Revenir à la page d'accueil ... Accéder à nos archives ... Utiliser le Moteur de recherche
COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MARDI 24 AVRIL 2001
RENDRE À ROBERT CE QUI EST À ROBERT
La Manifestation de Calais du 21 avril : sous le signe du Drapeau Rouge
Mal informé ou mal intentionné, ou les deux à la fois comme à son habitude le journal de la pensée unique française, le quotidien Le Monde (dans son édition datée du 24 avril), titre assez étrangement sa misérable recension de la manifestation de Calais du 21 avril : "À Calais, Robert Hue fait sienne la mobilisation des Lu".
Vieille et sournoise institution remontant à la guerre froide, le quotidien Le Monde s'exprime dans une langue qu'il est, le plus souvent, nécessaire de décoder. Ses (rares) critiques à l'endroit des appareils staliniens et cégétistes correspondent, depuis toujours, à de sourdes polémiques internes. Et, ici la question que se posent les rédacteurs du Monde est probablement celle de savoir qui "rénovera" la CGT et le parti. De ce point de vue, on pourrait se demander en effet, éventuellement, si une manifestation telle que celle de Calais le 21 avril est à mettre au crédit de l'actuel secrétaire général ou de tendances divergentes.
Manque de chance : ce sont bien les plus suivistes des partisans de Robert Hue, et le nain de jardin lui-même en personne, qui ont mis sur pied la manif de "soutien" aux ouvriers victimes de l'affreux employeur Danone, et qui cependant voudraient continuer à se faire odieusement exploiter par cet ennemi du peuple À Calais il y avait bien l'inoxydable Gremetz représentant caricatural de cette tendance du PCF qui trouve Hue trop moderne et qui refuse de devenir à l'automne le "nouveau" parti communiste. Il y avait aussi bien les nouveaux amis du PCF que sont M. Krivine et Mme Laguillier, il y avait bien naturellement le mouvement Attac, il y avait une poignée de militants socialistes locaux et une pincée de Verts mais il y avait surtout les drapeaux du PCF, les banderoles de la CGT, le ministre du Tourisme Demessine (Michelle) PCF, le maire PCF de Calais Hénin (Jacky), le président du groupe PCF de l'Assemblée nationale Bocquet, le secrétaire de la fédération du Pas-de-Calais du PCF, Danglot (Jean-Claude), la présidente du groupe sénatorial PCF Mme Luc (Hélène). Et c'est Robert, et c'est personne d'autre, qui a donné le la au moment d'entonner l'Internationale.
Où était le syndical dans tout cela ? Où était le social ? Où étaient même les ouvriers ? Certainement pas aux commandes de l'appareil.
Toute cette campagne est politique depuis le début, depuis le soir des élections du 18 mars, depuis la défaite piteuse de Gayssot à Béziers et la mise au rancart de bastions du PCF et son crétinisme municipal (l'expression est de Lénine) remontant parfois à 1930.
On a imaginé pour maintenir l'influence du PCF au sein du gouvernement, et pour maintenir Hue contre vents contraires et marées basses à la tête du parti, un soi-disant "troisième tour social". On reportera aux livraisons de l'Humanité des 20 et 22 mars (édito de Charles Sylvestre).
C'est ce qui explique cette mobilisation entièrement artificielle au sein au parti communiste autour de Danone avec plus 15 articles mettant en cause le groupe Danone dans l'Huma entre le 14 et le 21 avril, sous prétexte de soutenir la biscuiterie Lu de Calais et ses 250 employés. Il fallait que tous les fonds de tiroir soient raclés, convoyés à pied, à cheval et en voiture à Calais. Libé (23 avril) indique complaisamment que ce fut la plus grande manifestation dans l'Histoire de Calais (20 000 habitants).
En fait, 14 000 personnes seulement sont venues, de toute la France. On pourrait en rire.
Cela va pourtant renforcer au sein du gouvernement les velléités de rendre encore plus rigide la législation sociale française en pénalisant encore plus les entreprises qui se trouvent contraintes de licencier par la réalité de l'économie.
Cela va accroître le risque de voir mettre en application la redoutable "Loi Hue". Cette proposition de loi N°605 a été votée en 2e lecture à l'Assemblée nationale le 21 décembre 2000. Elle pourrait paraître anodine, et même salutaire dans son principe.
Qui ne souhaite, en effet, un "contrôle des fonds publics accordés aux entreprises", objet théorique de la loi ? En réalité ce que l'on appelle ici fond public cela peut être n'importe quel dégrèvement de charges, n'importe quel allégement fiscal, n'importe quel concours européen. Dans la pratique aucune entreprise n'échapperait à cette commission nationale d'enquête dont le secrétariat sera confié (article 7 de la loi) au Commissariat général au plan.
Le poids redoutable de l'idéologie et celui de la démagogie ne sauraient donc être sous-estimés. L'idéologie et la démagogie plombent sérieusement l'économie et la société françaises.
Revenir à la page d'accueil ... Accéder à nos archives ... Utiliser le Moteur de recherche
Vous pouvez aider l'Insolent ! : en faisant connaître notre site à vos amis en souscrivant un abonnement payant