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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
VENDREDI 27 AVRIL 2001
QUAND LA COMMISSION EUROPÉENNE DEMANDE À LA FRANCE DE RÉDUIRE VRAIMENT SES DÉFICITS
À l'occasion de la publication de ses recommandations sur les grandes orientations de politique économique pour 2001 le 25 avril, la Commission européenne a une nouvelle fois demandé à la France de lutter en priorité contre le déficit public.
La Commission européenne estime qu'en France, "l'activité économique devrait rester soutenue" en 2001 et 2002, ajoutant : "pendant ces deux années, la croissance vigoureuse amorcée il y a trois ans continuera de reposer essentiellement sur la demande intérieure. La croissance, assure-t-elle, continuera d'être riche en emplois, permettant ainsi au taux de chômage de poursuivre son déclin rapide".
Selon l'organe exécutif de l'Union Européenne, "le contexte macroéconomique offre une occasion de corriger plus rapidement le déficit public, ce qui serait particulièrement souhaitable dans la perspective des défis budgétaires futurs liés notamment au vieillissement de la population".
Dans ses prévisions économiques publiées simultanément, la Commission européenne table sur une croissance de +2,9 % en France en 2001 (pour une moyenne de 2,8 % dans la zone euro), avant une légère décélération en 2002 à +2,8 %.
Tout cela nous semble bien optimiste en général et particulièrement pour la France. Cet optimisme est contraire à d'autres analyses qui nous semblent plus proches de la réalité, où la croissance française paraît, au contraire, au-dessous de la moyenne européenne.
Bien que les performances de la France soient actuellement convenables en matière d'inflation, le niveau de ses déficits publics reste nettement supérieur à la moyenne européenne. La France affiche ainsi un déficit officiel de ses finances publiques de 0,6 % du PIB en 2001, et la situation devrait encore se détériorer en 2002 avec un déficit prévu de 0,8 % du PIB.
Actuellement, 5 des 12 pays de la zone euro affichent un déficit en 2001 : l'Allemagne, la France, l'Italie, l'Autriche, et le Portugal.
7 pays européens sur les 12 membres de la Zone Euro (englobant même la Grèce) ont donc supprimé leurs déficits. Certains pays, comme l'Espagne, en arrivent à la notion qu'un budget en déficit est anticonstitutionnel. Mais l'importance des 3 premiers rend problématique la discipline monétaire en Europe et obère fâcheusement les perspectives de l'Euro.
Or la France est le pays dont le déficit est à la fois le plus rigide, le plus lourd et le moins explicable : L'Allemagne continue à payer le poids de l'unification sur les bases très généreuses voulues par Helmut Kohl et l'Italie inscrit l'intégralité de sa prévoyance sociale dans le cadre budgétaire. La France au contraire triche largement avec les dettes du système de retraites et avec les comptes de la sécurité sociale.
L'Europe exige désormais que la politique budgétaire de la France tende à un strict respect de ses promesses faites dans le cadre du programme de stabilité.
Il lui faut "ramener le déficit public à 1 % du PIB en 2001 (en excluant les recettes des licences UMTS)" en veillant "à ce que l'accroissement des dépenses publiques réelles en 2001 ne dépasse pas l'objectif de 1,8 %".
Ceci nous amène à considérer que l'année à venir, où l'application de ce genre de prescriptions sera rendue très difficile par la conjoncture électorale et par une campagne anti-européenne systématique et démagogique, verra se poser à nouveau le problème des prélèvements obligatoires de la France.
Les prélèvements obligatoires de la France sont les plus élevés de l'Europe des quinze et particulièrement de la Zone Euro (la Suède et le Danemark, hors euro sont des cas à part).
Ce niveau de prélèvements est lié à une très forte dépense publique, à laquelle contribue la classe politique. Il constitue la vraie raison de la lenteur avec laquelle France a réduit ses déficits depuis 1993, sous les gouvernements successifs de MM. Balladur, Juppé et Jospin.
Nous en retirons ainsi le sentiment donc que le véritable enjeu du débat présidentiel pour 2002 sera beaucoup moins entre la gauche et la droite qu'entre plus ou moins de prélèvements, plus ou moins d'étatisme.
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