas, de promouvoir l'Internet à haut débit. Aujourd'hui ne nous leurrons pas : le câble demeure beaucoup moins onéreux. Pour un abonnement au câble, "Noos" offre un forfait de 190 F/mois. À cette somme il faut ajouter la location du modem pour 79 F/mois, et les frais d'installation : 700 F. En comparaison la ligne ADSL de France Télécom "Netissimo" propose un abonnement de 262 F/mois. En sus, la location du modem ADSL revient à 44 F mois. Mais ceci ne comprend pas le service Internet. Au bout du compte l'Internet câblé revient moins de 300 F par mois, sans limitation d'accès, alors que l'Internet ADSL de France Télécom coûte entre 400 et 700 F environ. Mais sur 8 millions de clients potentiels le câble ne dessert que 3 millions de foyers et seulement 122 000 internautes.

Mais dans un cas comme dans l'autre on attendra encore de longues années avant que la couverture intégrale du territoire français soit assurée pour l'Internet à haut débit.

Or, cette couverture représente un différentiel pratique et des économies non négligeables. Le poste télécommunications d'une entreprise travaillant beaucoup avec l'Internet, et pas seulement les fameuses "start up", cela peut représenter jusqu'à 18 % de frais généraux. Et une étude fiable démontre que, désormais, les internautes disposant de connexions de la première génération consomment 30 % de leur temps à charger leurs pages. Cela représente une perte de temps, d'énergie, de substance, et d'argent assez considérable.

Cette fracture est de nature à renforcer considérablement et sérieusement l'écart Paris/Province et l'écart Ville/campagne dans la mesure où Paris, l'Île de France et Rhône-Alpes sont les régions les mieux desservies.

Faut-il compter sur l'opérateur historique France Télécom pour assurer une couverture complète du territoire français et pour calculer ses prix de manière à être concurrentiel ? Apparemment non. M. Bon, président de France Télécom, est certainement un personnage de grande qualité. Mais ce monsieur a été longtemps un pilier de la Société des Lecteurs du Monde : lit-on Le Monde dans les 36 000 communes françaises de moins de 1 000 habitants ?

Il faut saluer l'initiative du Sipperec : le 27 février, ce syndicat intercommunal choisissait un délégataire de service public pour poser 276 km de fibre optique qui traverseront les 80 communes membres du syndicat. Le budget total est assez minime : 191 millions de F. Après quoi, les 600 points de raccordement (un tous les 400 mètres) relieront les multiplexes DSLAM (Digital Subscriber Line Access Multiplexer) déployés dans le cadre du dégroupage, et accéléreront ainsi l'arrivée des technologies DSL sur les communes concernées. Les objectifs attendus du projet sont une concurrence accrue sur le territoire avec l'arrivée de nouveaux opérateurs et donc une diminution des coûts des télécommunications. Ceci permettra, selon M. Jacques Poulet, Président du Sipperec, que les prix envisagés soient 95 % plus bas de ce que les opérateurs auraient eu à payer s'ils devaient poser par eux-mêmes les fibres. Un seul détail : le Sipperec regroupe, certes librement, 80 communes. Elles sont toutes situées en région parisienne.

Faut-il compter sur nos politiques pour réduire la fracture numérique ? Faut-il compter sur l'État central et sa prétendue politique d'aménagement du territoire ? En avez vous beaucoup entendu parler pendant la campagne des municipales et des cantonales ? Était-ce la préoccupation du groupe Zebda ? Est-ce, même, une préoccupation "citoyenne" ?

• JG Malliarakis
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