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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 22 MARS 2001

LE FAIT DU JOUR SELON LA FNMF

Comment faut-il interpréter au juste

le sigle de la FNMF ?

Très laconiquement, le 21 mars, la FNMF, la Fédération Nationale de la Mutualité française, indiquait comme étant "le fait du jour", la "réunion, cet après-midi, du Conseil supérieur de la Mutualité. À l'ordre du jour : l'ordonnance de réforme du Code."

Chacun voit évidemment midi à sa porte, n'évalue le printemps qu'aux hirondelles dans son paysage et n'entend l'angélus qu'à son clocher. Il est toujours émouvant de voir combien, en France, nous faisons semblant de n'être jamais ni chauvin ni xénophobe, surtout pas, mais ne voyons le monde qu'à notre miroir. En ce sens le mouvement mutualiste français demeure bien la quintessence de cet esprit radical socialiste du système hexagonal. La FNMF y rajoute même une pointe de mégalomanie. Cette galaxie (elle est "fédération" professionnelle) de 3 000 entreprises mutualistes, financièrement et juridiquement indépendantes entre elles, est loin d'être la seule représentante du mutualisme en France. Elle se trouve notamment concurrencée par la FMF, Fédération des mutuelles de France. Cette dissidence communiste a adopté un sigle très voisin, selon une tactique stalinienne bien connue. Présidée par le camarade Daniel Le Scornet elle a d'ailleurs réussi à imposer une sorte de ligne politique commune à la FNMF de M. Davant.

Néanmoins cette dernière continue de parler comme si elle était, à elle seule, "la Mutualité française", et comme si elle représentait un organisme social et national unique et monolithique. Au moment du scrutin présidentiel de 1995, on se souviendra qu'elle fit apposer de grandes affiches et diffusa de nombreux prospectus laissant croire qu'elle détenait les clefs de l'Élysée sur le thème "celui qui répondra à ces 8 questions sera président". Pendant les 14 ans de sa présidence, feu Mitterrand n'a jamais laissé passer un Congrès de la FNMF sans y assister et, en 1992, il a même fait du glorieux Teulade le ministre de la sécurité sociale de Beregovoy. C'est à ce moment que M. Davant, succédant à Teulade à la présidence de la FNMF, a sans doute cru que la FNMF était toute puissante dans le pays. Le public est cependant demeuré largement indifférent à ce jeu d'influences qui lui est passé très au-dessus de la tête. Mais, peut-être, l'un des candidats a-t-il cru à ce jeu qui n'était, pourtant, ni constitutionnel, ni même légal, l'article 1er (n° L-111-1) du Code de la mutualité écartant assez clairement la politique de leur objet, théoriquement "non lucratif". Mais le fait qu'un Français sur 2 bénéficie d'une couverture complémentaire de droit mutualiste doit conforter la mégalomanie de M. Davant, comme si le fait qu'un Français sur 2 consomme trop d'alcool ou de tabac ait donné des ailes d'anges à feu Serge Gainsbourg.

La FNMF est cependant un peu hardie de parler de "réunion du Conseil supérieur de la mutualité" le 21 mars 2001. Ce Conseil n'a plus d'existence légale depuis le 1er décembre 2000; À cette échéance le ministre aurait dû renouveler son existence. Le ministre, sans doute trop occupé en Avignon, n'a pas redonné vie à ce Conseil. C'est dommage pour le projet de Code daté du 10 mars 2001. Car selon le texte de la récente Loi d'habilitation, le projet d'ordonnance établissant le nouveau Code devait être soumis audit Conseil. N'importe : un décret paraîtra qui, probablement, rendra inutile cette formalité et se contentera de la consultation molle d'une réunion informelle.

L'enjeu de tout cela c'est la prétendue adaptation des mutuelles françaises à la concurrence européenne. Les mutuelles ont dû faire des concessions sur leurs privilèges fiscaux qui sont considérables. Ce ne seront plus des structures qui seront fiscalement privilégiées mais des produits, eux-mêmes ouverts à la concurrence. Et pour conserver leur position dominante les mutuelles vont se battre pour lier le produit d'assurance complémentaire au mot d'ordre de suppression du tri sélectif : les assureurs cherchent tous à écarter les mauvais risques, les privés le font ouvertement, les mutuelles syndicales le font sournoisement, et à l'abri de la subvention.

La nouvelle campagne lancée par la FMF a pour thème "Tri sélectif ? Oui, mais pas pour la santé." Cette campagne a, comme la FMF le souligne, "bien peu à voir avec une opération de publicité et beaucoup avec un débat d'opinion." À ce débat, elle a invité le président de la Fédération de sociétés d'assurances, M. Denis Kessler, lequel a réagi en s'adressant directement au président de la FMF, le camarade Le Scornet. De cette confrontation épistolaire, il ressort au fond que la FMF donne le "la" d'une partition dont la FNMF n'encaisse que les retombées commerciales. Aux uns, les rentes de situation, aux autres le monopole des idées…

• JG Malliarakis
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