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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MERCREDI 4 AVRIL 2001

LA NATURE VÉRITABLE DU 3 TOUR SOCIAL

La vraie nature de l'agitation sociale récente ne doit pas échapper à la sagacité de nos lecteurs. Au-delà de certaines angoisses, d'autant plus compréhensibles que tout le monde s'ingénie à présenter les fermetures d'usines comme des catastrophes, mais peu fondées dans un contexte général de reprise des embauches et de diminution rapide du taux de chômage, cette agitation n'est pas d'origine proprement sociale. Elle est le fruit d'une volonté politique parfaitement identifiable et dont le signal a été donné les 20 et 22 mars par le quotidien L'Humanité, relayé depuis le 23 mars par le grand journal de désinformation parisienne Le Monde.

En fait, il s'agit d'effacer par une agitation systématique, et en trompe l'œil, le désaveu infligé dans les urnes les 11 et 18 mars au gouvernement socialo-communiste, et plus particulièrement la déroute subie par la composante stalinienne de la coalition gouvernementale. Au PC, et le fait n'a pas de précédent depuis la création du parti communiste en France en 1920, la direction du parti était présentée comme responsable du désastre et de nombreuses voix se sont élevées pour demander le départ du secrétaire général la camarade Robert Hue. Il était donc nécessaire de donner un coup d'arrêt à des outrages. Cela s'est immédiatement traduit par une tentative de développement de l'agitation, qui a largement échoué le 26 mars dans les transports en commune de 17 grandes villes de Province et qui prend de l'ampleur depuis le 29 mars à la SNCF.

Concomitamment une occasion de fustiger les vilaines compagnies multinationales a été fournie par le groupe Danone et par les perfides Anglais de Marks and Spencer. Très vite, d'ailleurs l'attention plus spécifique des communistes s'est portée sur le groupe Danone. Cet acteur majeur de l'industrie alimentaire est en effet le n° 1 mondial des produits laitiers frais, le n° 1 mondial des biscuits sucrés, n° 2 mondial des eaux en bouteilles. Ses marques phares sont les produits laitiers Danone, les biscuits Lu, les eaux d'Évian, mais aussi les marques Galbani, La Serenisima, Blédina (produits frais) Volvic, Ferrarelle, Aqua villa del Sur (eaux en bouteille) Heudebert, Opavia, Bagley, Britannia (biscuits) Amoy (conserves), etc. Particularité de cette multinationale : elle est française. Autre caractéristique : les dirigeants de l'entreprise sont très souvent affiché des idées avancées, voire de gauche, et on y a toujours beaucoup aimé la CFDT. La gauche caviar nage dans le yaourt.

C'est donc la cible rêvée pour la CGT.

Bien entendu ce ne sont les cégétistes ni les staliniens trop notoires qui montent les premiers au créneau pour lancer le mot d'ordre stupide de boycott des yaourts Danone. À titre expérimental on a laissé ce travail au mouvement Attac et à son secrétaire général le camarade Tartakowski. Mais très rapidement, et sans craindre le ridicule, le président du groupe parlementaire communiste Bocquet a annoncé à la face du monde qu'il renonçait à la consommation de son yaourt matinal auquel il avait pris l'habitude de sacrifier depuis 15 ans. Pour que les jours du camarade Bocquet ne soient pas en danger signalons-lui qu'il existe de nombreux concurrents dans la fabrication du yoghourt balkanique et que l'on peut même en préparer soi-même avec du bon lait de brebis fourni par les amis de M. Bové. Attention : cependant un produit babacool soixante huitard sent souvent très mauvais. Les meilleurs yaourts du monde se consomment incontestablement, d'ailleurs, au Mac Donald's de la place Syndgama à Athènes.

L'Humanité (4 avril) donne de très intéressantes précision à la fois sur le mouvement anti-Danone en particulier et en général sur le prétendu 3 tour social. En particulier, faisant semblent d'enquêter sur les motivations populaires de l'électorat des 8 tours de la cité des Navigateurs à Choisy-le-Roi, où l'on a voté le 11 mars à 69 % pour la liste gauche plurielle dirigée par les communistes (un échantillon bien représentatif du peuple français comme on voit) il est clairement dit que le désaveu pour les politiques même de gauche, vient de ce qu'ils ne sont pas assez à gauche. Certains en arrivent, constate même L'Humanité, à "voter Arlette". Et le journal "les comprend"… Quelle audace dans l'ouverture aux trotzkystes ! Ah oui l'Huma a bien changé depuis qu'elle n'a plus ni lecteurs ni bailleurs de fonds…

Mais l'éditorial de Pierre Laurent va encore plus loin : on y découvre que l'enjeu du mouvement c'est de savoir jusqu'où les dirigeants politiques sont capables d'intervenir. On doit produire des yaourts et des biscuits non pour satisfaire le consommateur, mais pour employer du personnel.

JG Malliarakis

© L'Insolent

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